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Squatters et prédateurs
Il faut que l’on soit dépourvu d’humanité pour ne pas s’émouvoir des conditions de vie des squatters de Dubreuil relogés temporairement dans l’ex-usine de thé de la localité inaugurée par le Rt. Hon. Dr. Seewoosagur Ramgoolam le 8 novembre 1967, comme en atteste une plaque de marbre délavée.
Cette ex-usine abrite une vingtaine de familles avec pas moins d’une trentaine de marmailles avec deux femmes enceintes qui ne vont pas tarder d’accoucher. Si elles sont, d’une manière relative, mieux lotis que sous des tentes où elles ont transité, ces familles ne sont pas moins exposées aux rigueurs de l’hiver de cette région de l’île. Personne ne souhaite de vivre dans ces conditions sauf que quand on ne peut faire autrement. Quand on a le dos au mur !
Il ne s’agit nullement de faire l’apologie du ‘squatting’. Cette pratique est illégale. Mais ce qui est illégal à Dubreuil devrait l’être aussi ailleurs - à Grand-Baie, Terre-Rouge, Vallée-Pitot, La Ferme, Case-Noyale ou Flacq - où de nombreuses familles ont investi sans vergogne les terres de l’Etat pour y construire des abris de fortune, souvent sans aménités de base, dans l’espoir d’une régularisation de leur situation à la faveur d’une campagne électorale ou dans l’espoir de la concrétisation d’une promesse électorale.
Ici, nous faisons allusion uniquement aux familles de grande détresse qui n’ont pas eu d’autres recours que d’occuper illégalement les terres de l’Etat. Pas ces ‘prédateurs’, déjà propriétaires de terrains ou de maisons, qui profitent de la situation pour enrichir leur patrimoine. Menacés d’ailleurs de sanctions, ils ont vite déguerpi de Dubreuil. Nous espérons qu’ils seront rattrapés pour être sanctionnés avant qu’ils aillent planter leurs tentes ailleurs.
Au-delà des événements de Dubreuil, il convient d’analyser ce phénomène. C’est quand on a pas de logements à loyer modéré et quand on a pas les moyens de louer à des coûts prohibitfs ou de faire des emprunts – parce que le travail est précaire – qu’on est contraint d’occuper les terres de l’Etat pour y vivre. Ici, depuis des lustres, c’est parce que les autorités n’ont pas construit de logements sociaux que les plus vulnérables ont squatté les terres qui ne leur appartiennent pas. Un phénomène encouragé par le clientélisme politicien et par le fait que d’autres – qui ne sont guère dans le besoin – ont bénéficié des largesses gouvernementales pour spéculer sur notre patrimoine national. Un véritable Festival de la Terre pour authentiques prédateurs.
Il est évident que tant qu’on n’aura pas une politique du logement digne de ce nom, les plus vulnérables lorgneront toujours vers les terres de l’Etat pour y planter leurs tentes.
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