Publicité

À découvrir

JessKa : une voix à l’effet papillon

29 avril 2024, 20:25

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

JessKa : une voix à l’effet papillon

Deux facettes de JessKa, qui a tenu à montrer toute l’étendue de ses capacités vocales.

Grave et puissante. La voix de JessKa a des faux airs de Tracy Chapman. Entre créations originales et reprises, la chanteuse a montré l’étendue de sa palette vocale et la diversité de son style. C’était le vendredi 26 avril au Golf Links Course à Belle Mare. La sortie du single «Trésor» est prévue pour le 2 mai prochain.

Une décision, une multitude de répercussions. A l’écoute, pour la première fois, de cette voix grave et puissante en live, une réaction s’impose. Mais où était-on donc JessKa depuis tout ce temps ? Avec franchise, une heure avant de monter sur scène, la chanteuse confie : «Je n’étais pas prête, je manquais de maturité. Je n’avais jamais chanté de manière professionnelle.»

Vendredi, au Golf Links Course à Belle-Mare, c’était plus qu’une soirée de lancement pour cette nouvelle voix qui cherche sa place dans le paysage musical. «Cette soirée est symbolique: à 43 ans, c’est ma naissance, alors que tout le monde commence à 15-17 ans. Il n’est jamais trop tard.»

Maman de deux enfants, une fille âgée de bientôt 14 ans et un fils de 11 ans, la chanteuse JessKa, de son vrai nom Jessica Gopaul Vallet, confie : «Je me suis rendu compte que mes enfants ne m’appartiennent pas. Un jour, ils partiront. Quand j’ai compris ça, j’ai pleuré dessus.» Ensuite, elle en a discuté avec eux. En leur disant, carrément, «je ne vais pas vous laisser me bloquer». Son objectif : vivre son rêve. Et par son exemple, les inspirer.

Avant d’en arriver à cette soirée de lancement qui s’est donné les moyens d’être féerique – avec une rivière en arrière-plan, des effets de lumière sur les arbres donnant l’impression qu’ils bougent et un rideau de feux d’artifice à la fin, sans oublier les compétences techniques d’Ichos Productions – JessKa a passé neuf ans en Afrique du Sud. D’abord pour des études, ensuite pour le travail. Avant cela, elle avait commencé à chanter dès son jeune âge dans une chorale. «Je suis une fille de l’Est, je suis née à Flacq. J’habite à Constance.» Durant ces années de jeunesse, JessKa ne chante que du gospel. En Afrique du Sud, avec des musiciens, ils montent un groupe qui fait des reprises. A son retour à Maurice en 2007, elle chante à l’hôtel Belle-Mare Plage pendant «six à sept mois. Il n’y avait que moi et ma guitare». Jusqu’à ce qu’elle rencontre son mari. Range ses activités de chanteuse pour faire deux enfants. Et gère l’agence événementielle Events by Bedouin, avec location de marquise, sonorisation, lumières et feux d’artifices.

Pendant les années sans chanter, «j’étais malheureuse», dit-elle sans hésiter. Mais sa plume était restée active. «Chez moi, tout commence par un poème.» Il y a de cela un an et demi, «fin décembre, je dis à ma fille de m’aider à mettre de l’ordre dans mon armoire». Elles tombent sur une boite rangée avec les chaussures, où l’artiste a conservé ses textes. Dans la boite, il y avait aussi «toutes les petites cartes que mes enfants m’ont offertes pour la fête des mères, depuis l’école maternelle». En fouillant sous la pile, sa fille lui demande «c’est quoi tous ces papiers ?» Réponse de la maman, «ce sont toutes mes chansons depuis 1999». Réaction de l’adolescente : «Heureusement que tu me l’as dit. S’il t’étais arrivé quelque chose, j’aurais brûlé tous ces papiers.»

Suffoquant presque, la mère de famille n’ose imaginer la catastrophe. «Quoi, vous allez bruler mes chansons ? Ce n’est pas possible, c’est mon vécu.» Sa fille lui assène:«Mais il n’y a que toi qui sait que c’est des chansons.» Cette petite phrase pousse JessKa à s’entourer de musiciens. «Cela m’a pris trois-quatre mois pour me lancer.» Au départ, elle ne souhaitait enregistrer ses chansons que pour «les immortaliser pour mes enfants». A force de travailler avec les musiciens «tout le monde m’a dit que cela ne pouvait pas en rester là». Un conseil qu’elle a suivi.

Vendredi, JessKa nous a donc ouvert un univers rempli de papillons. Il y en avait à foison dans le décor de la soirée de lancement. L’artiste nous montre le tatouage en forme de papillon en-dessous de l’un de ses poignets. «Le papillon c’est la métamorphose», dit-elle. Son amie Christelle Lalagüe qui assiste à l’entretien ajoute : «elle a été chrysalide pendant 40 ans». JessKa reprend la parole, explique que le papillon est synonyme de liberté. «Ils ne se posent pas sur des ordures. Pour avoir des papillons il faut cultiver son jardin. Cela me parle. Il faut que je fasse un travail sur moi-même pour arriver à un bon résultat. Maintenant, the sky is the limit.»

Son nom d’artiste, JessKa a été choisi pour son côté guerrier, qui correspond au tempérament de l’artiste. «Tout le monde a un passé. A toutes les étapes de la vie, il faut se battre. C’est mon amie (NdlR : Christelle Lalagüe) qui a choisi ce nom d’artiste. Je ne voulais pas utiliser Jessica, c’est trop commun», ajoute-t-elle.

Il fallait un nom qui claque, pour cette voix qui a assez de coffre pour attaquer Set fire to the rain d’Adèle. Au cours de son tour de chant, JessKa a mis un point d’honneur à montrer toute l’étendue de sa palette vocale. «Depuis deux-trois semaines je peux tout chanter», s’amuse-t-elle. Dans l’assistance, nous croiserons sa coach vocale.

Outre les reprises, le répertoire volontairement varié c’est pour «que vous vous disiez à chaque chanson: ah bon c’est la même personne ? » explique-t-elle. Il y a du rock, du reggae, de la chanson en kreol. Le titre Grande-Rivière-Sud-Est parle de son enfance. Dans ses chansons, il est beaucoup question de la famille. Un signe que le papillon ne demande qu’à quitter le cocon.