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Un acte exceptionnel

10 janvier 2013, 10:16

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Dans un pays où un brouillard opaque entoure les décisions publiques, il est réconfortant de noter la posture résolument transparente du Directeur des poursuites publiques (DPP). Une fois de plus, il a tenu à motiver sa décision dans une affaire qui est très suivie par le public. Il a expliqué, hier, par voie de communiqué, les raisons de fait et de droit qui l’ont conduit à rayer la charge contre Yogida Sawmynaden.

L’attitude de Satyajit Boolell, si elle était suivie, aiderait à sortir le pays de la culture du secret. Au Parlement, les ministres sont de moins en moins bavards à l’heure des interpellations. Les médias voient, de leur côté, leur espace de liberté se rétrécir de jour en jour. Quant au citoyen, il n’a toujours pas droit au «Freedom of Information Act» qui devait lui donner le pouvoir d’interroger les autorités directement.

Il y a un manque d’information sur un grand nombre de dossiers. Cela plonge le pays dans l’obscurité. Il y a une réticence à éclairer les activités et les décisions des personnalités politiques ou des grands commis de l’Etat. Compte tenu de cette opacité pesante, la volonté du DPP de rendre plus lisibles ses décisions mérite d’être saluée.

Dans l’affaire de la photo «volée» qui a permis à Nandanee Soornack de faire irruption dans l’actualité, il convenait d’avancer avec prudence. Le dénouement que le DPP a choisi de donner à l’enquête policière pouvait être mal interprété dans le contexte de la politisation outrancière des institutions. Le DPP ayant opté pour la transparence, ce risque est écarté.

Pourtant, aucune disposition de la Constitution n’oblige le DPP à rendre compte de ses actes ni à la justice ni au Parlement. C’est de son propre chef qu’il explique ses décisions, rompant ainsi avec la tradition de réserve qui caractérisait la fonction qu’il occupe. On est bien loin de l’ère où le DPP pouvait décider en son âme et conscience. En démocratie, le gouvernement a des comptes à rendre aux citoyens. Il est normal, sous un régime démocratique, que les décideurs publics s’expliquent sur la gestion des affaires nationales. Or, motiver ses décisions reste à Maurice un acte exceptionnel.