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Droits humains
La longue route vers l’acceptation…
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Droits humains
La longue route vers l’acceptation…
YQA a organisé un symposium pour célébrer les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme le 7 décembre.
Le 4 octobre 2023, la Cour suprême jugeait l’article 250 du Code pénal anticonstitutionnel et déclarait que, désormais, la sodomie entre hommes adultes consentants ne constituait pas un crime. Une victoire après une bataille qui aura duré 18 ans. Cependant, force est de constater que le chemin vers l’acceptation sera difficile.
Peu après la victoire de la communauté LGBT en justice, la Marche des fiertés a été organisée par le Collectif Arc-en-Ciel (CAEC). Une forte mobilisation policière avait été mise en place pour contrer les dérapages. D’ailleurs, comme tous les ans, un petit groupe avait organisé une contremanifestation. Quelques jours plus tard, le mariage d’Ibrahim Subdurally, un Mauricien établi en Angleterre, avait été évoqué dans un lieu de culte par un religieux.
Par la suite, toute sa famille a fait l’objet de pressions, insultes et menaces. Ce qui fait dire à Dhana Goundan, directrice de Young Queer Alliance (YQA), que cette victoire, qui s’était tant fait attendre, n’avait pas plu à tout le monde. «Une persécution a suivi, on ne peut pas nier cela. Que ce soit en ligne ou dans la rue, c’était le cas. Il y avait toujours un groupe qui était contre car ce jugement allait contre les croyances. Donc, ils se sont attaqués aux plus vulnérables de la communauté.»
Cependant, le tableau n’est pas totalement noir. Gérémi Espiègle, 22 ans, explique que depuis que le jugement est tombé, il a constaté un changement dans l’approche, surtout des jeunes. «Dans ma vie personnelle, cela n’a pas changé grandchose, mais nous sommes quand même très contents de cette avancée. J’espère que cela est un début vers d’autres changements positifs plus conséquents.»
Gérémi Espiègle dit avoir constaté un changement dans l’approche, surtout des jeunes, depuis que le jugement est tombé.
Ryan Ah Seek, le plaignant dans l’affaire constitutionnelle et président du CAEC, est du même avis. «Cette victoire a été largement couverte par les médias, donc, forcément, il y a aussi eu des commentaires négatifs. Mais n’oublions pas que nous avons eu un énorme soutien de la société aussi.» Pour lui, c’est un pas de géant vers une société plus inclusive et, depuis le jugement, beaucoup d’homosexuels se sentent plus en sécurité et sous la protection de la loi. «Cela a fait que nous avons notre place dans le pays.»
Mais cette victoire ne représente pas la fin du combat, précise-t-il. Elle a mis 18 ans à arriver et il espère que le reste arrivera plus vite. «En ce moment, nous nous concentrons sur les droits de la communauté des transsexuels en particulier. Leur existence n’est mentionnée nulle part, dans aucune loi. Cela fait qu’ils rencontrent des problèmes dans tous les aspects quotidiens de leur vie, qu ce soit au niveau médical, légal ou administratif», fait-il ressortir.
Au-delà de ça, il y a toujours la violence physique dont ils sont victimes. Ryan Ah-Seek revient sur le cas d’un transsexuel qui était à la gym, avec un look d’homme, et qui s’était fait malmener car il était entré dans les toilettes des filles car administrativement, la personne est toujours reconnue comme une femme. «Il a été attaqué. Le problème aurait été le même s’il était parti dans les toilettes des hommes. Ce sont des problèmes qu’il faut régler au plus vite.»
Comment amener ce changement ? Dhana Goundan avance que tout doit passer par une éducation adéquate. «Les gens ont droit à leurs croyances. Ils ont le droit de ne pas tout accepter. Mais faut-il critiquer à tout-va ? Quand faut-il garder son opinion pour soi ? Et surtout, comment ne pas être agressif… C’est tout ce volet éducatif qu’il faut désormais entreprendre.»
D’ailleurs, Najeeb Fokeerbux, président et fondateur de YQA, avait abordé ce sujet lors du symposium organisé par l’ONG pour célébrer les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le changement, avait-il dit dans son discours d’ouverture, n’arrivera pas simplement avec une bataille légale. «Il était important pour nous de nous assurer que le changement des mentalités accompagne le procès en cour (…) Ce jugement, qui est une pierre angulaire dans la lutte pour l’égalité, la dignité, la liberté et la justice pour la communauté LGBTQI à Maurice, a redéfini la manière dont les Mauriciens, l’administration et la justice doivent percevoir les droits de la communauté LGBTQI.»
Ce changement interviendra donc avec une éducation de la société qui doit aborder le sujet au-delà des relations sexuelles entre personnes du même sexe. Si le jugement sur l’article 250 a été considéré comme une avancée, force est de constater qu’il faudra du temps avant d’avoir des droits égaux pour la communauté trans et le droit à l’union, entre autres.
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