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Tempête dans un verre d’eau
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Tempête dans un verre d’eau
Permettez-moi d’être cynique. Pensiez-vous réellement qu’un gouvernement, à la veille des consultations populaires, allait remettre en question certaines conditions d’emploi au sein de la fonction publique?
D’ailleurs, le Premier ministre s’est empressé, ce 10 février, de faire sortir un communiqué de presse de plus explicite: «Le Premier ministre, le Dr. Navin Ramgoolam, a donné des instructions formelles pour que la circulaire en date du 21 janvier 2010 qui contient les Human Resources Guidelines et émis par le ministère des Finances, soit retirée.»
Les syndicats de la fonction publique peuvent exulter. Il ne s’agit plus de remettre en question les promotions automatiques et le non-remplacement de ceux qui partent à la retraite, entre autres. C’est une véritable reculade du gouvernement et le triomphe d’un populisme de bas étage. Le régime des privilèges acquis est maintenu pour les fonctionnaires. Pourtant, c’était l’occasion de rendre effective la réforme de la fonction publique. Ce n’est, en fin de compte, que la confirmation que le bel esprit réformiste qu’affiche le gouvernement ne se met en œuvre que lorsque c’est le peuple qui en fait les frais.
Dans un monde où la compétitivité détermine la durée de vie d’une entreprise, on se demande comment toute une classe de salariés peut toujours prétendre à un travail à vie. Ce principe même d’un travail-une vie est un anachronisme qui est une surcharge pour les finances de l’Etat. Sur un plan strictement humain, on sait tous qu’aucun salarié ne peut remplir ses fonctions avec la même assiduité toute une vie. Certes, l’Etat, en tant qu’employeur, offre un cadre de travail différent du privé. Mais ne serait-il pas temps de formuler de nouvelles politiques de mutation et de transfert au sein de la fonction publique pour donner aux individus d’autres défis, d’autres motivations et d’autres raisons de s’investir dans leur travail? Sur quelle logique s’appuie, aujourd’hui, ce principe de sécurité d’emploi? A moins que nous ne voulions d’une fonction publique qui est tellement privilégiée qu’elle peut se permettre de se déconnecter du reste du monde…
Comment aussi expliquer la promotion automatique alors que la compétence et la performance devraient être les seuls critères qui déterminent un tel exercice? On parle certes de l’évaluation de la performance au sein de la fonction publique. Mais permettez-moi d’être perplexe…
Comment enfin accepter un système de quota, souvent sur une base ethnique, pour un pays qui aspire à une modernisation constante? Devrions-nous souffrir d’une fonction publique tirée vers le bas constamment parce que les gouvernants utilisent l’Etat pour caser leurs agents? Ce sont autant de pratiques surannées dont il faut se débarrasser. Mais personne n’a eu le courage de le faire jusqu’ici.
La fonction publique est l’un des leviers permettant de garantir l’intérêt général. Mais nous savons aussi que cette mission d’intérêt général a subi de multiples avatars au fil des années. La fonction publique est surnuméraire. Elle n’a plus besoin d’autant de personnes pour garantir l’intérêt général. Elle ne peut plus devenir la terre d’asile professionnelle pour des agents politiques.
La fonction publique d’un pays est le reflet de la mentalité qui règne au sein de l’Etat. Nul besoin d’en dire davantage…
La fonction publique mauricienne est l’illustration même de la pusillanimité d’un Etat qui se vante d’être réformiste mais qui se révèle le plus conservateur qui soit dès qu’on doit remettre en question ses structures les plus gangrenées…
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