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Subitement…
Il y a trop d’ambiguïtés et de zones d’ombre dans tout ce qui se passe ces jours-ci. On peut comprendre qu’il y ait hausse de prix des produits pétroliers. On ne peut réellement intervenir sur ce qui relève d’un contexte international. Conscients que le poids de ces augmentations pèse lourdement sur les Mauriciens, le gouvernement décide d’intervenir. Du coup, on nous annonce une baisse de prix pour quelque 65 produits de première nécessité. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Showkutally Soodun, s’empresse de communiquer la bonne nouvelle. Il se targue même d’avoir pris «l’initiative de rencontrer certains importateurs de denrées de base» et d’avoir «fait appel à leur solidarité en cette période difficile».
Tout cela est bien dit. On peut aussi se réjouir que des importateurs fassent preuve de magnanimité. Mais, il est une question qui laisse perplexe. Comment, subitement, arrive-t-on à faire baisser le prix de 65 produits par une marge de quelque 28%?
Serait-ce que, par magie, les importateurs, sur l’appel du ministre Soodun, acceptent de réduire leurs profits de manière temporaire? Un certain cynisme pousse à penser le contraire. Ce qui, au fond, est en cause, c’est le marché. On ne fera pas de plaidoyer pour une régulation de celuici.
Mais, le fait demeure qu’à Maurice, malgré des lois pour une saine compétition, le marché demeure toujours hermétique. C’est lui qui dicte sa loi. Sûrement parce qu’il n’y a pas de modèle alternatif. Mais, comment expliquer qu’on accepte les crises sans s’évertuer à trouver un monde qui n’est pas régi par la seule loi du Capital ?
Pourtant, les crises se succèdent. Qu’elles soient alimentaires, énergétiques, écologiques…, elles plombent toute perspective d’un avenir meilleur. La financiarisation de l’économie mondiale entraîne bien des reculades à différents niveaux. Et ce sont les pays pauvres et même ceux en développement qui en souffrent le plus.
Ce qui est plus étonnant dans toute l’affaire, c’est que la crise du capitalisme trouve sa solution dans le capitalisme lui-même ! Malgré les émeutes de la faim, malgré les altermondialistes, malgré les mouvements écologiques, le système demeure bien en place.
L’économie mondialisée tient bien ses assises sur l’endettement et la spéculation, entre autres. Puisque l’on est dans l’incapacité de faire de l’économie une question politique, c’est l’argent qui règne. Dans une telle conjoncture, il ne faut pas s’attendre à une moralisation du capitalisme. Le système poussera jusqu’à sa maturation. Les limites des mouvements de pensée alternatifs n’augurent pas d’autres espoirs.
Que peut faire un petit pays comme Maurice dans un tel contexte? Les importateurs ne se découvriront pas souvent et subitement une âme charitable. Sommes-nous condamnés à demeurer éternellement un pays importateur de ses produits de consommation courante? La réponse à cette question se trouve chez nos dirigeants…
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