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Une question de vision

2 février 2014, 10:03

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Malgré des niveaux de croissance au-dessous de la moyenne, il est un fait que Maurice a pu jusqu’ici gérer son passage à travers la récession globale. Cela a été rendu possible grâce à une prise de conscience, à partir de 2008, des risques que faisait planer la crise financière, à l’époque, sur l’économie mauricienne. Face au danger qui se profilait à l’horizon, autorités et opérateurs avaient mis leurs différends de côté pour se réunir autour d’une Mauritius Approach.

 

Une initiative qui a donné les résultats escomptés eu égard au nombre d’emplois sauvegardés, alors qu’ailleurs des licenciements étaient légion.

 

Le pays se retrouve aujourd’hui confronté à une autre forme de menace : celle de se retrouver pris au piège du revenu intermédiaire. La nouvelle architecture économique qui semblait émerger de la transition de l’industrie sucrière à une industrie cannière, de la consolidation de l’industrie textile post-accord multifibres, d’une industrie touristique tournée vers l’Est et du dynamisme affiché par les secteurs de la pêche, de l’informatique et des services financiers ne se réalisera pas sans l’apport d’une base solide. D’où la nécessité de régler, et cela de façon durable, les problèmes systémiques qui empêchent Maurice de se propulser vers le statut de pays à revenu élevé. Le cas échéant, ce souhait émis à différents moments par ceux qui se succèdent à l’Hôtel du Gouvernement ne restera finalement qu’un vœu pieux.

 

Le défi qui se pose donc à nous, c’est de développer une stratégie capitalisant sur les avantages que nous confère notre ouverture sur le monde. Le tout articulé autour des forces et des valeurs intrinsèques qui nous ont permis de faire mentir les économistes comme James Meade.

 

Dans ce contexte, il est réconfortant d’apprendre qu’un atelier de travail se penchera, cette semaine, sur l’ébauche d’un plan directeur pour le secteur des services. L’objectif, apprenons-nous, est de transformer Maurice en une économie basée sur les services. Voilà une initiative fort louable qui devra nous permettre « d’identifier de nouveaux secteurs à  potentiel de croissance, d’analyser les contraintes et de définir les mesures pour les éliminer, de définir les besoins en termes de formation, de dresser un bilan du travail accompli à ce jour au niveau de la promotion de l’exportation des services tout en y proposant un cadre régulateur».

 

Cette démarche visant à définir une vision pour favoriser le développement du secteur des services devrait être, du moins nous le souhaitons vivement, qu’une étape dans l’élaboration d’un plan plus large pouvant hisser le pays à un niveau supérieur de son développement.

 

Ce ne sont pas les moyens qui nous manquent, mais plutôt une réelle volonté d’avancer. Si Maurice n’a pas été terrassé par la crise globale, c’est parce que les dirigeants, quel que soit le régime, ont su, il faut le reconnaître, prendre les bonnes vagues et cela au bon moment.

 

Saurons-nous en faire de même aujourd’hui en tirant avantage de notre taille qui nous offre une plus grande flexibilité et une capacité d’adaptation ?

 

La question se pose alors que nombre de nos jeunes compatriotes se retrouvent sans emploi, tandis que le vieillissement de la population pèse comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Pour éviter d’y répondre, nous devons impérativement prendre les devants en procédant à une évaluation de notre modèle de déve-loppement basé sur les expériences du 20e siècle. Un exercice qui nous permettra sans doute de découvrir que cette structure n’est plus soutenable dans la présente conjoncture économique mondiale.

 

Les changements au niveau sociétal témoignent d’ailleurs de la nécessité, pour ne pas dire de l’urgence, de repenser notre modèle économique afin de s’assurer d’une meilleure répartition du gâteau national. Cela dit, nous devons faire très attention en nous lançant dans cette quête. Car le pays n’a pas besoin d’un énième rapport qui ira dormir dans un tiroir, mais d’un dialogue national constructif pouvant mener à un consensus général qui se déclinera dans une vision claire indiquant la voie à suivre vers une meilleure île Maurice.