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Tri-cyclonique
Entre les inondations de triste mémoire du 30 mars 2013 qui ont tué 11 personnes et la vraie-fausse alerte d’Edilson qui aura coûté Rs 1 milliard à l’économie, la météo ne sait plus dans quel marc de café lire pour prédire le temps qu’il fera demain. Le challenge pour nos prévisionnistes est d’autant plus grand qu’il touche directement à la vie et à la sécurité des personnes, dans un contexte rendu encore plus difficile, sur trois tableaux au moins :
Géographique : les vulnérabilités des petits États insulaires en développement sont reconnues comme étant uniques et préoccupantes. Maurice et les autres îles du sud-ouest de l’océan Indien sont exposées à des risques grandissants qui sont liés au changement climatique (qui est une réalité qu’on veuille y croire ou non). Selon des experts internationaux qui ont travaillé sur plusieurs scénarios-catastrophes, dans le sillage du tsunami de 2004 qui a fait plus de 200 000 victimes dans l’océan Indien, on note dans la région une intensité croissante et une fréquence en hausse des événements météorologiques ou climatiques extrêmes. Toutefois, ces deux facteurs ne sont plus les principales causes de pertes, soient-elles humaines, économiques ou financières. En effet, le risque augmente davantage en raison du rythme trop rapide du développement qui expose davantage de personnes et de biens aux catastrophes, comme les inondations au Caudan ou les éboulements à Baie-du-Cap.
Économique : Maurice qui doit réduire son déficit budgétaire et son niveau de dette, tout en révisant ses prestations sociales universelles en marge du vieillissement programmé de notre population, n’a pas forcément les ressources nécessaires pour réduire ses vulnérabilités et ainsi développer sa résilience. Notre pays, comme ses voisins de la région, a accusé un retard certain dans la formulation d’une stratégie régionale de réduction des risques liés aux catastrophes. Les mesures prises par les autorités sont trop souvent parcellaires. Ces mesures sont plus adaptées à des situations souvent passées qu’aux risques futurs. Les pertes économiques ont continué à augmenter. Les pertes dues aux catastrophes entravent la réalisation de projets et d’infrastructures de base telles que les écoles, les hôpitaux, l’accès à l’eau potable, l’assainissement des eaux usées et l’amélioration des réseaux routiers.
Politique : lorsqu’une catastrophe survient, le politicien oublie trop souvent que gouverner c’est préparer demain (pas improviser aujourd’hui, comme nous le faisons). Alors il détourne souvent des ressources des budgets de développement pour financer la remise en marche de l’économie. Pourtant des solutions existent en amont. Ainsi, selon un calcul des Nations unies, chaque sou investi dans des mesures de prévention adéquates permet à un pays comme Maurice d’économiser environ quatre sous en aide post-cyclonique. C’est-à-dire que si nous avions de bonnes infrastructures, ce n’est pas un Edilson qui nous clouerait chez nous. Si en Europe et aux États-Unis, on devait ne pas sortir, ne pas travailler, ne pas étudier dans de telles conditions dites cycloniques, plus rien ne fonctionnerait, et les habitants seraient eux-mêmes les premiers à s’en plaindre…
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