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Oser le hub financier

7 juillet 2010, 08:40

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L’idée fait l’unanimité. Il faut que Maurice devienne le hub financier entre l’Asie qui dispose des financements et l’Afrique qui sera le terrain des grands projets et dons des grands investissements de ce siècle. La finances offshore du pays a déjà fait ses preuves. Maurice n’assure-t-elle pas quelque 43% des investissements directs étrangers en Inde ? Mais justement le secteur est trop dépendant du fameux traité de non double imposition avec le sous-continent. Et le développement de la finance mauricienne passe par la diversification des marchés, une amélioration de la réglementation et la mise en place de nouveaux outils.

Si la place financière de Port-Louis, veut franchir une nouvelle étape, elle se doit d’attirer des investisseurs provenant de nouveaux horizons. Mais pour cela, elle se doit d’être exemplaire en matière de réglementation et au minimum se hisser au niveau des standards internationaux. Or les textes de la
Stock Exchange of Mauritius (SEM) et de la Financial Services Commission (FSC) restent encore trop flous sur beaucoup de points. Par exemple sur les franchissements de seuils. Il y a quelques semaines un bloc d’actions représentant 22% du capital d’une société cotée sur le marché officiel a changé de mains sans que les autorités ne bronchent. Puis cette même société a fait l’objet d’une offre publique d’achat (OPA) à Rs 20 l’action alors que la transaction précédente s’était faite à Rs 9,50. Mieux, l’annonce de l’OPA a été faite le matin sans cours et le prix auquel l’OPA a été lancée n’a été communiqué qu’après la clôture du jour. Là encore personne n’a sourcillé.

Sur une bourse comme Londres ou New York, l’affaire aura provoqué un véritable tollé. Le marché financier mauricien reste en outre trop étroit et pêche souvent par son manque de liquidité sauf sur les sept valeurs qui composent l’indice SEM 7 et encore. Une animation du marché par de véritable market makers constituerait un plus. Ces teneurs de marchés garantiraient la liquidité du marché en proposant un cours acheteur et un cours vendeurs sur toutes les valeurs cotées. Par ailleurs, les gestionnaires de fonds, qui gardent une part importante de produits de taux dans leurs portefeuilles, aimeraient bien avoir un marché secondaire des valeurs du Trésor mauricien qui font régulièrement l’objet d’adjudication. Or on ne leur propose que des échanges squelettiques sur une seule ligne d’emprunt d’Etat. Les produits dérivés comme les contrats à terme et les contrats d’options font aussi cruellement défaut. Pourtant ces instruments de couverture sont l’apanage de toute place financière moderne. La SEM a bien dans ses cartons un contrat à terme sur l’indice SEM 7 mais son lancement est régulièrement repoussé du fait de la frilosité des banques à assurer les fonctions de market maker sur ce type de produit. Pour les même raison, le lancement des contrats à terme sur devises et matières premières du groupe GBOT a été régulièrement repoussé. Les premières transactions sont maintenant prévues pour septembre.

A Maurice, il n’y a pas à proprement parler de marché de l’or. On peut acheter des barres, des pièces ou des grains par exemple auprès de la banque centrale mais on ne peut pas les revendre faute de marché secondaire. Un investisseur qui souhaite revendre son or est obligé de passer par un bijoutier. On est loin d’Abu Dhabi où un palace a inauguré au début de cette année un distributeur automatique de lingots d’or. Dans la perspective du projet «Maurice île hors-taxe» cher au ministre des Finances Pravind Jugnauth, un véritable marché du diamant serait aussi le bienvenu. Sur l’or, le platine ou les diamants, la proximité avec l’Afrique du Sud constituerait certainement un atout. Mais pour créer un véritable hub financier il faut avant tout oser.

Pierrick Pedel