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Sortir du silence

13 juillet 2010, 08:21

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On peut reprocher à l’Etat un flou dans sa communication autour de la grippe A. Et, quand les autorités cafouillent, cela crée du soupçon. La psychose s’installe alors. La diffusion de renseignements ne peut semer la psychose. Au contraire, c’est l’absence d’informations qui est dangereuse.

La population ne prend pas de précautions pour limiter la transmission du virus si elle n’est pas renseignée sur l’étendue exacte de la maladie.

Il a fallu un premier décès causé par la grippe A pour que la ministre de la Santé accepte de rencontrer la presse pour évoquer la question. Il y a encore quelques jours, elle niait complètement l’existence de la maladie.

Ensuite, elle a bien concédé que le virus a fait son apparition à Maurice mais s’est empressée d’ajouter qu’il ne s’agissait que de deux cas modérés (mild). Au moment où elle faisait cette affirmation, un Mauricien était déjà mortellement atteint par le virus.

La famille du malade s’est rendue au dispensaire de Rivière-du-Rempart pour se procurer du Tamiflu aussitôt qu’elle a eu confirmation que le patient souffrait bien de la grippe A. Elle s’est vu refuser les fameux comprimés.

Blâmée pour les manquements des services de la Santé publique par la famille du patient décédé, la ministre Maya Hanoomanjee a consenti à lever un coin du voile sur la grippe A, hier. Elle a révélé qu’il y a eu 124 cas avérés de grippe H1N1 depuis le début de l’année. Ce chiffre pourrait, en fait, être en deçà de la vérité car il ne s’agit là que des tests réalisés sur les échantillons envoyés au laboratoire de Candos. Beaucoup des patients qui vont dans les cliniques ou chez des médecins privés ne sont pas comptabilisés.

Il serait bien entendu irresponsable de la part de quiconque d’exagérer les craintes et de créer plus d’inquiétudes que nécessaire. Mais il est plus grave de cacher la vérité. C’est quand les autorités rechignent à communiquer, ou font des déclarations incohérentes, que l’opinion publique perd confiance dans les responsables politiques.

Pour que ceux-ci soient crédibles, pour que leurs messages de prévention soient écoutés, ils ont l’obligation de rendre public le nombre de cas réels. La vérité doit être dite même si cela peut avoir des conséquences économiques, en particulier sur le tourisme. La santé est une priorité absolue.

Pas plus tard que samedi, soit le jour même du décès de la première victime de grippe A cette année, des officiels du ministère tentaient de banaliser le problème et donnaient la garantie que cette maladie ne présentait aucun danger. Ce genre d’attitude poussera le citoyen à baisser la garde. Et son indifférence fournira un terrain fertile au virus.