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Vendez vous votre rein ?

27 juin 2013, 09:33

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Vendez vous votre rein ?

( For English version , please click here )

 

Des richissimes malades leurrant les pauvres de la classe laborieuse à vendre leurs organes, principalement leurs reins, est aujourd'hui considéré comme un crime moral qui implique une exploitation impitoyable de la pauvreté des donneurs au profit de cette minorité de riches.

 



De tels actes d'exploitation, qui s'accompagnent également de vol d'organes, sont désormais des faits quotidiens dans certains pays de l'Est, d'Amérique du Sud et de l'Asie, notamment le Népal, les Philippines et l'Inde.

 


Ce sont probablement ces types de dérives que les parlementaires mauriciens, principalement ceux de l'opposition, avaient en tête mardi dernier lors de leur intervention sur le projet de loi sur la transplantation, le HUMAN TISSUE (REMOVAL, PRESERVATION AND TRANSPLANT) AMENDMENT BILL qui a été adopté finalement à l'unanimité.

 



Mais dans quelle mesure la loi peut-elle empêcher le commerce d'organes humains ? Pendant combien de temps encore les médecins vont-ils s'accrocher à l'éthique biomédicale dans cette île où l'enrichissement rapide et à tout prix est devenu la principale préoccupation de tout un peuple ?

 



Qui ne se souvient pas du cas de ce documentariste canadien Ric Esther Bienstock, réalisatrice du documentaire «Tales from the Organ Trade ». Au départ, elle estimait résolument que le commerce des organes humains est moralement inacceptable et constitue un crime.

 



Cependant, son éthique biomédicale va  vaciller au fur et à mesure qu'elle plonge dans ce monde du marché noir des organes humain, estimé à 600 millions de dollars par an. En côtoyant, dans ce monde clandestin, des donneurs d'une pauvreté absolue, des intermédiaires sordides, des chirurgiens mercenaires et des patients désespérément malade et qui payent jusqu'à 100 000 dollars pour un rein, Ric Esther Bienstock va changer d'avis.

 


"Si je sais que je vais perdre ma maison et qu'en vendant un de mes reins, je pourrais éviter sa saisie et sauver en même temps la vie d'une personne, est-ce que je refuserai de vendre ? Je crois que je vendrai le rein » devait-elle affirmer publiquement.

 


Maurice a su, avec un succès énorme, mettre fin au commerce du sang. D'aucuns se souviendront de l'époque où des donneurs de sang professionnels ou encore des intermédiaires de ce sordide commerce se groupaient devant la porte des hôpitaux pour proposer leur sang, souvent à fort prix, aux parents des malades nécessitant des transfusions.

 


Ces scènes dégoûtantes ont été chassées de notre quotidien et aujourd'hui, la totalité du sang utilisé dans nos hôpitaux et cliniques provient des dons volontaires.

 


Est-ce qu'on aura le même succès avec le don d'organe ? C'est une entreprise qui risque d'être plus difficile et hasardeuse face à ce nombre grandissant de médecins qui travaillent aujourd'hui pour de l'argent, rien que de l'argent.

 


Il y a cependant une lueur d'espoir. Les dérives dans le monde des transplantations d'organes ont pour origine une base de données facilement disponible aux trafiquants. La confidentialité autour de cette base de donnée s'est détériorée à tel point dans certains pays que les gens hésitent  même à donner du sang quand ils appartiennent à un groupe rare, de peu que leurs données soient connues des trafiquants.

 


Il y a  par exemple le groupe sanguin Bombay, avec une fréquence d'un sur un million de personne dans la population européenne.

 


En Inde, des personnes appartenant à ce groupe vivent dans la peur d'être enlevées et de voir leurs organes être retirés dans des cliniques clandestines.

 


Le Dr Ravindranath Seppan, alors qu'il était membre influent de l'association des médecins de Chennai pour l'égalité sociale devait admettre que : "les riches de l'Inde se tournent vers les pauvres pour pouvoir gagner quelques années de vie de plus".

 


Mais Maurice n'est pas l'Inde. L'île dispose de tous les moyens pour empêcher le trafic d'organe si les bonnes mesures sont prises au départ même. L'adoption par le Parlement du projet de loi n'a été qu'un premier pas. Le plus difficile est à venir, car Maurice n'est en ce moment pas prêt du tout pour des dons et des transplantations d'organes à grande échelle.

 

 

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