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Pour des lendemains vraiment meilleurs (III)
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Pour des lendemains vraiment meilleurs (III)
Il ne faut pas rêver. Dans toutes les populations au monde, il existe de la pauvreté. Cette pauvreté est d’autant plus visible et criarde quand elle existe en pays riche. Il est aussi vrai de dire que cette visibilité s’accroît quand la société dans laquelle elle existe se dynamise et progresse et montre de la «upward mobility», parce que les nouveaux contrastes, alors, se voient. Par exemple, la pauvreté en Inde du temps des Maharajahs était sans doute culturellement plus acceptée et acceptable que maintenant où les plus pauvres VOIENT leurs voisins d’hier s’affranchir et même s’embourgeoiser. Rappelez-vous ce que «Shining India» valut au BJP ! J’étais à Shanghai l’année dernière et le même phénomène est visible dans la vieille ville où les nouveaux riches affichent BMW ou antennes wifi et «font des jaloux». On peut également postuler que cette visibilité diminue plus le pays est immense, car il est alors plus facile de «cacher ses pauvres». Dans un petit pays comme Maurice qui de plus, est longtemps resté figé socio-économiquement, la pauvreté a longtemps été partagée et assimilée par tous et c’est surtout quand le PNB/tête a commencé à accélérer (il doublait, en dollars, en moins de neuf années, entre 2002 et 2011) que la question de la pauvreté s’est véritablement affichée.
Je n’ai aucune qualification particulière pour m’exprimer sur la question de la pauvreté, à part le bon sens et, à la limite peut-être, un peu de coeur. Le problème est complexe, mais s’il faut en souligner les axes vitaux, il faut aussi rappeler qu’outre la visibilité relative de la pauvreté, il est plusieurs types de pauvreté. On n’est pas seulement pauvre matériellement. Les pauvres d’esprit ne sont pas moins à plaindre : fixés comme ils le sont souvent sur leur courte liste de sujets obsessionnels, ce sont des gens qui ratent leurs vies autant qu’un indigent ! Mais on ne s’en occupe que très rarement….
Le débat actuel, par ailleurs très amusant, pour déterminer si nous avons plus ou moins de pauvres, selon des definitions à géométrie variable m’intéresse peu, car ce qu’il occulte ce sont LES INDIVIDUS QUI SOUFFRENT et que l’on cache derrière les statistiques ! Ce que je retiens des statistiques datant de 2009(CMPHS09) sur les seuls salariés du pays (il faut y rajouter les «self employed») ce sont quelques faits surprenants et peu connus : d’abord 82,8 % des 414 448 salariés du pays touchaient alors moins que Rs 20 000 par mois, plus d’un salarié sur deux (56,6 %) touchait moins que Rs 10 000 au mois et 119 965 individus gagnaient moins… de Rs 6 000 mensuellement ! On ne parle pas ici de chômeurs, il s’agit de citoyens qui travaillent ! Il s‘y trouve quelques fl emmards sans doute, mais nombre d’entre eux travaillent dur. Souvent très dur ! Comment font-ils ? Qu’est-ce que l’on peut faire pour améliorer leur condition? Il n’y a, en fin de compte, que peu de réponses : l’entrepreneuriat limite peu les gains dérivés de l’effort, de la nouveauté, de la qualité de service qui fait «tilt» et il découle d’une éducation stimulante appropriée et d’une farouche recherche de productivité et de son cousin, le profit. Mais ce n’est pas une solution pour tout le monde !
Le salaire «minimum vital» est une excellente idée, mais elle a ses dangers. Mettons que le salaire minimum passe à Rs 10 000. Dans le secteur public (14 082 employés touchant moins de Rs 10 000), c’est simple : à la limite on paie et puis on taxe. Mais qu’est-ce qui se passera dans le privé (220 361 employés comparables touchant Rs 10 000 et moins) où tous les employeurs pourraient ne pas être en mesure de payer de manière fiable ?
Toute société qui se respecte a un double devoir : de s’occuper de ses citoyens les plus vulnérables et de s’assurer que les autres soient les plus dynamiques, éduqués, travailleurs et productifs possible. Dans la première catégorie, on ne pourra être plus efficace qu’en faisant plus de «targeting». La pension de vieillesse universelle, les soins ou l’éducation généralement gratuits, les subventions pour tous sur le gaz ou le riz c’est inique, voire criminel. Rationalisées, les aides sociales pourront mieux se focaliser sur les vieux, les malades, les drogués, les autrement capables, les enfants à besoins spéciaux. Les «CSR funds», gérés proprement, c’est une fabuleuse idée parce que cela responsabilise et implique le secteur corporatif et, parfois, leurs employés. Mais la clé réside au niveau personnel. La pauvreté est un drame de la personne et en sortir implique idéalement un coeur, un projet, un accompagnement. Des «pauvres» qui ne pourront jamais s’en sortir et qui seront toujours assistés, il y en aura malheureusement toujours, mais des dizaines de milliers d’autres VEULENT s’en sortir, ont les ancrages qu’il faut pour réussir et ont simplement besoin d’une occasion et d’un soutien pour le faire.
A ce titre, l’initiative de la Curepipe Starlight Club me paraît exemplaire. Leur «lovebridge» identifie des familles qui veulents’en sortir et qui ont la force au moins moralepour se battre. Un sponsor qui a desmoyens s’engage et parraine dans la durée.Un travailleur social complète le pont versdes lendemains meilleurs. Le projet existeet marche déjà. D’autres familles attendantune main tendue fraternellement, un pontvers l’avenir, une dignité retrouvée. Ce projetmérite de gagner toute l’île Maurice car il estarticulé sur l’essentiel : au-delà des bureaucratieshumiliantes et des parasites émérites; les deux se valorisant mutuellement,dans le schéma présenté, un humain aideun humain ! En personne !
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