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Médecins sans manière
Voilà des années qu’on déplore l’attitude des médecins de nos hôpitaux vis-à-vis des malades qui sont en général considérés comme des moins que rien. Voilà des années qu’on déplore l’attitude des malades envers les médecins et le personnel soignant en général. Une attitude empreinte d’une violence telle qu’il a fallu placer des policiers – remplacé depuis par des compagnies de sécurité privées – dans tous nos hôpitaux pour assurer la protection des médecins en particulier.
Ce phénomène a malheureusement buté contre une spécificité bien mauricienne. Les critiques contre l’attitude des médecins par l’opposition – souvent des ex-membres d’un ex-gouvernement ou d’un gouvernement à venir –ou encore par la presse, n’ont jamais été suivies par une analyse en profondeur de ce problème et la recherche d’une solution.
Comment expliquer cette attitude cavalière, arrogante et souvent désinvolte, irrespectueux et irresponsable de la plupart des médecins des hôpitaux envers leurs patients ? Comment expliquer cette violence verbale et physique des malades ou des leurs parents envers nos médecins.
Si les super CEO du ministère de la Santé et leurs non moins super conseillers n’ont pas les moyens de réfléchir à cette question, ils ont quand même les moyens de se tourner vers ce qui se fait dans ce domaine à l’étranger.
Voilà des années depuis que Harvard a introduit son célèbre « New pathways in general medical education » (Nouvelles voies dans l’enseignement de la médecine générale), concept qui a dépuis été adopté par nombre d’universités à travers le monde. Il va sans dire que ces nouvelles voies sont inconnues dans les pays de l’Est et en Chine, deux pays de prédilection des Mauriciens qui cherchent à se faire médecin facilement et à bas prix.
Ces nouvelles voies sont vastes et trop longues pour être analysées ici. Mais on retient quand même qu’elles forment les étudiants en médecine à développer des aptitudes de communication avec les patients, à être très attentifs à la dignité des malades et de leurs collègues, à intérioriser le fait que la médecine concerne des êtres humains.
Ceux qui ont ébauché ces nouvelles voies et ceux qui ont analysé les résultats de leur mise en pratique par les médecins ainsi formés et la réaction des patients face à ces nouveaux types de médecins arrivent à une même conclusion.
Les malades se tournent toujours vers ces nouveaux médecinsformés pour être plus attentionnés, même si ceux-ci sont moins compétents que leurs collègues qui ne sont pas attentionnés.
Les « New pathways in general medical education » poussent aussi les étudiants en medicine à intérioriser le fait que les etudes médicales doivent se poursuivre toute la vie durant. C’est le fameux « life long process of medical education ».
Le Medical and Dental Council de Maurice rendra bientôt obligatoire le recyclage et la poursuite des études continues de tous le médecins mauriciens. Ce sera là une des conditions du renouvellement de leur permis d’opérer comme médecin à Maurice.
Il serait bon que des formations d’au moins une semaine soient dispensés en termes d’attitude envers les patients à nos médecins.
Parallèlement à cette formation calquée s’il le faut sur le concept de Harvard, il faudrait également une campagne du ministère de la Santé à l’égard des Mauriciens en ce qui concerne leur attitude envers médecins et personnel soignant de nos hôpitaux et dispensaires.
Toutes les études psychologiques menées jusqu’ici ont démontré que les personnes accompagnant un malade ou blessé à l’hôpital deviennent très émotives. Ces accompagnateurs sont émotifs quand ils se sentent responsable d'un malade ou d'une personne qui souffre ou qui est en danger de mort. Ce sentiment surgit chez des individus qui accompagnent à l’hôpital un étranger, blessé ou malade, qu’ils ont ramassé dans la rue.
Tout manquement du personnel, ou toute perception de manquement ou d'incompétence du personnel médical envers le malade ou le blessé donne alors lieu à des agressions verbales et souvent physiques.
Il ne faut donc pas être un génie pour monter des formations à l’intention de nos médecins et une sensibilisation des Mauriciens pour changer leur perception.
Reste à savoir si le ministre de la Santé a la motivation politique pour le changement, changement nécessaire s’il veut éviter des sanctions de son électorat.
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