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Un rêve farfelu

17 juillet 2012, 08:25

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Un premier voyage à Singapour fait prendre conscience de l’hiatus qui existe entre les réalités de cette cité-Etat et les fantasmes mauriciens. Plusieurs de nos dirigeants nous ont seriné ce discours que le modèle singapourien peut ou doit être adapté à Maurice. Mais lorsqu’on se trouve sur place, on ne peut que constater que ce discours est un véritable canular.

Ces convictions peuvent être chevillées à des ambitions personnelles, voire à des frustrations. Parce que nous savons fort bien que nous passons la plupart de notre temps à mettre la poussière sous le tapis. Un refus d’affronter nos carences. Comment peut-on espérer une « singapourisation » de Maurice lorsqu’on n’a pas de vision à long terme ? C’est la principale question à se poser. Car Singapour ne s’est pas fait en un jour. Même s’il est vrai que cette République a obtenu son indépendance en août 1965. Ce n’est pas très loin de la période où Maurice obtenait la sienne. Sauf qu’il y a une différence. Dès son accession à l’indépendance, ce pays s’est attelé à mettre en place un plan sur le long terme. Un plan, c’est une représentation qu’on a dans sa tête. C’est comme si on entrevoyait le futur.

C’est cela le principal déficit de nos dirigeants locaux. Un manque d’imagination, de prévisibilité et d’anticipation. Ceux qui ont ces qualités n’ont pas toujours le pouvoir. Ceux qui l’ont sont plus préoccupés par une gestion au jour le jour. Il y a une fascination du pouvoir dans ce pays qui fait qu’on oublie que le pouvoir est au service du pays. Cela peut paraître candide. Sauf si on voit ce qui se fait ailleurs. Soit un effort constant de modernisation. C’est d’ailleurs la seule manière pour un pays d’emprunter la voie du progrès. Par contre, à Maurice, on passe son temps à faire des calculs et des équations sectaires.

A cet effet, on a des ministres qui ne méritent jamais d’être désignés à ce poste. On a des dynasties qui s’installent dans le personnel politique et dans le monde des affaires. On a des lobbies sectaires qui influent sur des décisions déterminantes. On a des milices et des terroristes sectaires.

C’est ainsi que va l’île Maurice. Alors le rêve singapourien ? Une véritable chimère. Car pour devenir Singapour, il faut une volonté de fer. Un grand dirigeant est un leader capable de dégager un grand dessein. Et non s’évertuer à un processus de crétinisation du peuple. L’effort est commun. La responsabilité est individuelle. Et le sens des valeurs est collectif. Nos dirigeants ont tendance à l’oublier.