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16 août 2009, 06:29

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Les perceptions sont ce qu’elles sont. La presse contribue peut être, en ce moment même, à communiquer à la population un sentiment de panique au sujet de la grippe A. Nous devons rester vigilants. Toutefois, céder à la panique n’aidera en rien le pays à prévenir les décès liés à la grippe A, encore moins à empêcher la propagation du virus.

Rappelons d’abord quelques faits. En commençant par celui qui parait le plus alarmant : 25 % à 50 % de la population du pays pourraient, à terme, être affectés par la grippe A. Et 4 % des personnes infectées courront le risque de mourir de complications liées à la maladie. Toutefois, rien ne dit que le pire scénario se concrétisera. La souche locale du virus est peu virulente. Elle n’a tué, jusqu’ici, que des personnes qui, semble-t-il, faisaient partie des groupes à risque. C’est un facteur rassurant à prendre en compte.

Malgré tout, des milliers de Mauriciens contracteront le virus dans les mois à venir. On ne pourra pas l’empêcher. Mais nous pouvons agir. Pour nous convaincre de ce dont nous sommes capables, il nous faut regarder nos performances passées. L’éradication de la malaria et du chikungunya à Maurice doit nous rappeler qu’en temps de crise, le pays possède plus de ressources qu’on ne peut le soupçonner. En 1950, plus de quatre décès sur dix sont directement imputables à la malaria à Maurice. Le taux est de 71 % en 1947 ! Mais déjà, à partir de 1956, les hôpitaux n’enregistrent plus aucun décès lié à la malaria. En 1973, l’Organisation mondiale de la santé décrète que Maurice est « free from malaria ». Des 398 cas de malaria détectés à Maurice depuis l’année 2000, un seul a été contracté au pays. Comment expliquer cette performance qui nous vaut d’être cités en exemple dans le monde ? Une administration volontariste a multiplié les campagnes de dépistage et de  démoustication. Une population responsable et coopérative a fait le reste du travail.

Plus près de nous, en 2006, le pays a encore une fois relevé un défi colossal. Celui du combat contre le chikungunya. Selon les statistiques officielles, au moins 11 000  Mauriciens ont été infectés par cette maladie début 2006. Toutefois, depuis août de cette annéelà, plus aucun cas n’a été répertorié. On se rappelle tous de l’intense campagne nationale contre le moustique Aedes. On se souvient tous de la manière dont la moindre accumulation d’eau avait été traquée pour terrasser cette maladie qui avait mis le secteur du tourisme à genoux pendant presque un semestre. Ce défi, nous l’avons également relevé. Ensemble.

Par contre, l’épreuve qui nous attend cette fois est autre. Il ne s’agit pas de déclarer la guerre à un moustique. Mais à nous-mêmes. Nous sommes les vecteurs de la grippe A. Et nous devons agir pour l’empêcher de se propager.  Le ministère de la Santé a déjà fait  circuler un nombre important de précautions à prendre pour ne pas être infecté ou ne pas infecter les autres. En pages 8-9, Pov rappelle, à travers ses dessins, quelques précautions élémentaires à suivre en toute circonstance. Cette épidémie est en fait un test. Un test du sens de la citoyenneté et de la responsabilité de chacun. Cela implique toute une série de changements dans nos comportements.

Il faut abandonner les réflexes snobinards. Si après trois jours de traitement dans le privé, notre grippe ne part toujours pas, la bonne chose à faire n’est pas d’aller à la clinique, mais bien à l’hôpital. Se laver les mains régulièrement n’est plus un simple geste d’hygiène personnelle. Il devient également l’effort individuel de chaque personne contre la maladie. Si nous sommes grippés, restons chez nous. En ne cédant pas à la tentation d’aller à tel mariage ou tel cocktail.

Un patron d’entreprise a également le choix. Il peut, soit accepter de laisser une partie de ses employés prendre un, deux, voire trois jours de congé maladie pour soigner leur grippe. Soit leur imposer de venir travailler et courir le risque de voir toute son équipe infectée – à terme - par la maladie. Le réflexe citoyen, c’est aussi ne pas céder à la facilité de croire que c’est au gouvernement de tout régler. Et qu’à défaut de pouvoir le faire, les autorités nous cachent la vérité. Quand bien même cela serait vrai. Même si, pour ne pas alarmer la population, le ministère de la Santé diminue le nombre de cas répertoriés de grippe A par deux, il nous faut rester vigilants. En prenant toutes les précautions qui sont ressassées à longueur de journée. Devant l’ampleur du défi qui nous attend, vous pouvez choisir de faire partie de la solution en faisant tout ce que vous pouvez pour empêcher la propagation de la maladie. Ou vous placer dans la position de spectateur impuissant,offusqué par l’inefficacité des diverses administrations. C’est à vous de voir…

Rabin BHUJUN