Après les tentatives infructueuses de la Financial Intelligence Unit, qui a essuyé un revers en Cour suprême mercredi avec l’ordre de dégel des biens de l’homme d’affaires Danesh Ellayah, enter la commission anti-corruption pour enquêter sur les transactions de Mauritius Telecom (MT). Danesh Ellayah, ancien cadre de Huawei Technologies, son ancien assistant Sundeep Kumar Rambhojun, ainsi que trois hauts cadres de Mauritius Telecom, Yogendresing Soobul, Chief Innovation Officer, Chandra Kumar Ramkissoon, Head Mobile Services, et Dharmadutt Gokulsing, Head of Sourcing and Supply Chain, ont été arrêtés après leur interpellation à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) hier matin. Ils ont tous retrouvé la liberté conditionnelle après avoir fourni une caution. Cette enquête concerne les appareils «Smart-Box» qui ont été fournis à MT par la compagnie de Danesh Ellayah.

Danesh Ellayah est arrivé dans les locaux de l’ICAC hier matin en compagnie des enquêteurs, qui en grand nombre sont eux-mêmes allés le récupérer pour son interpellation. Fait étrange, car le principal concerné semble n’avoir pas été mis au courant de ce rendez-vous. Après plus d’une heure d’interrogatoire, durant lequel l’ICAC l’accuse de corruption autour de l’attribution de plusieurs contrats à la compagnie de Danesh Ellayah et sur le prix auquel il a fourni ces équipements, Danesh Ellayah et les quatre autres ont été placés en état d’arrestation.

Danesh Ellayah et Sundeep Kumar Rambhojun font face à des charges provisoires de corruption d’agent, tandis que les trois hauts cadres de MT répondent d’une accusation provisoire d’utilisation abusive de leur fonction à des fins de gratification. Les deux premiers ont comparu devant le tribunal de Rose-Hill, et les trois autres devant celui de Port-Louis. Danesh Ellayah et Sundeep Kumar Rambhojun ont dû fournir une caution de Rs 15 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 50 000 chacun, tandis que les trois employés de MT ont dû payer chacun une caution de Rs 50 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 200 000. Les enquêteurs de l’ICAC n’ont pas objecté à leur liberté conditionnelle. Ils pourraient toutefois retourner à l’ICAC à une date ultérieure pour la suite de l’interrogatoire.

Pour rappel, Danesh Ellayah avait été arrêté il y a une dizaine de jours lors de la troisième arrestation et inculpation provisoire de Sherry Singh, dans ses démêlés avec le gouvernement et Mauritius Telecom. La Cour suprême lui a donné gain de cause concernant un Freezing Order sur ses comptes et les sociétés opérées par la Financial Intelligence Unit. À sa sortie du tribunal, Danesh Ellayah, visiblement agacé par ces agissements, n’a pas souhaité faire de commentaires à ce stade. Les motifs qui sous-tendent ces arrestations multiples sont aussi variés que complexes : pots-de-vin, détournement de fonds, collusion avec des fonctionnaires corrompus, et bien d’autres encore. Une fois de plus, l’ICAC semble avoir rassemblé des preuves substantielles et étayé ses accusations de manière convaincante, «beyond reasonable doubt», puisqu’il y a eu des charges provisoires. Pourtant, la suite des procédures judiciaires qui suivent ces arrestations pourrait encore s’étirer indéfiniment. Comme dans plusieurs autres cas, ces accusations seront-elles rayées par manque de preuves tangibles, et les enquêtes qui, au lieu de déboucher sur une conclusion rapide, s’éterniseront-elles pendant des années ?