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Sur les traces de Valérie

7 février 2014, 00:31

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Sur les traces de Valérie

C’est une rédactrice en chef attachée au Centre de formation et de perfectionnement en journalisme de Paris, actuellement en mission à La Sentinelle (voir interview ci-contre), qui nous a ramené dans ses valises le dernier « Paris Match ». Ce numéro du 30 janvier au 5 février 2014, qui s’est arraché pratiquement autant que les derniers « Closer » et « Voici », est effectivement intéressant à plus d’un titre : il publie les premiers commentaires de « sa » journaliste Valérie Trierweiler depuis sa rupture avec François Hollande, sa subséquente hospitalisation, et ses 19 mois passés à l’Élysée.

 

Ce dimanche 26 janvier, dans l’avion qui l’emmène en Inde, Valérie T. découvre, dans les mains des stewards, les journaux qui titraient tous sur la séparation à l’Elysée. Elle confie alors à ses confrères : « Ce n’est pas parce qu’on n’est plus première dame que la vie s’arrête… » Le magazine arrache quelques confi dences en « off », comme le fait qu’elle aurait refusé de cosigner un communiqué avec son ex-compagnon-président, à qui elle aurait lancé : « Il n’y aura pas de communiqué commun. Tu assumes ! ». A son arrivée à Bombay, quelques heures plus tard, c’est l’empoignade. La meute des photojournalistes est déchaînée. Tout le monde veut une photo d’elle, une déclaration, ne serait-ce que quelques mots. Niet.

 

Cette affaire Hollande-Trierweiler semble bien partie pour devenir un tournant majeur dans le mandat du président français ; elle risque de se poursuivre en règlement de comptes communicationnel. François Hollande subirait déjà les contre-coups de son communiqué de rupture qui est jugé trop froid, maladroit et négatif. Parallèlement, il tombe sous les 20 % dans les sondages. Les Français oublient de plus en plus l’aspect « sympathique » de Hollande. Avec son casque de scooter sur la tête, il est apparu dans toute sa nudité d’être.

* * *

Fuyant la pression médiatique et la misère en Inde, c’est en bikini fleuri que Valérie T. est venue se reposer sous nos cocotiers, dans un des 5-étoiles mauriciens. Les photos des paparazzis (postés aux abords du marché central ou dans des pirogues dans le lagon) ont déjà paru dans « Closer » et « Voici » (encore eux !).

 

Après avoir provoqué le courroux du couple Hollande-Gayet, c’est Valérie T. qui évoque cette fois-ci des poursuites pour atteinte à la vie privée. Les temps changent, les moeurs aussi. Depuis la mort de Lady D., les paparazzis sont désormais solidement ancrés dans la profession, ils imposent même dans certains cas de nouvelles normes morales. Les nouvelles technologies (les smartphones surtout) ont démultiplié leur nombre et leur puissance de feu. Aujourd’hui n’importe quel citoyen peut se muer en paparazzi et vendre ses clichés au plus offrant. La fièvre a aussi gagné nos journalistes et photographes, qui étaient en effervescence cette semaine, pour tenter d’arracher un entretien, une photo, une expression de Valérie T., en vain... Faut croire qu’ils ont quelques longueurs de retard sur les paparazzis d’ailleurs !

 

Même si ce n’est pas sûr que la démocratie en sortira gagnante, il importe de questionner cet ordre nouveau : davantage de personnes à travers le monde, sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram, lèvent tous les jours un peu plus le voile sur leur vie privée, en exposant les détails de leur existence quotidienne jadis réservée à leur cercle intime de proches. C’est de l’ exhibitionnisme et du voyeurisme bon enfant qui s’émancipent. Et puisqu’ils s’exhibent autant, les facebookeurs s’attendent à ce que les hommes publics en fassent de même. Etait-ce Michel Foucault qui avait dit que la surveillance générale serait imposée par l’Etat ? Aujourd’hui, en France, c’est le sommet de l’Etat qui a vacillé par le voyeurisme public….