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Une autre île Maurice
«La politique et les campagnes politiques sont davantage basées sur les sentiments ethniques et religieux plutôt que sur une question d’idéologie ou de principes», déplore Virginia Blaser, chargée d’affaires de l’ambassade américaine à Maurice en 2009. L’information, datée du 11 août 2009, est parue sur le site Wikileaks et a été reprise par lexpress.mu. Nous savons tous que l’ethnopolitique fait partie intégrante de la scène politique locale. Mais ce qui est gênant dans toute cette histoire, c’est le fait que des étrangers relaient cette réalité sur la scène internationale. Maurice aurait bien pu se passer d’une exposition qui écorne un peu plus son image.
Dans le contexte d’instabilité politique qu’on connaît actuellement, il y a fort à parier que les «guéguerres» politiques reposeront à nouveau sur la realpolitik sectaire. L’indécence vient du fait que chaque partie se renvoie la balle, accusant l’autre d’être l’instigatrice de cet état de déliquescence de la politique mauricienne.
Ce qu’il importe de changer aujourd’hui, c’est la mentalité de nos électeurs. Car on ne peut espérer grand-chose de nos politiques. Une éventuelle réforme électorale aurait pu faire reculer cet élément ethnique de la politique locale. Mais, on sait tous que de réforme, il n’y en aura point. Reste le seul espoir que le Mauricien découvre son identité citoyenne et comprenne que toute la question de l’appartenance ethnique et religieuse relève de sa vie privée.
Il faudrait, à cet effet, saluer l’initiative du photographe Jameel Peerally. Il a eu l’excellente idée de lancer une page Facebook où l’objectif est de réunir «15 000 jeunes pour sauver notre avenir». A mardi dernier, plus de 11 000 internautes étaient déjà inscrits sur cette page du réseau social. L’ébullition qui prend forme autour de cette initiative démontre qu’il y a des citoyens mauriciens qui veulent d’une autre île Maurice. Une île Maurice qui respire une autre citoyenneté. Un pays où les voix conservatrices ne pourront influer sur les événements.
Toutefois, aujourd’hui encore, ces voix rétrogrades ont l’écoute de nos politiques. Certaines ont même la latitude de pouvoir menacer d’autres citoyens. C’est cette île Maurice-là qui est appelée à disparaître. Avec «15 000 jeunes pour sauver notre avenir», on entrevoit une lueur d’espoir. Il faut espérer que le mouvement va grandir. A tel point que les conservateurs deviendraient de simples groupuscules. Que ces jeunes qui ont toujours l’esprit sectaire auraient honte de s’afficher. C’est cette île Maurice-là qui fait rêver.
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