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Pour des lendemains vraiment meilleurs (iv)
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Pour des lendemains vraiment meilleurs (iv)
Comprendre d’abord: nous sommes déjà 7,2 milliards d’humains sur la planète à mi-2013. Nous n’étions que 3 milliards en 1960, quand j’avais dix ans ! Même si la démographie mondiale accélère moins rapidement ces jours-ci, nous serons 10 milliards dans 50 ans environ… Chacun de ces humains veut d’un niveau de vie amélioré au cours de cette période et cela implique, d’une part, plus de ponctions sur les ressources limitées planétaires et, à l’autre bout, plus de déchets par tête d’habitant. Admettant une moyenne de 3 % d’amélioration de niveau de vie (et donc de consommation) par an et une moyenne de production de déchet de 1 kilo par tête par jour, nous produisons plus de 2 500 milliards de tonnes de détritus par an maintenant et produirons, si rien n’est fait, sept fois plus de déchets planétaires par an dans 50 ans ! On recyclera plus, sans doute, mais même si le taux de recyclage atteignait, dans 50 ans, le taux actuel américain (34 %), que va-t-on faire de ce qui reste (plus de 11 000 milliards de tonnes par an) ? Et l’image peut être encore plus catastrophique parce que les déchets ne disparaissent pas après chaque année, mais… s’accumulent !
Ensuite il faut expliquer la folle équation des hydrocarbures. Il a fallu des centaines de millions d’années de cycles où la végétation planétaire poussait, mourrait, se faisait engloutir et sous le pouvoir de la pression et de la chaleur, cette masse végétale se transformait en charbon, pétrole ou gaz, tels que nous les connaissons. Cette longue transformation était précédée d’un cycle perpétuel (et renforcé) de photosynthèse qui «fixait» l’oxyde de carbone et produisait de l’oxygène. C’est peut-être difficile de le concevoir, mais avant la photosynthèse (qui date de 2,8 milliards d’années, les plantes terrestres ne datant que de 475 millions d’années), il n’y avait pas d’oxygène dans l’atmosphère ! L’homme anatomiquement moderne surgit il y a 200 000 ans seulement. Cet homme dit «évolué» produira éventuellement la révolution industrielle (1780-1860) à partir du charbon et libérera les communications au début du siècle dernier, à travers le pétrole, rendant à l’atmosphère, en quelques décades seulement, ces quantités colossales de carbone séquestrées par la nature pendant des centaines de millions d’années…
Finalement, il faut rappeler quelques faits. L’épiphanie de l’écologie aux États-Unis date de 1969, nous rappelle «The Economist», quand une rivière, la Cuyahoga dans l’Ohio, remplie de polluants et sans poisson aucun… prit feu ! Au Japon, ce fut l’épisode Minamata où le mercure produit par des usines de plastique, on le réalisa un peu tard, était responsable de la mort de milliers de citoyens. Plus près de nous Fukushima. En Inde, le Gange, de qui dépendent, est-il estimé, 420 millions d’habitants pour l’alimentation en eau, l’agriculture, la nourriture, contient un taux de coliforme à 2 800 fois letaux considéré comme raisonnable par l’OMS. En Chine, en 2006, on établissait que 10 % des terres agricoles étaient contaminées par des métaux lourds, tel le cadmium. L’actualisation de ces résultats en 2012, jugée sensible, a été décrétée secret d’État ! La sécheresse la plus importante d’Afrique récemment, celle du Sahel dans les années’ 80 qui assécha le lac Tchad à 10 % de sa taille en 20 ans, fut causée par la pollution atmosphérique de l’Europe et de l’Amérique du Nord. En 40 ans, des projets mirifiques d’irrigation en Russie ont réduit la mer d’Aral de plus de 90 % de sa surface. Tout est lié. Tout se tient. En quoi cela concernet-il Maurice ? Avec nos maigres 425 000 tonnes de déchets annuellement et nos 3 351 milliers de tonnes de carbone rejetées dans l’atmosphère par voie de dioxyde de carbone, certains disent que la question ne nous concerne pas, parce que nous sommes très, très marginalement concernés par cette équation planétaire.
Ce serait se fourrer le doigt dans l’oeil jusqu’au coude !
Car, en vérité, ce qui se passe sur le plan planétaire se reproduit presque intégralement chez nous, que nous le voulions ou non, à notre échelle et c’est la démission cumulée des États, à laquelle nous aurions participé, qui va nous mener droit au mur. C’est vrai que notre contribution aux déchets ou à la pollution mondiale est minime, mais si nous adoptons cet argument pour nous désolidariser de ce qui doit être fait, construisant des centrales à charbon, n’optimisant pas notre consommation d’énergie mégawatt, polluant à tout vent, continuant à encourager les véhicules à essence ou diesel, comme si de rien n’était, nous allons reproduire, peut-être avec quelques années de retard sur le monde industriel, mais sûrement sans leurs moyens et leur discipline sociale, les mêmes scénarios de pollution des réservoirs, des rivières et des nappes phréatiques, de l’air que l’on respire et de la production alimentaire que l’on a vus ailleurs. Déjà, le Dr Goswami a noté une baisse de la production de spermes humains dans l’Est et le Sud du pays, phénomène qu’il associe aux pesticides qu’on répand sur nos légumes. Qu’attendonsnous pour agir fermement? Des bébés difformes ? Ne pouvons-nous pas vraiment, pour une fois, anticiper un problème, faire fl eurir le projet MID, «bite the bullet», changer nos moeurs, mettre de côté tous les faux problèmes et les discussions oiseuses et devenir vraiment, un véritable exemple pour le monde ?
Allons ! Étonnons nous-nous-mêmes !
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