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Ça y est. C’est fait!
En religion, il faut avoir la foi. Pour faire entendre sa voix au sein de la société, il faut savoir faire un peu de politique. Le père Grégoire, en mettant ses mains sur les épaules de Bérenger et de Ramgoolam, ne fait pas autre chose.
Pour le deuxième anniversaire de son mouvement, la Fédération Créoles Mauriciens (FCM), Jocelyn Grégoire a choisi d’installer autour de lui les deux dirigeants politiques les plus puissants actuellement. Au-delà du sens de communication qui habite l’homme d’église, il y a, dans son initiative à cette occasion, un réel désir de légitimation de son discours et de son action. C’est ce qu’il est parvenu à faire en réunissant les leaders rouge et mauve.
Ceux qui critiquent le prêtre, qui se sacrifierait à l’autel du mainstream qu’incarnent des mouvements comme les Sanathan Dharma Temples Federation, l’Union Musulmane ou la Voix Créole, apprécieront encore moins sa démarche. Mais ne dit-on pas souvent que, pour changer un système, il faut se battre à l’intérieur de ce système? Le père Grégoire est, aujourd’hui, l’un des principaux relais des revendications des créoles. S’il veut remplir son rôle, il se doit de participer à un jeu qui n’est pas toujours valorisant…
On pourrait sortir toute une brassée d'arguments pour faire la démonstration que la FCM se laisse gagner par une logique partisane propre aux mouvements sectaires. Mais ce serait réducteur.
Quelles que soient les motivations du père Grégoire, il faut lui reconnaître le mérite de mettre sur le tapis un certain nombre de questions qui auraient dû avoir fait l’objet de débats depuis longtemps déjà. Les jobards de la classe politique traditionnelle ne verront dans cette image, réunissant Bérenger, Grégoire et Ramgoolam, que de vains jeux sur les éventuelles alliances. Ceux qui désapprouvent, dans le fond, les actions du prêtre feront preuve du même autisme identitaire.
Le fait est que, derrière la problématique créole, se pose une série de questions sur des dysfonctionnements propres à la société mauricienne. La communauté créole sent, depuis quelque temps déjà, ce désir d’être traité comme un groupe distinct, à l’image des autres groupes ethniques du pays.
C’est légitime. Mais, dans l’idéal, on aurait souhaité que l’Etat et les puissants de ce pays cessent de voir dans les individus des êtres ethniques.
En faisant, désormais, valoir sa valeur ethnique, la communauté créole liquide, dans une certaine mesure, l’espoir d’une citoyenneté pleine qui s’exprimerait librement au sein d’une République séculière. Car cette communauté incarne des valeurs et un idéal d’ouverture qui auraient pu propulser tout le monde vers la décomposition de l’être ethnique.
Aujourd’hui, la FCM a gagné une bataille vers la reconnaissance. Il ne faut, cependant, pas lui imputer une nouvelle défaite de l’esprit citoyen. Elle ne fait que suivre le mouvement.
C’est, à présent, fait! La République mauricienne n’est composée que de communautés et non d’individus et de citoyens…
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