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Soyons clairs et justes

7 avril 2009, 14:16

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«Le Mauricien» choisit de ne pas être solidaire de l’action de La Sentinelle face au boycott publicitaire par le gouvernement, et de le dire à ses lecteurs. Il choisit de ne rapporter notre démarche que par le biais de son éditorialiste. C’est étonnant.

Je m’explique mal que «le Mauricien», un ardent défenseur de la Constitution, soit si peu ému de l’outrage de nos lois. Nous respectons cependant son choix. En revanche, certaines remarques de la part de Gilbert Ahnee trahissent par endroits une interprétation approximative de nos intentions et appellent une précision.

«Le Mauricien» se demande, sans le dire directement, si notre démarche de déclarer la guerre au gouvernement ne serait pas motivée par le «désamour» de celui-ci vis-à-vis de «l’express», et non par la seule volonté de faire respecter le droit. De ce «désamour», La Sentinelle n’a aucunement à se plaindre. Bien au contraire, nous nous en réjouissons. Que le Premier ministre n’apprécie pas nos commentaires est, à nos yeux, preuve même de notre indépendance. Les lecteurs de «le Mauricien» sont libres, pour leur part, d’interpréter le fait que le Premier ministre ne semble rien trouver à redire des analyses de l’actualité par ce journal.

Notre propos, nous le répétons, est bien de faire respecter la loi qui fait obligation au gouvernement de communiquer dans les journaux «à diffusion large». Le principe est clair : le gouvernement doit s’assurer que tous les citoyens accèdent aux informations pouvant les concerner, offres d’emplois, marchés publics, opportunités de toute sorte. Qui mesure l’envergure des lectorats ? Ce sont des institutions indépendantes qui le font depuis des années. Celles sur lesquelles la profession repose sont l’une de renommée mondiale, Taylor Nelson Sofres, l’autre de dimension régionale, Synthèse, qui est basée à La Réunion. «le Mauricien» émet des doutes sur les taux de lectorat tels que mesurés par ces institutions ? Elles sauront apprécier.

Nous partageons avec «le Mauricien» l’opinion que certains journaux à faible tirage doivent être aidés par l’Etat. Cette question a d’ailleurs été soulevée lors de ma conférence de presse. A une question du représentant de «le Dimanche», j’ai dit mon soutien. J’ai déjà plaidé en faveur de la création d’un fonds d’aide aux journaux à faible tirage. Au nom de la nécessité de garantir la pluralité des médias. Cela même si les journaux du «mainstream» que sont «l’express» et «le Mauricien» permettent une expression large des opinions, «le Mauricien» en y dédiant une page Forum, «l’express» en créant un site interactif (lexpress.mu) qui reçoit 500 réactions de citoyens de tous bords par jour. Mais l’argent public destiné expressément à la communication gouvernementale ne doit pas être détourné des objectifs fixés par la loi.

Quant à l’argument qui veut que mon acceptation de la présidence de l’Empowerment Foundation ait remis en question l’indépendance de nos publications, il est absurde dans la circonstance. La Fondation est gérée par un conseil d’administration composé de représentants du secteur privé et du gouvernement. Le gouvernement a souhaité que sa présidence soit assurée par un représentant du secteur privé. C’est à ce titre que j’ai présidé la NEF. Je n’ai pas cessé d’être indépendant pour autant, chacun le sait, les gens du gouvernement les premiers. Et c’est précisément parce que «l’express» a refusé d’être révérencieux que l’Etat nous le fait payer depuis plusieurs mois. C’est précisément le coût de notre indépendance. De quoi parlons-nous alors ?

L’éditorialiste de «le Mauricien» est bien placé pour savoir que le premier garant de l’indépendance d’une publication, ce qui permet de ne jamais courber l’échine devant qui que ce soit, c’est sa profitabilité. C’est une force dont nous pouvons nous targuer. Tout le reste n’est que littérature…

Jean Claude de LEstrac