Publicité
Panne sèche d’idées
Les autorités ont repris en choeur leur litanie des lamentations. La situation de l’eau est précaire, répètent-elles inlassablement. Leur discours ne change pas : les réservoirs se vident, la crise est proche, c’est l’hiver le plus sec depuis des décennies, les restrictions d’eau seront plus contraignantes, etc. Cette semaine, des décideurs publics ont choisi d’agiter l’épouvantail d’une sécheresse aiguë, comme ils le font chaque année à pareille époque. Ne sortirons-nous donc jamais de ce cycle infernal ?
Si le pays n’est pas en mesure d’affronter une situation de pluviométrie déficitaire, la faute incombe d’abord aux planificateurs qui n’ont jamais considéré que la construction des réservoirs est une priorité. En 45 ans, un seul réservoir a été construit à Maurice.
La rage de goudronner le pays a englouti des dizaines de milliards tandis que l’on continue à invoquer le manque de ressources pour justifier les infrastructures inadéquates dans le secteur de l’eau. Captage insuffisant, réseaux de distribution percés, incapacité à entreprendre le dessalement de l’eau de mer, ce sont autant de facteurs qui assèchent nos robinets en permanence.
De même, on entend souvent l’alibi du changement climatique. Allons, arrêtons de blâmer le réchauffement de la planète pour justifier le fait que Maurice n’est pas capable de faire accéder toute la population à un service d’eau 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il faut plutôt passer à l’action et ouvrir des chantiers. Il faut nommer des professionnels à la tête des institutions publiques et ne pas s’ingérer dans les décisions de ces organismes. Et surtout, avoir le courage de mettre en place une tarification qui n’incite pas au gaspillage d’eau.
L’absence de moyens financiers est souvent citée comme la principale cause des crises nationales alors que, parfois, c’est l’absence de créativité qui conduit un pays droit dans le mur. Certains pays ont montré qu’avec un peu d’effort, il est possible de pallier les effets des saisons sèches. Outre le dessalement de l’eau de mer, projet que le gouvernement refuse d’envisager, la collecte d’eau de pluie pour un usage domestique a également été négligée. C’est pourtant une solution économique et écologique.
D’ailleurs, Rodrigues vient de faire la leçon au pays. Alors qu’à Maurice, le projet de récupération d’eau de pluie est toujours au stade d’étude, à Rodrigues il est une réalité. 800 familles, déjà identifiées, bénéficieront d’un plan d’aide pour capter l’eau de pluie. Pendant ce temps, le MID Fund se penche sur un plan pour Maurice…
Dans le domaine de l’eau, comme ailleurs, les dirigeants du pays misent en général sur une mesure classique pour faire face aux catastrophes anticipées : commanditer une étude auprès des « experts » singapouriens.
Publicité
Les plus récents