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Tué par une attaque aux soins intensifs

14 septembre 2013, 09:05

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Tué par une attaque aux soins intensifs

Devant la porte de soins intensifs (Intensive Care Unit ou ICU) de l’hôpital Candos, des parents d’un patient relativement jeune attendent. A chaque fois que la porte de l’unité s’ouvre, leur angoisse rebondit. Ils craignent qu’on vienne leur annoncer le décès de leur parent, terrassé il y a peu par un accident vasculaire cérébral (AVC ou attaque cérébrale) et qui vient d’obtenir un « cadeau » de Rs 400 000 du gouvernement mauricien pour se faire soigner en Inde.

 

Quand le malade avait été hospitalisé, on avait dit aux parents qu’un des vaisseaux sanguin de son cerveau avait éclaté, provoquant une hémorragie. C’est ce que les Mauriciens appellent une attaque et qui est de plus en plus fréquent dans la population qui compte un haut taux d’hypertendus et de diabétique.

 

« Ene la veine fine casser dans so la tête ». On leur avait aussi prédit une possibilité d’issue fatale. Puis, la victime de l’AVC, après les soins et l’intervention des neurologues et des neurochirurgiens, a repris connaissance. Il s’est mis à parler normalement et c’est à ce moment que le médecin traitant a  dit aux parents que l’Etat a pris des dispositions pour l’envoyer en Inde, accompagné d’un médecin du SAMU, en vue de soins plus poussés. L’Etat dépensera ainsi près de Rs 400 000 pour empêcher la mort de ce patient.

 

Alors les parents ont béni les médecins. Ils ont aussi béni l’Etat providence dans lequel ils vivent.

 

Cependant, hier, vendredi 13 septembre, soit à la veille du départ pour l’Inde, le patient est de nouveau entré dans le coma. La décision de l’envoyer en Inde est repoussée. On a dit aux parents que la possibilité que le patient aille en Inde est considérablement réduite. 

 

Ses risques de mourir sont maintenant très élevés, disent les médecins. La désolation des parents est au paroxysme, surtout quand ils pensent aux dépenses que l’Etat mauricien allait consentir pour l’empêcher de mourir.

 

Ces membres du public ne sauront jamais que si la victime de l’attaque cérébrale meurt, c’est parce que le gouvernement  n’a jamais pris les mesures nécessaires pour qu’on puisse prodiguer aux Mauriciens victimes d’AVC des embolisations  cérébrales dans nos hôpitaux. L’Etat mauricien a préféré un investissement scandaleux dans l’achat de MedPoint au lieu d’investir environ Rs 50 millions pour permettre l’embolisation cérébrale.  Tous ceux qui ont besoin de ce type d’embolisation sont envoyés en Inde.

 

Le hic dans tout cela, ce qu’en cas d’AVC qui donne lieu à une hémorragie cérébrale, l’embolisation doit se réaliser le plus vite possible  pour éviter le vasospasme qui est la principale cause de morbidité neurologique après une hémorragie méningée. Le vasospasme est une contraction des vaisseaux sanguins du cerveau, ce qui provoque un infarctus du cerveau, et la mort de la victime dans la plupart des cas.

 

Le ministère de la Santé dira que les équipements ne suffiront pas à mettre un service d’embolisation cérébrale par cathéter. Il faut tout une équipe, à commencer par des infirmiers et infirmières qualifiés et au moins un neuroradiologue interventionnel.  

 

On n’a pas ce type de super-spécialiste à Maurice et aucun neuroradiologue interventionnel de l’étranger n’acceptera de travailler pour les salaires de misères que le ministère de la Santé offre aux super-spécialistes.

 

Mais il faut se dire que dans le passé, Maurice n’avait pas de cardiologue interventionnel. Maurice n’avait pas des infirmiers et infirmières qualifiés pour s’occuper, en salle de réanimation, de ceux qui ont subi des opérations à cœur ouvert.

 

Ce personnel médical spécialisé a été formé gratuitement avec l’aide des pays amis, dont le CHU de Genève, et des chirurgiens cardiologues de réputation internationale. Maurice pratique avec un haut taux de succès la chirurgie cardiaque interventionnelle, y compris la chirurgie interventionnelle pédiatrique sur des nouveaux nés.

 

La neurochirurgie aurait dû suivre la même voie et on s’étonne devant la résistance de certaines personnes au ministère de la Santé quand il s’agit de développer la neuro chirurgie interventionnelle.

 

Dommage pour ce pays qui cherche à se faire un nom dans le tourisme médical.