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Quatre ou cinq familles…
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Quatre ou cinq familles…
Au moins, le Premier ministre a joué la carte de la franchise dans son message de Nouvel An : de réforme électorale, il n’en donne aucune garantie. En d’autres mots, on verra peut-être le livre blanc, à défaut d’une table ronde, mais pour la réforme, elle-même, il faudra sans doute repasser après les législatives 2015. En attendant, cela risque d’être tout sauf la réforme électorale. Le PTr devra, nous dira-t-on, se concentrer sur l’économie et les infrastructures (métro léger et réseau routier).
L’explication du non-lieu est déjà donnée. Il ne faut rien faire qui serait susceptible d’antagoniser la population, ou de chiffonner le tissu social. Et l’on sait tous que nos politiciens, en fonction de leurs intérêts directs, sont tous divisés sur la réforme – chacun joue d’un couplet. Rien que sur l’un des aspects les plus archaïques et anti-mauriciens du système électoral, soit le fameux Best Loser System concocté selon le concept britannique du Divide and Rule, le cabinet et les partis de l’opposition sont extrêmement partagés (avec émotion, sans vraie raison). Ils sont tiraillés en permanence entre une rhétorique de modernité (l’identité nationale après plus de 45 ans d’indépendance) et une nécessité de survie clientéliste. C’est pour cela d’ailleurs que la proportion des indécis et le pourcentage de jeunes qui fuient les politiciens et les partis politiques (comme jadis on craignait la peste et le choléra) ne cessent de croître depuis ces quatre décennies. Ces politiciens qui disent «notre priorité pour 2014 sera de consolider l’unité nationale, de s’assurer que chaque Mauricien a sa place dans la République, dans un esprit de justice, de vérité et d’équité», alors que nous voyons les mêmes têtes issues des mêmes dynasties depuis notre accession à l’indépendance ?
On a tendance à l’oublier : la réforme électorale est un engagement pris tant au niveau national qu’international. Elle est inscrite dans un contrat, du moins de confiance, entre ceux qui sont arrivés au pouvoir et ceux qui en sont à la base (et qui peuvent techniquement remplacer ceux au pouvoir). On verra bien si Maurice a fait du chemin sur la route de la démocratie, ou si elle est, sous une forme tropicale, une autre de ces autocraties de notre continent.
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Les propos de Ramgoolam sur la réforme électorale viennent juste après le dernier épisode Michael Sik Yuen (pas Bernard Sik Yuen). Le Remake 2000, qui pousse le PMSD à se séparer du PTr, pense sans doute que d’aligner les têtes d’affiche Jugnauth-Bérenger-Duval suffira pour faire tomber Ramgoolam de son piédestal cette fois-ci ? On pourrait dessiner de multiples scénarios de «désalliances» et des alliances contrenature entre ces propriétaires de partis, mais ce serait une perte de temps, du déjà-trop-vu. Au-delà de ces hommes, il y va, avant tout, de notre démocratie à réinventer – et pour qu’elle s’épanouisse davantage, il faut qu’elle s’affranchisse du présent système électoral qui bénéfi cie à 4 ou 5 familles (politiques) surtout… Comment y parvenir alors ? Notre problème vient certes d’en haut, mais aussi d’en bas…
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