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Quand les pirates montrent la voie...
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Quand les pirates montrent la voie...
Regards hagards, menottes aux frêles poignets, perdus dans un système judiciaire mauricien qui leur est totalement inconnu, douze pirates somaliens font le va-et-vient entre la prison centrale et la cour intermédiaire. Cela fait un peu plus d’une année qu’ils ont été débarqués d’un avion militaire français en provenance du Camp Lemonier de Djibouti, à la suite d’un accord – vivement contesté par l’opposition et quelques ONG – entre l’Union européenne et Maurice. Mardi, ils vont de nouveau comparaître en cour, lors d’une séance qui sera marquée par le témoignage de trois Américains, témoins de leur arrestation. Ces pirates, arrêtés le 5 janvier 2013, quelque part entre la Somalie et les Seychelles, qui s’apprêtaient à prendre d’assaut le navire de commerce «MSC Jasmin», nous rappellent le film «Captain Phillips», actuellement dans nos salles, et qui bénéficie du parrainage de la Commission de l’océan Indien, engagée dans la lutte régionale contre la piraterie maritime. Ces pirates sont parmi les premiers à être jugés dans la région et ils serviront d’exemple à leurs compatriotes et aux pirates…
Quant à la stratégie anti-piraterie, mise en place par la communauté internationale, nul doute qu’elle est en train de marcher. Les derniers chiffres émanant du Bureau maritime international, publiés le mois dernier, indiquent une baisse de 11 % des actes de piraterie pour 2013, soit quelque 364 incidents. Ce qui démontre une tendance à la baisse : en 2012, la piraterie avait accusé un repli de 41 %. Comme les côtes somaliennes sont mieux surveillées, les attaques des pirates se sont déplacées vers les eaux nigérianes, ivoiriennes, gabonaises et camerounaises. Donc dans la région du golfe de Guinée, les attaques sont, elles, sur la courbe ascendante.
Que ce soit à l’Est ou à l’Ouest du continent africain, deux faits demeurent : primo, les côtes africaines sont bien trop vastes et les ressources des pays bien trop faibles pour que les eaux soient sécurisées de manière intégrale. Secundo, les attaques en mer sont provoquées par des problèmes sur terre (pays en crise, chômage, pauvreté, famine).
Les pirates d’aujourd’hui, contrairement à leurs ancêtres, ne sont pas des aventuriers romanesques qui sont à la recherche de trésors en or ; ils sont des hommes qui vont risquer leur vie car ils n’ont strictement rien à perdre sur le plan matériel. Pire, ils n’ont pas de quoi se nourrir et leurs mers sont pillées par des navires de pêche étrangers (souvent japonais ou taïwanais).
Les pirates, c’est en fait une forme de riposte à d’autres problèmes que le monde n’arrive pas à résoudre de manière cohérente et qu’on tend à occulter. Si la lutte contre la piraterie progresse (du moins le long des côtes somaliennes), c’est parce qu’elle a bénéficié de l’attention concertée de plusieurs pays, organisations régionales et internationales. C’est ce genre de synergie qui peut venir à bout des problèmes mondiaux, comme l’insécurité alimentaire, le réchauffement climatique, le problème d’accès à l’eau potable, etc…
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