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L’esprit de contre-réforme
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L’esprit de contre-réforme
Serait-ce un vent d’anti-réformisme qui souffle dans les rangs du gouvernement ? Avec le premier budget présenté par l’Alliance de l’avenir, il y a un fort sentiment de rejet du réformisme. Même s’il est vrai, comme le soulignent de nombreux observateurs, qu’on reste dans une logique de continuité, il n’en demeure pas moins qu’on n’est ni devant une rupture avec le réformisme de Sithanen ni devant un saut paradigmatique qui aurait ouvert de nouvelles avenues de développement. Au contraire, l’impression est forte que le gouvernement s’engage dans une voie dont les motivations semblent surannées.
Il en est ainsi de la volonté de réduire les pouvoirs de la «Public Service Commission». Dans un monde où les instances de contrôle se multiplient à tous les niveaux de l’Etat et du secteur concurrentiel, la république mauricienne semble faire le choix d’opérer par reculades.
Des principes démocratiques sont mis à mal alors que la transparence, déjà très floue, avance dans un univers rendu encore plus opaque. Le contre-réformisme de l’actuel gouvernement tranche singulièrement avec le précédent qui, il ne faut pas l’oublier, se signalait par une volonté de modernisation de la société mauricienne.
Désormais, réapparaît un Etat tutélaire, et non-facilitateur, qui exprime ouvertement ses velléités interventionnistes. C’est toute une conception de l’Etat qui se met, en fait, en scène. Une doctrine rampante s’installe dans la manière de gérer les affaires. Certains appellent cela l’Etat-travailliste.
D’autres, une vision archaïque des choses. Dans le fond, on se retrouve avec un gouvernement dont les dirigeants ont hâte de montrer leur puissance.
Déjà, il y a quelques indications nettes avec des piques lancées par le Premier ministre depuis sa prise de fonction, dont celle lancée lors de la conférence du docteur Covey récemment. Lorsqu’on ne souffre plus la critique, même la plus constructive, c’est qu’on s’isole dans le seul sentiment qu’offre sa toute puissance. Mais il n’est pas question ici d’un style de leadership quoi que ce soit aussi un indicateur non négligeable. C’est plutôt une affaire de vision et de conception qu’on a d’une société.
L’île Maurice s’est engagée, depuis quelques années, dans un effort soutenu pour garantir la transparence et l’équité. Du moins, était-ce l’objectif affiché. Ici et là, les dirigeants politiques donnaient l’impression de vouloir dialoguer pour faire avancer les choses. Désormais, il y a une certaine rigidité au niveau du pouvoir qui laisse peu d’espoir pour une plus grande inscription de la société mauricienne dans la modernité.
Tout pouvoir moderne sait que c’est le réformisme, seul, qui garantit la vitalité d’une société. Autrement s’installent l’immobilisme et le statu quo. On ne peut croire que le gouvernement fasse, aujourd’hui, ce choix. Ce serait en contradiction avec tout ce que le Parti travailliste se targuait d’avoir réalisé entre 2005-2010. Que l’Etat commence à vouloir étaler ses mains tentaculaires dans des institutions indépendantes n’est certainement pas signe d’une saillie démocratique.
Lorsqu’on commence à s’identifier au pouvoir et qu’on croit en être la représentation, c’est que, quelque part, on s’éloigne de la réalité.
Lorsqu’on s’assimile au pouvoir sur une base de légitimité ethnique, c’est qu’on précipite la chute de l’Etat dans la médiocrité. Dans les cas de figure, ce n’est pas une bonne chose pour la société mauricienne.
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