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Notre knowledge hub

22 septembre 2013, 05:21

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Le ministre de l’Enseignement supérieur, l’Honorable Docteur Rajesh Jeetah PhD, a tout à fait raison de vouloir faire de Maurice le centre névralgique du savoir dans la région.

 

Knowledge hub !

 

Notre plus important centre de savoir, notre université nationale, après bientôt cinquante ans d’existence, vient d’obtenir son tout premier brevet industriel. Cela à travers l’Andi Centre of Excellence for Biomedical and Biomaterials Research. A partir d’une base dont nous sommes loin d’être privés, le C12H22O11, soit le saccharose, en l’occurrence le sucre de notre thé et de notre café, des chercheurs mauriciens ont mis au point un procédé de polymérisation permettant de produire une molecule utile pour certaines thérapies. Elle est en effet capable de porter un medicament toxique à un point précis, entre autres pour le traitement de cancers, sans affecter le reste de l’organisme.

 

Désormais, ce qu’on attend, c’est que l’industrie, notamment pharmaceutique, s’intéresse à cette micelle à échelle nanométrique, ce qui permettrait au laboratoire et à ses chercheurs d’être aussi rémunérés pour leur découverte, de financer d’autres recherches. A ce niveau, ce qui peut paraître un peu attristant, c’est que l’Université de Maurice n’ait pas disposé des finances requises pour déposer une demande de brevet auprès du bureau international de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, au titre du Patent Cooperation Treaty (PCT). Soit déjà une préalable facilité auprès des 142 pays signataires du PCT. Parce que cela aurait coûté à peu près Rs 210 000. La demande de brevet s’est contentée d’une validation en Afrique du Sud, pour une somme que notre knowledge hub était en mesure de mobiliser, environ Rs 45 000.

 

Il faudrait se demander combien coûte le déplacement en Suisse ou aux Etats- Unis, disons, d’un directeur de société pharmaceutique, pour un congrès où il ne prononcera pas un mot. Presque de quoi financer, au moins, la difference de coût entre le brevet sud-africain et la brevetabilité PCT. Comme quoi ça coûte aussi de créer un knowledge hub, comme quoi il ne suffit pas pour cela de se rendre dans un pays ou l’autre et d’y proposer des partenariats au tout venant. Le SSR Medical College de Belle-Rive a prouvé qu’une réelle volonté de réussite, partagée par des partenaires académiques indiens et mauriciens, arrivait finalement à afficher des résultats des plus respectables. Des médecins ont été formés, ils servent la communauté et ne sont pas, a priori, moins compétents que leurs confrères venant de centres plus réputés. Nos relations privilégiées avec l’Inde devraient nous permettre de reproduire le modèle du SSR Medical College dans d’autres disciplines. Cela pourrait se faire en partenariat avec, disons, le Tata Institute of Fundamental Research, un Indian Institute of Technology ou un Indian Institute of Management. Quelques exemples d’un possible choix exercé avec discernement.

 

L’extraordinaire story teller Chetan Bhagat fait vivre devant nos yeux, dans son roman Revolution 2020, certains aspects du commerce et de l’industrie de l’éducation en Inde. Le lecteur est pris à témoin de la rude compétition pour être admis en médecine ou dans une école d’ingénieurs mais aussi de la corruption et du système de complaisance qui permettent à des établissement peu regardants d’exploiter la quête de connaissance - et surtout de diplômes - d’un nombre important d’étudiants. Bien évidemment, ce n’est qu’un roman, certains traits ne peuvent manquer d’avoir été forcés. Mais quand on voit les misères qu’on fait endurer, sur le sol mauricien, à d’innocents jeunes gens du sous-continent indien, on se dit que le rapport trouble entre businessmen éducatifs et politiciens vénaux n’est peut-être pas si exagéré que cela.

 

Avant d’être knowledge hub, il y a quelques petites choses qu’il s’agit de bien savoir.