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Kronik KC Ranzé
Interrogations
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Kronik KC Ranzé
Interrogations
Si on consolide le point de vue de tous les défaitistes économiques de la nation, on finit avec quoi ? Certains n’aiment pas le sucre, disent que c’est un ‘poison’ alimentaire et parlent de la fin de cette industrie; d’autres évoquent sa ‘non-nécessité’. On arrête ? Bagasse avec ? Ou, au contraire, devrions-nous chercher des voies pour y ajouter encore plus de valeur ? Il est vrai que nous semblons être maintenant à court d’un Maurice Paturau…
D’autres trouvent qu’il n’y a pas d’avenir dans le thé. D’autres encore sont contre l’exportation des macaques vers des laboratoires de recherche, le Parti travailliste se proposant même d’imposer une taxe spéciale sur cette activité et de la ‘phase out’ alors que ça marche pourtant bien! C’est malin ça, vous croyez ? Par ailleurs, des ONG étrangères bien intentionnées ne cessent d’essayer de culpabiliser Maurice pour son activité «inhumaine», alors que chez eux-mêmes, on produit et on exporte, par exemple… des armes qui tuent non pas des singes, mais des humains !
Il y a aussi le lobby contre le ‘bétonnage’ du pays pour les smart cities et autres IRS et qui veut que l’on arrête le développement hôtelier qui nous prive de nos plages… qui disparaissent de toute manière. En l’absence d’activités autres qui nous rapporteraient d’autres devises, ces idées me paraissent relever du délire et de ressembler plutôt à une recette pour l’automutilation !
À entendre un autre groupe passablement xénophobe, il faudrait cesser l’ouverture migratoire du pays, que ce soit vis-à-vis des étudiants, des retraités, de nouveaux investisseurs (parce qu’ils déstabilisent, par ailleurs, le marché interne de la domesticité !) ou même des travailleurs qui aident pourtant crucialement à rouler aujourd’hui les chantiers de construction, les supermarchés ou les usines de la zone franche… cette dernière activité étant d’ailleurs régulièrement cataloguée comme une ‘sunset industry’ !
Il nous resterait quoi alors ? Le commerce, les importations et la consommation à tout-va ? Alimentés en cela par un budget social de plus en plus généreux ? L’avenir du Forex qu’il faudra néanmoins toujours gagner pour pouvoir consommer sera assuré comment ? Par d’immenses plantations de blé et de riz ? Avec de vastes troupeaux de vaches laitières ? Ce que même Cuba ne semble pas avoir réussi ! Par l’économie bleue ? Par des prières les unes plus sincères que les autres, mais possiblement pas très ‘productives’ ? Par des services financiers ‘offshore’ pour tous ceux qui auront été licenciés par d’autres secteurs ? Par d’autres activités de service ? Par Big Pharma, qui tient pour le moment encore, du mirage ? Par une roupie dévoyée au max, que l’on imprimerait à tour de bras ? Par la quête aux dons chez nos ‘amis’ indiens, américains ou chinois ?
Ces débats ont déjà, en partie, eu lieu (*). Il suffirait maintenant de s’activer, messieurs ! Et ne vous y trompez pas : les réformes doivent être tant globales que cohérentes !
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Ça vous arrive sûrement, comme moi, de regarder le ciel la nuit ? À première vue, il paraît que ce n’est pas très différent du ciel d’il y a 100 ans, ou plus. Les étoiles se trouvent presque à la même place, à la même saison. Il y a certainement plus de pollution lumineuse qui nous empêche de plonger notre regard dans l’encre de la nuit, avec autant de bonheur qu’auparavant, mais, en fait, il s’en passe des choses là-haut !
Longtemps un domaine réservé des agences spatiales russes, américaines et européennes, de nombreux nouveaux pays ainsi que nombre de compagnies privées se sont lancés plus récemment dans la conquête du ciel. Pas du tout innocemment. Pas toujours sans dégâts. Elon Musk, Jeff Bezos et Richard Branson y ont investi beaucoup de temps et d’argent, mais à quelles fins ? Avoir la tête dans les étoiles permet-il d’avoir toujours les pieds sur terre, ou sommes-nous lancés dans des aventures futiles pour essayer d’échapper aux dégâts que nous forçons pourtant nous-mêmes sur notre planète ? Mars ? Vraiment ?
