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Pour le symbole

14 août 2013, 11:48

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Le premier événement n’est peut-être qu’un gadget de com. Le deuxième pourrait davantage annoncer une nouvelle ère sur le continent africain, du moins en accroître l’espoir.

 

Dimanche, le Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, en campagne pour les législatives prévues pour le 9 septembre prochain, a fait savoir qu’il avait, au mois de juin dernier, écouté de nombreux concitoyens et conversé avec eux, dans le taxi qu’il avait conduit, vite reconnu mais en espérant d’abord le faire incognito. Une caméra cachée à permis la réalisation d’une vidéo, déjà diffusée sur la page Facebook de M. Stoltenberg. Ce qui frappe, mais sans doute est-ce banal chez les Scandinaves, c’est la possibilité qu’à un Premier ministre d’être au contact de ses concitoyens sans le lourd dispositif de sécurité déployé ailleurs.

 

Dimanche également, après une journée de scrutin, à l’occasion du deuxième tour de la présidentielle malienne, alors que le dépouillement était loin d’être terminé, le candidat battu, Soumaïla Cissé, a concédé sa défaite. De surcrôit, ne se contentant même pas de l’appel téléphonique auquel sont habitués les citoyens de pays démocratiques, M. Cissé s’est rendu en famille chez le président-élu, pour le féliciter, cela devant des caméras de télévision.

 

Pour ce qui est de la Norvège, le Washington Post et Slate ont jugé qu’il s’agissait d’un «coup» (stunt), Le Monde a même parlé de «farce médiatico politique». Certes, M. Stoltenberg a vite été reconnu par ses passagers et, si les concepteurs de cette opération avaient imaginé la confrontation du chef de gouvernement à des propos dont il serait protégé d’habitude, les choses ne se sont pas vraiment mises en place de la sorte.

 

En revanche, même si cela n’a duré que le temps d’une mise en scène, la possibilité pour un Premier ministre de rencontrer des gens réels, pas uniquement des dignitaires d’État et des grands patrons, ou encore des militants acquis à sa cause, ne peut être tenue pour négligeable. Ce qui s’est passé au Mali a, sans doute, pris de court de nombreux observateurs. Voilà un pays dont le dernier président élu, Ahmadou Toumani Touré, a été reversé par un coup d’État militaire en mars 2012, un pays dont l’armée était divisée en bérets rouges et bérets verts, dont le Nord avait tant échappé au contrôle de la capitale que cela a nécessité une opération internationale, de la France et de l’Union africaine, lancée au mois de janvier 2013. Alors que de nombreux observateurs avaient considéré que la date arrêtée pour les élections présidentielles était bien trop prématurée, le Mali donne une formidable leçon de vitalité démocratique à l’Afrique de l’Ouest.

 

 

En matière d’élections, à Maurice, on peut dire que l’acceptation sereine du résultat, quel qu’il soit, est un trait culturel national. C’est plutôt à l’approche du scrutin, lorsque l’un ou l’autre fait jouer la symbolique - dan ou lamin - du pouvoir que notre société est capable de perdre son sens de l’égalité de droits. Pour ce qui est des canaux de communication, nul sans doute ne s’attend à ce que Navin Ramgoolam prenne le volant d’un autobus de la CNT. Cela est bien trop dangereux. Mais l’idée de l’écoute mérite une course locale.