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Sinécure

16 septembre 2010, 09:00

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Avec la mort du vice-président de la République, Angidi Chettiar, il faut rouvrir le débat sur la nécessité de maintenir le poste qu’il occupait. Ce n’est un secret pour personne que ce poste est une sinécure. L’histoire récente a démontré qu’il ne sert qu’à récompenser, aux frais de la République, un fidèle du parti au pouvoir.

La réflexion sur l’inutilité de ce poste n’a, bien entendu, rien à voir avec les qualités propres des personnalités qui ont été nommées à cette fonction honorifique depuis l’avènement de la République. Comme Angidi Chettiar, ils ont bien entendu tous des qualités que le pays saura reconnaître. La question n’est pas là. Il s’agit de savoir si, au nom de l’efficacité et de la rigueur économique, il n’est pas plus sage d’abolir ce poste.

Navin Ramgoolam fut parmi les premiers Mauriciens à se demander, dès 2007, si la République a besoin d’un vice-président. A l’époque, le Premier ministre penchait pour la suppression pure et simple de cette fonction. Navin Ramgoolam affirmait qu’il l’aurait abolie s’il avait la majorité constitutionnelle pour le faire. Il ne dispose toujours pas des trois quarts de voix nécessaires au Parlement pour éliminer ce poste qui grève le budget de la nation.

Dans des déclarations publiques faites lors de son deuxième mandat premier ministériel, Navin Ramgoolam, jugeait que ce poste «ne sert pas à grand-chose». Il critiquait la performance des titulaires précédents : «On n’obtient rien en retour pour ces dépenses.» La dotation budgétaire pour ce poste s’élève à plus de Rs 6 millions par an.

Le MSM, alors dans l’opposition, avait rejeté la proposition de Navin Ramgoolam. Nando Bodha arguait que ce poste «permet d’avoir une représentation ethnique et symbolique». Alan Ganoo, député MMM, invoqua également l’argument de l’équilibre ethnique pour s’opposer à Navin Ramgoolam. La position du MSM, tout comme celle du MMM, n’était pas commandée par des considérations d’efficacité mais par des calculs ethno-politiques.

L’ethno-stratégie n’est pas un virus introduit dans la culture politique du pays par Mookhesswur Choonee. Elle existait bien avant le discours d’Epinay.

Le MSM et le MMM avaient également avancé un argument technique. Si le poste de vice-président est aboli, disaient les dirigeants de ces deux partis, le chef juge sera appelé, en l’absence du président, à ratifier des textes de loi. Or, si ces lois sont éventuellement contestées en cour, le chef juge serait juge et partie, soutenaient- ils. Mais il suffit, en l’absence du président, de confier la suppléance au Speaker de l’Assemblée nationale pour régler ce problème particulier.

La raison républicaine justifie pleinement l’abolition du poste de vice-président. Mais on sait que plus leur cour est fournie, mieux se portent les rois…