Quand on évoque les communications et en particulier l’Internet, on a tendance à penser aux câbles à fibre optique sous-marins. Les nôtres s’appellent METISS, LION, T3, MARS ou SAFE, par exemple. Cependant la dépendance de l’humanité sur les satellites à basse altitude augmente très rapidement. En guise d’illustration, un Européen moyen utilise, quotidiennement, les services d’une cinquantaine de satellites ! Google Maps, la synchronisation des feux de signalisation, le téléphone cellulaire, la télévision, la gestion des avions dans le ciel ou les retraits bancaires sur ATM dépendent tous de relais satellitaires fiables…
Le premier satellite est russe et date de 1957. Les satellites géostationnaires à 36 000 kilomètres au-dessus de notre planète, qui desservent des régions précises de manière continue, sont les premiers à s’installer ; mais la demande s’emballe par la suite, notamment pour l’Internet, et c’est en orbite basse, à 500 km et plus au-dessus de nos têtes, que le nombre de satellites explose et notamment grâce à des intérêts commerciaux privés. Il y avait 4 800 satellites en 2021, ils sont 7 000 actuellement, ils seront 27 000 en 2030 ! À ce jour, c’est Starlink, la compagnie d’Elon Musk, qui mène le bal. La véritable toile d’araignée que Musk construit au-dessus de la planète, avec l’ambition déclarée de nous connecter tous, y compris dans les endroits les plus reculés et les moins habités, est le résultat de l’envoi d’un peu plus que 5 000 satellites Starlink, en orbite basse, sur les quatre dernières années.
Ce chiffre représente presque 50 % de tous les satellites lancés depuis 1957, ce qui soulève quelques questions d’ailleurs sur le contrôle ultime des satellites cruciaux par des intérêts privés ; Starlink étant maintenant un sous-contracteur attitré de la NASA. C’est pendant les années Obama que les États-Unis concrétisent l’idée de privatiser une partie du satellitaire. Ce qui a, d’ailleurs, fait étalage d’une remarquable capacité d’innovation et d’économies spectaculaires, notamment avec SpaceX et ses remarquables fusées réutilisables Falcon 9 ! (**)
Il faut savoir que les orbites géostationnaires sont réglementées pour donner une chance à chaque pays de servir ses besoins (Maurice a-t-elle quelques créneaux ?), mais qu’en orbite basse, c’est le principe du ‘premier arrivé, premier servi’ ; ce qui explique la fringale actuelle de s’y installer au plus vite. Starlink a ainsi des ambitions de poster éventuellement 42 000 satellites au-dessus de nos têtes. Ses usines de Seattle fabriquent actuellement huit satellites par jour ! Amazon, Télé Sat, One Web et d’autres sont dans la course…
Cette frénésie satellitaire promet des défis inédits, comme les risques de collision et la gestion des débris qui polluent déjà de plus en plus l’espace. L’Union internationale des télécommunications (UIT) ne régule que les fréquences radio des satellites en orbite basse et pas grand-chose d’autre pour le moment… Ça va peut-être venir, mais en attendant, les appétits économiques se déchaînent et sont en avance, comme toujours, sur la régulation! Dans son livre Les saccageurs de l’espace, Raphaël Chevrier, nous cite, par exemple, la demande opportuniste et étonnante du Rwanda (encore eux !) auprès de l’UIT pour lancer, tenez-vous bien, 327 230 satellites en orbite basse au cours des prochaines années ! Cette demande cache évidemment un entrepreneur qui essaie de bloquer de la ressource, jusqu’ici gratuite ! Ce qui n’est pas sans rappeler les années formatrices de l’Internet, où les plus futés anticipaient et enregistraient des domain names presque gratuitement…
Mais les débris dans l’espace, ça inquiète déjà ! Selon l’Agence européenne de l’espace, il y a déjà 36 000 débris de satellites de plus de 10 centimètres, plus de 1 million de plus de 1 centimètre et 130 milliards de petits débris de plus de 1 millimètre entre 500 et 800 km au-dessus de nous et s’il est vrai qu’il reste encore beaucoup d’espace là-haut; les dégâts causés par des débris voyageant à 7/8 km/seconde augmentent et pourraient un jour déclencher le syndrome de Kessler, c.-à-d., des collisions qui s’enchaînent sans s’arrêter, causant des dégâts considérables (***). On estime déjà que Starlink opère 135 manoeuvres quotidiennes pour éviter des collisions à ses satellites et que tout nouveau satellite lancé aujourd’hui a déjà 8 % de (mal)chance de subir une collision durant sa vie active ! C’est sans compter l’arme atomique que Poutine projetterait d’utiliser contre les satellites !
Tout va clairement se compliquer là-haut aussi !
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J’ai été favorablement impressionné par la vitesse et la justesse avec laquelle le pont qui était ‘criminellement’ sur la route d’un camion un peu trop épais, a été enlevé et un passage piétons installé à Roche-Bois. Honneur aussi à ceux qui préparent une zone maritime protégée aux Chagos d’autant que la «communication sera ouverte, la prise de décision inclusive et la gouvernance transparente», nous dit-on avec force. Comme à Agaléga ? Il suffirait, peut-être, de rendre l’accord avec l’Inde public ?
(*) L'express.mu l About the Tourist Industry: Lindsay Collen VS Philippe A Forget
(**) SpaceX l Falcon 9
(***) Loopsider l Le syndrome de Kessler, une réaction en chaîne, des conséquence critiques
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