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Maurice : Quo Vadis ?
Ce samedi, Maurice se réveillera sur le fondement solide de ses 43 années d’existence. Car, voilà quarantetrois ans de cela, Maurice, notre île et terre bien aimée coupa la corde ombilicale physique qui faisait d’elle jusque-là, une colonie de la Grande-Bretagne. Ce jour-là, les Mauriciennes et Mauriciens respiraient l’air libre d’un Etat naissant. D’aucuns avaient mis une croix sur la viabilité de cette terre d’évoluer comme un Etat indépendant. Le fait demeure que Maurice, décrit comme l’Etoile et la Clef de l’océan Indien, se joignît au concert des Etats libres, lire indépendants politiquement, ce 12 mars 1968.
Les douleurs postnatales allaient se faire sentir d’une façon généralisée, enveloppant le pays dans une incertitude palpable. Les politiciens qui avaient milité pour l’indépendance du pays, comme ceux qui étaient contre et qui avaient brandi le spectre d’une hégémonie communautaire et instauré un climat de frayeur parmi une certaine section de la population, étaient toujours de service dans cette île Maurice bébé. Et ils allaient sévir pendant de longues années encore.
D’autre part, le climat social et économique était propice à l’émergence d’autres figures emblématiques dans la sphère politique. Et elles allaient marquer l’esprit de notre jeune société d’une façon indélébile.
Malheureusement, en même temps, Maurice allait se vider d’un nombre non négligeable de sa population, dont la qualité aurait sûrement aidé à construire la nation de notre aspiration. Cette frayeur d’hégémonie fictive et l’état économique du pays encouragèrent l’émigration, qui devint d’ailleurs une politique du gouvernement issu de la coalition Ramgoolam-Duval pères !
Toutefois, que de progrès enregistrés depuis lors dans le pays. Maurice a su, pendant les quatre décennies de son existence, faire preuve d’imagination constructive devant les revers économiques mondiaux et d’une façon générale garder la tête au-dessus de l’eau. Il n’est nullement question ici de battre nos tambours, mais plutôt de reconnaître la capacité du Mauricien, d’une façon collective, de «manz ar li» et nonobstant les difficultés profondes du moment, de pouvoir rebondir vers le progrès.
Regrettablement, le sort du Mauricien moyen est, ces jours-ci, précaire. Mais ce qui est vraiment dommage et ce qui devrait nous interpeller tous en cette veille d’anniversaire de notre indépendance, c’est que quarante-trois ans après, nous
n’avons pas su et pu créer une vraie nation mauricienne dans le sens très profond du mot. L’objectif de «as one people, as one nation», notion si bien en évidence dans notre hymne national, est loin d’être atteint. L’effort vers cet objectif n’a été qu’éphémère, très même. En 1982, nous étions à quelque pas presque de cette merveilleuse aventure.
Une aventure qui consistait à nous mettre en ligne droite vers l’émergence de cette nation, qu’aujourd’hui encore nous ne faisons que gargariser dans des discours creux ! C’est vrai qu’aux yeux des étrangers qui visitent notre île, le temps d’une conférence, d’un voyage d’affaires ou en touristes, nous donnons l’impression d’être un peuple qui vit en parfaite harmonie,(l’accent étant sur «parfaite») quelle que soit notre origine ancestrale, religieuse ou culturelle.
Or, force est de constater que nous vivons mal cette diversité qui, pourtant devrait enrichir notre nation. Nous continuons à cultiver des préjugés d’ordre communautariste. Et cela s’empire avec la tolérance par les autorités, si ce n’est quasiment le soutien, de certains groupes s’autoproclamant «socioculturels» ! Autant nous avons accompli des progrès matériels et enregistré des succès sur le plan économique, autant nous avons reculé en mentalité citoyenne.
Oui, nous sommes des Mauriciennes et des Mauriciens, mais pouvons-nous prétendre à être des citoyens d’une nation ?
 
 
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