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Sauvons CT Power de la faillite
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Sauvons CT Power de la faillite
Une analyse des 31 conditions imposées à CT Power nous amène à deux conclusions. Soit le flou qui y réside sera à l’avantage du promoteur, les normes WHO, US EPA, EPA 2002, etc. n’étant pas les mêmes. Soit c’est une vraie ‘laké fer blanc’ qui est attachée là à ce projet tant controversé.
Cette deuxième hypothèse parait plus semblable quand nous savons que la construction d’une jetée pour l’acheminement du charbon sera onéreuse et prendra du temps. La référence au ‘latest technology… of EU standard’ est trompeuse car les normes européennes sont évolutives, correspondent à des catégories spécifiques, ne sont pas la même chose que les ‘directives’.
La toute première condition nous renvoit au ‘’control of mercury, acid gases, soot and particulates such as PM10 and PM2.5, the installation of a combination of SO2 emissions controls, NOX emissions controls’’ qui ne sera pas sans d’énormes implications logistiques, financières, et organisationnelles. Le seul placement des ‘filter bags’ requiert une personnel technique formé et des mesures de ‘health and safety’ rigoureuses. C’est étonnant que les autorités n’évoquent pas des ‘Best Availalable Technologies’ (BAT) pour notre contexte car l’Europe a ses propres spécificités, ne serait-ce que pour la situation climatique. Il est bon de faire ressortir que les normes américaines ou chinoises sont beaucoup plus strictes que celles en Europe. D’ailleurs une centrale du type CT Power n’aurait jamais pu voir le jour en Chine. Celles qui existent sont en voir de ‘’decommissionning’’. Il est aussi un fait qu’au bout de 20 ans il aurait peut-être couté plus cher au promoteur de ‘’decommission’’ la centrale CT Power que de la donner gratis au CEB !
Relevons aussi que seulement une poignée de centrales ‘’coal-only’’ ont été construites en Europe durant ces dernières années. Le business-model reposant sur le charbon ne marche pas comparé avec la rentabilité du gaz, particulièrement en terme de durée de mise-en-œuvre, de coût initial par MW et de coût d’opération/d’entretien. Plusieurs centrales à charbon ont été converties d’ailleurs au gaz ou à la biomasse face à des règlements environnementaux stricts. D’autres ont cessé d’opérer suite à des litiges en cour. Le promoteur de CT Power, ou de n’importe quel projet similaire, pourrait remercier un jour les opposants au projet pour leur avoir épargner une certaine catastrophe financière !
Avec les 31 conditions du Gouvernement, le projet CT-Power n’est plus le même. Par souci d’équité, il faudra aussi demander aux autres centrales de se mettre aux normes les plus exigeantes en matière environnementale. A ceux qui rétorquent que le prix de l’électricité augmentera, il faut faire ressortir qu’il ne s’agit là que de rendre justice aux renouvelables qui n’ont pas bénéficié d’un ‘level playing field’. L’intégration des coûts environnementaux et sociaux est une nécessité désormais afin de promouvoir aussi l’efficacité énergétique. Soit nous sommes en plein ère Maurice Ile Durable, soit nous sommes encore prisonniers du business-as-usual du dernier millénaire !
Concrètement, ce qu’il faut d’abord c’est gérer la demande et se donner les moyens pour le faire. Savons-nous que les subventions sur les lampes de basse consommation ont à elles seules permis d’éviter une hausse de 25 MW de la demande, soit la moitié de la première tranche de CT Power que nous attendons depuis sept ans ? Le potentiel de la maîtrise de la demande est énorme comme tout le monde le sait. Une simple mesure comme inciter les usines, les hôtels, les centres commerciaux ou les nouvelles villes à produire de l’énergie propre réduira significativement le fardeau sur les épaules du CEB. C’est injuste que ce soient les factures des petits consommateurs qui financent ces projets de développement. C’est ce qui arrive quand 1% d’abonnés est responsable de plus de 50% de la consommation électrique.
Il existe une capacité additionnelle de générer de l’énergie chez les IPPs existants. Ils peuvent aussi brûler la bagasse avec plus d’efficacité. Ils peuvent utiliser de la biomasse ou du biogaz dans leurs installations actuelles. Ils peuvent également nous donner du bioéthanol, voire d’autres produits verts à forte valeur ajoutée localement. Mais, tout cela n’est pas possible parce que nous n’en finissons pas de nous battre, à en faire une question communale même. Les contrats du passé, injustes très probablement, nous ont enfermés dans une logique de conflit. De la bonne volonté de la part de chacun, dans l’intérêt de nos enfants et de l’avenir du pays, et nous aurions pu écrire une des plus belles pages de notre histoire.
Passons-alors à autre chose. Il y a d’autres sources possibles : les déchets, le biogaz, la biomasse et le biodiesel. Les deux ans à attendre que CT Power sorte de terre, nous aurons même pu produire des bioénergies en partenariat avec les pays de la région comme le Mozambique ou Madagascar. Ces sources d’énergies se prêtent facilement aux centrales thermiques du CEB ou des IPPs qui roulent aujourd’hui à l’huile lourde ou au charbon respectivement. Les investissements courants et futurs du CEB à Fort Victoria et à St Louis sont potentiellement durables si nous remplaçons l’huile lourde par du biodiesel. S’il faut une solution de transition en attentant l’autosuffisance énergétique, ce serait bien celle là. Peut-être aussi le Gaz Naturel Liquéfié (GNL), sujet aux conditions de durabilité surtout si nous incluons les besoins pour un transport de masse propre. La gazéification de la biomasse, disons dans dix ans au moins, est en parfaite cohérence avec une telle orientation.
Nous ne mentionnons pas les énergies de la mer, les algues, le solaire, le vent ou encore la géothermie. Il n’y a pas lieu à aller jusque là pour faire comprendre que CT Power n’est pas notre salut. Les 31 conditions stipulées font même de ce projet, et de tout projet similaire contraire à MID, rien de moins d’une entreprise infernale.
Khalil Elahee
(en son nom personnel)
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