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Un vieux film
Lorsque les drames s’enchaînent, inévitablement s’entremêlent une ère de soupçon où s’allie une dose de superstition, un grain de colère et une logorrhée d’incompréhensions. Ceux-ci sont principalement relayés par les radios privées où les auditeurs trouvent une plate-forme pour s’exprimer parfois sous forme d’insultes parfois à travers des propositions constructives. Ceux qui sont ciblés en premier sont les politiques et les services publics. Eternel débat sur les insatisfactions du public à l’égard de ceux qu’il porte au pouvoir. Autrement dit, nous sommes témoins d’une lapidation verbale au quotidien des gouvernants, à tort ou à raison.
L’opinion publique réclame ainsi des têtes. Des comptes. Et de la transparence sans obtenir satisfaction. Face à tant de lobbies et de revendications, les dirigeants ont trouvé la formule magique, soit de faire venir des consultants étrangers. Confrontés aux déceptions et aux frustrations, les gouvernants donnent une réponse qui prend la forme de rapports provenant des Singapouriens, Indiens et Britanniques principalement. C’est la formule magique trouvée par le Premier ministre, Navin Ramgoolam. Finalement, comme c’est souvent le cas, les rapports finissent au fond des tiroirs de quelques ministres et hauts fonctionnaires.
Ce qui alimente les algarades. La rumeur et le doute servent, pour leur part, à corseter un inconscient populaire déjà stérile. Depuis les inondations et les accidents mortels, une colère sourd les échanges publics. On broie du noir. L’avenir devient sombre. Le mythe du désenchantement gagne du terrain. A cela, il faut ajouter le fait qu’une économie chancelante n’assure plus aucune forme de certitudes aux salariés et aux perspectives d’avenir du pays dans son ensemble. C’est ce qui explique, en partie, que les intérêts individuels ont pris le pas sur les priorités de la collectivité. Chacun ne pense qu’à son devenir personnel.
Même les politiques passent leur temps à tenter de tirer profit de la situation. On se tire entre les pattes. Le discrédit de la société politique aurait dû profiter à la société civile. Mais celle-ci, force est de constater, claironne souvent les mêmes enjeux. On reprend les réponses d’hier pour les questions de demain. Dans ce capharnaüm intellectuel, tout le monde semble fatigué et usé. Pour regarder à nouveau un vieux film, il faut qu’il soit inscrit dans notre imaginaire collectif. Autrement, on ne va que vers du neuf.
La société politique et civile mauricienne, elle, dérive vers le déjà-dit. C’est au spectacle d’une île dérivant qu’on assiste. Notre rôle se résume à payer la note. Le contribuable contribue, les gouvernants distribuent. Ceux qui évoquent la réduction du déficit public, la modernisation de l’Etat ou encore la réforme des institutions constatent que leurs voix sont englouties par les arguties ennuyeuses d’un pouvoir adepte de l’immobilisme.
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