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Projet de désextinction
Ils veulent réveiller le dodo
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Projet de désextinction
Ils veulent réveiller le dodo
Beth Shapiro, membre du Scientific Advisory Board de Colossal Biosciences et paléogénéticienne en chef, aux côtés de Matt James, Chief Animal Officer chez Colossal Biosciences.
Colossal Biosciences a entrepris un projet révolutionnaire visant à ressusciter notre dodo, se positionnant ainsi à la pointe de la technologie de la désextinction. C’est une nouvelle qui a fait le buzz à la fois à Maurice et dans le monde entier. Un pari fou. La Mauritius Wildlife Foundation et Colossal Biosciences ont signé un accord pour démarrer concrètement le projet, mais aussi pour aider à la protection du pigeon rose mauricien, un oiseau endémique en danger de disparition.
Le parcours de Colossal Biosciences a démarré avec les projets de désextinction du mammouth laineux et du thylacine, également appelé loup marsupial, loup de Tasmanie ou tigre de Tasmanie. Le choix logique suivant était un oiseau, étant donné leur statut parmi les espèces les plus menacées. Selon Beth Shapiro, membre du Scientific Advisory Board de Colossal Biosciences et paléogénéticienne en chef, les oiseaux ont un besoin urgent de biotechnologies avancées pour les aider à s’adapter à des habitats en rapide évolution. Le dodo, symbole emblématique de l’extinction causée par l’homme, a été choisi pour son importance historique et culturelle unique. «Le choix du dodo est également aligné avec les intérêts personnels d’un des principaux scientifiques du projet, fasciné par cette espèce depuis ses études doctorales. Ayant travaillé sur le dodo à Maurice depuis 2006, ses recherches ont révélé que le dodo était étroitement lié aux pigeons, ajoutant une couche intrigante à l’effort de désextinction», explique Matt James, le Chief Animal Officer chez Colossal Biosciences.
Le projet de désextinction du dodo en est encore à ses débuts, avec de nombreux obstacles scientifiques à surmonter. «L’objectif principal est de développer des méthodes pour cultiver des cellules germinales primordiales, qui deviendront soit des spermatozoïdes, soit des ovules. Extraire ces cellules des embryons d’oiseaux en développement et les cultiver dans des conditions optimales est une première étape cruciale. Ces cellules seront ensuite modifiées génétiquement pour transformer un pigeon Nicobar, le parent vivant le plus proche du dodo, en un oiseau ressemblant au dodo», souligne Beth Shapiro. En parallèle de ces efforts, Colossal Biosciences collecte des données génétiques de diverses espèces de pigeons, y compris le dodo et le solitaire. En comparant les génomes, les chercheurs visent à identifier les traits génétiques spécifiques qui définissaient le dodo, ouvrant ainsi la voie à une édition génétique précise.
Pourra-t-on voir gambader le dodo dans nos forêts dans un futur pas trop lointain ? C’est le pari fou lancé par les scientifiques.
Un aspect significatif du projet implique la collaboration avec la Mauritius Wildlife Foundation et d’autres partenaires locaux. «Comprendre les attitudes et les comportements autour de l’extinction du dodo est crucial pour façonner les efforts de restauration. Le projet vise également à utiliser ces nouvelles technologies pour prévenir d’autres extinctions, en commençant par le sauvetage génétique du pigeon rose», relate Matt James. Lors d’une récente visite à Maurice, l’équipe de Colossal, accueillie par des écologistes locaux, a exploré des sites potentiels pour de futurs habitats de dodos. Ces sites incluent l’île-aux-Aigrettes, l’île Ronde et le Parc National des Gorges de la Rivière-Noire. Les scientifiques ont mis en lumière l’importance de la restauration des habitats et le potentiel d’intégration des populations de dodos restaurées dans ces environnements.
Le processus de désextinction est divisé en deux phases principales. La première consiste à identifier les modifications génétiques nécessaires, à cultiver des cellules germinales primordiales et à modifier ces cellules pour produire des oiseaux semblables au dodo. La deuxième phase se concentre sur la restauration des habitats et la préparation des écosystèmes pour soutenir les dodos réintroduits. Cela inclut une collaboration étroite avec des groupes de conservation locaux et des responsables gouvernementaux pour assurer une transition en douceur des soins en captivité à une éventuelle libération dans la nature.
Le parcours de Colossal Biosciences a démarré avec les projets de désextinction du mammouth laineux et du tigre de Tasmanie.
Le projet fait face à de nombreux défis scientifiques, techniques et réglementaires. De la culture des cellules germinales primordiales à l’identification des traits génétiques clés et à la compréhension de la manière dont les dodos interagiront avec leur environnement, chaque étape présente ses propres difficultés. Cependant, l’équipe reste optimiste, croyant que l’expertise combinée et le dévouement de leurs collaborateurs aideront à surmonter ces obstacles.
Colossal Biosciences est principalement financé par des investisseurs traditionnels et des investisseurs à impact des États-Unis. Ces investisseurs sont motivés à la fois par les rendements potentiels et par l’opportunité de soutenir des technologies innovantes. «L’objectif ultime est d’établir une population florissante de dodos dans la nature, contribuant à restaurer les interactions écologiques à Maurice. À court terme, l’accent est mis sur l’application de ces technologies à d’autres espèces d’oiseaux en danger et sur l’accélération des efforts de restauration des habitats en cours», explique Beth Shapiro.
Le projet a été critiqué, notamment en ce qui concerne l’allocation des fonds. Les détracteurs soutiennent que les méthodes de conservation traditionnelles devraient recevoir plus de soutien. La réponse de Colossal Biosciences est que leurs sources de financement, principalement intéressées par les technologies innovantes, n’auraient pas autrement soutenu les efforts de conservation conventionnels. En stimulant l’investissement technologique et économique dans la conservation, le projet vise à compléter et à améliorer les approches existantes.
Le voyage pour ressusciter le dodo est un engagement à vie pour les dirigeants du projet. Bien qu’il n’y ait pas de calendrier précis, l’équipe s’engage à progresser régulièrement et à surprendre le monde avec leurs réalisations.
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