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Secular to the core

27 juin 2013, 10:15

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C'est un enjeu vital. Il est impératif que nous arrivions au plus large consensus possible sur notre modèle de laïcité. Il en va de la survie de notre société et, à aucun prix, nous ne devons permettre au courant conservateur qui la traverse de nous conduire vers une médiation religieuse du vivre ensemble. Cela ne tarderait pas à contraindre l'État à n'être plus que le gestionnaire des droits particuliers de chacun. Et cela finirait pas être invivable. Il nous faut être laïcs, secular comme le dit Nita Deerpalsing. And secular to the core !

 

So let's be secular. Pour arriver à ce but, pour le vivre sereinement, sans tensions inutiles, sans déni des droits de ceux qui pourraient se prévaloir de l'alinéa 11 de la Constitution pour faire valoir leur liberté religieuse, il vaudrait mieux que nous sachions très précisément de quoi nous parlons lorsque nous évoquons cette question de la laïcité/secularism. 

 

C'est prioritairement à l'État qu'il est formellement exigé d'être laïc. De même, on doit le demander à toutes les organisations, privées ou associatives également, qui peuvent influer sur l'égalité de chances. En revanche, des individus, on peut, au plus, réclamer qu'ils respectent la liberté des autres dans l'espace public. Mais ce n'est qu'aux institutions évoquées précédemment que la loi doit imposer a) de ne pas avoir de religion ou de préférence religieuse ; b) de se tenir à égale distance de toutes les confessions, préférablement une distance raisonnable plutôt que de trop grandes proximités. A l'individu dont le droit d'avoir une religion est - rappelons-le - garanti par la Constitution, on ne demandera cette impartialité que lorsqu'il il est amené, au nom de l'État mais pas uniquement, entre autres à l'école ou au travail, à exercer son jugement. Pour s'assurer que parenté d'appartenance religieuse ne corrompe l'intégrité de l'exercice. 

 

A chaque fois que le président de la Mauritius Sanathan Dharma Temples' Federation (MSDTF) sort de son rôle, certains commentateurs de presse tentent - sans grands résultats, il faut l'avouer - de lui rappeler les limites qu'il ne devrait pas franchir. On n'attend pas qu'il associe des milliers de croyants hindous, qui ne lui ont délégué aucun pouvoir, à un establishment politique légitimé par un scrutin et non par une mobilisation sociale ; on n'attend pas de lui qu'il antagonise les responsables de la seule organisation un tant soit peu crédible de dialogue inter-religieux ; on n'attend pas de lui qu'il s'engage au vu et au su de tous auprès d'un candidat à une élection partielle, on n'attend pas de lui, demain, qu'il donne un mot d'ordre à l'occasion d'un scrutin. Ceci étant, ses adversaires auraient tort de diaboliser cet homme et de vouloir l'exclure du débat public. 

 

La MSDTF a 53 ans d'âge et compte 260 mandirs affiliés. Sur son site web, la fédération elle-même nous dit qu'elle se consacre, entre autres, aux “parental and premarital counseling, advice on substance abuse and domestic violence, assistance to battered child, persons in distress and with tendencies to suicide, preparation of youth to voluntary social services and leadership, empowerment of women in socio economic fields”. Ainsi, si M. Dulthumun convoquait la presse pour parler de l'étendue de ces problèmes et faire valoir les stratégies mises en place par ses adhérents pour les faire reculer, nul doute qu'il obtiendrait et l'écoute et le respect des citoyens. S'il devait critiquer l'action publique, dénoncer son insuffisance, ou au contraire saluer une nouvelle initiative de l'État, nul ne songerait à l'accuser de faire de la politique. Et les prêtres catholiques en conférence de presse voici quelques jours devraient pouvoir en espérer autant. Ni plus, ni moins. 

 

Quant aux laïcs/secular, idéalement, à terme, tous les citoyens, quant à nous donc, admettons que, dans un pays où la religiosité est encore vive, la laïcité - soit l'absolue égalité de droits - s'imposera quand nous y associerons aussi les croyants, quels qu'ils soient. Plutôt qu'en les renvoyant au culte, à un spirituel fumeux et à une religiosité arrachée à l'histoire humaine.