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Partira, partira pas?
C’est un nom magique pour ses partisans. C’est un nom maudit pour ses adversaires. Paul Bérenger.
A chaque défaite électorale du MMM, même certains de ses sympathisants estiment qu’il doit faire ses salamalecs à la politique active. Ses antagonistes, eux, se réjouissent qu’il n’ait pas su fédérer en son seul nom. Le fait est que, bon an mal an, la sommité règne sur le bestiaire politique avec les quelque 40% des votants qui adhèrent à son projet. L’homme a toujours su renaître de ses cendres en jouant de la realpolitik, de sa capacité à demeurer le symbole le plus fort du MMM et surtout de cette auréole de martyre dans les années 1970.
Depuis quelque temps, avec l’apparition de sa maladie, se pose la question avec insistance de sa succession à la tête du parti mauve. Partira, partira pas? Aucun leader politique vivant n’aime à avoir désigné son successeur, quel qu’il soit. Le commandant est le seul à dicter ses oukases. Toutefois dans le précis d’une passation de pouvoir au sein d’une formation politique, Il donne tout son sens à l’expression qui veut que le chef passe avant le parti. Donc, on tranche rarement surtout si l’on évolue dans un contexte où règnent les dynasties politiques et des structures de parti où l’autoritarisme du chef n’est jamais remis en question. A fortiori lorsque la société considère que certains de ces dirigeants bénéficient d’un droit divin pour régner.
Aujourd’hui, les donnes ont bien changé au MMM. Le commandant charismatique, Paul Bérenger, a démissionné de son poste de leader de l’opposition. Selon l’évolution de sa maladie, il n’écarte même pas l’éventualité d’un départ de l’hémicycle afin de se réarmer en fonction des législatives de 2015. Avant d’évoquer son éventuel retrait de la politique active et d’une éventuelle succession, il est bon de rappeler qu’on devient un grand homme lorsque son destin personnel croise celui d’un pays, lorsqu’un individu démontre qu’il est capable d’un grand dessein et surtout lorsqu’on devient le symbole «d’un homme-un acte».
Le handicap de Paul Bérenger, c’est qu’il a vécu, quelque part, de tout cela de manière prématurée au début des années 1970. Il prenait alors le flambeau des hommes comme Curé ou Anquetil dans le cadre d’une île Maurice post-indépendante. Son premier passage au gouvernement en 1982 devait marquer, dans une certaine mesure, une normalisation de ses relations et de sa conception avec le pouvoir politique. Suivra une autre période où cette tendance s’ancrera dans les réalités politico-économiques du pays. Aujourd’hui, même si le ressort et l’envie n’y sont plus tellement, il a été rattrapé par la maladie. D’où la question de savoir l’image qu’il souhaite laisser dans l’histoire du pays. Lorsqu’on y est entré par la grande porte, on ne veut pas en sortir par la petite.
Cependant, cela n’empêche pas les spéculations de s’autoalimenter et les rumeurs d’enfler sur l’identité de celui qui prendra les rênes du parti mauve. Au préalable, encore faut-il savoir si, lui, il veut y renoncer. Je ne le crois pas. Lorsqu’on est obsédé par l’Histoire comme il l’est, on passera même ses derniers moments à refuser d’être disposé sur les rayons de l’anecdotique afin de pouvoir trôner dans le ciel de la vaillance. D’un autre côté, entre le déluge des compliments dont il fait l’objet et l’opprobre qu’on lui jette dessus, Paul Bérenger aura toujours su, non sans grandes difficultés, à éviter son parti de devenir une pétaudière.
Dans de telles conditions, la question de savoir s’il compte partir ou non devient accessoire.
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