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La Presse et la Refondation de notre Constitution
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La Presse et la Refondation de notre Constitution
En cette journée mondiale de l’information, alors que le monde célèbre le rôle indispensable de la vérité dans nos sociétés, il est impératif de réfléchir à la manière dont le journalisme peut contribuer à façonner un avenir meilleur pour une IIe République. Car depuis son Indépendance, Maurice a hérité d’une Constitution façonnée par ses anciens colonisateurs britanniques, un cadre juridique qui, bien qu’il ait permis à la jeune nation de se stabiliser, ne reflète plus les aspirations d’une société en constante évolution, et dont le recensement qualitatif a été freiné depuis 1982.
À n’en point douter, la presse mauricienne, qui existe bien avant le débarquement des Anglais, a un rôle tout aussi crucial à jouer dans la «mauricianisation» de notre Constitution. Le journalisme peut aider à nourrir le débat sur la nécessité de repenser notre fondement juridique et à envisager un nouvel avenir économique et durable pour la République de Maurice.
La Constitution de Maurice, adoptée dans les années 1960, a certes posé les bases de notre démocratie, mais elle est avant tout le produit d’un compromis entre les puissances coloniales et les élites locales de l’époque. Contrairement à d’autres pays qui ont rédigé leur propre charte à travers des processus démocratiques et participatifs, Maurice a hérité d’un texte conçu pour maintenir un statu quo politique et social.
Or, aujourd’hui, plus d’un demi-siècle après notre Indépendance, cette Constitution ne répond plus aux besoins d’une société qui se veut plus égalitaire, plus représentative et plus durable. La presse, en tant que contre-pouvoir, a le devoir d’éclairer les failles de ce cadre juridique hérité. En apportant une analyse critique, elle peut révéler la nécessité de repenser certaines clauses obsolètes et de les adapter aux aspirations d’une nation moderne et souveraine.
Le journalisme, par sa capacité à donner la parole à une pluralité de voix (pas celles qui nous divisent ou qui nous clouent au ras des pâquerettes, mais celles qui nous élèvent), est un outil précieux dans la construction du débat public. Il est le lien entre le peuple et ses institutions, un médiateur essentiel dans toute réflexion sur le changement. Dans un contexte où les discours populistes et les désinformations tendent à brouiller les pistes, les journalistes doivent se positionner en tant que gardiens des faits et de la vérité.
La presse mauricienne peut ainsi contribuer à la refonte de notre Constitution en soulignant les failles actuelles et en facilitant un dialogue national sur les réformes nécessaires. Par exemple, l’une des lacunes majeures de notre Constitution est l’absence d’un préambule clair qui reflète nos valeurs en tant que nation indépendante. Un préambule ne se contente pas de poser des bases légales, il inscrit les valeurs morales et éthiques d’un peuple dans son texte fondateur. La presse pourrait jouer un rôle en mettant en avant ce manque et en encourageant un dialogue sur la manière dont un tel préambule pourrait inclure des valeurs universelles telles que la protection des droits humains, l’égalité des chances et la durabilité environnementale.
En plus de la nécessité de moderniser la structure de la Constitution, il est impératif de reconnaître que celle-ci doit également inclure des dispositions pour répondre aux défis économiques et écologiques d’aujourd’hui. Maurice, comme tant d’autres nations insulaires, est confrontée aux effets dévastateurs du changement climatique, une menace qui doit être intégrée dans les fondements mêmes de notre gouvernance.
Les journalistes d’information et d’opinion, par leur rôle d’enquêteurs et d’analystes, peuvent aider à sensibiliser le public aux implications du développement durable dans le cadre constitutionnel. Ils peuvent mettre en lumière les insuffisances actuelles en matière de protection environnementale et d’économie circulaire, et encourager un débat sur la manière dont la Constitution pourrait être modifiée pour garantir la survie de Maurice face aux crises écologiques. Par exemple, la France a intégré une Charte de l’environnement dans sa Constitution en 2004, offrant ainsi un modèle sur lequel Maurice pourrait s’inspirer.
En outre, la presse doit mettre en évidence les possibilités de réformes économiques qui s’alignent avec les réalités mondiales actuelles. Maurice ne peut plus se permettre de se reposer uniquement sur des secteurs économiques traditionnels. Une diversification de l’économie, basée sur les nouvelles technologies, les énergies renouvelables et les industries à haute valeur ajoutée, est essentielle pour assurer un avenir prospère. Le journalisme peut jouer un rôle clé en exposant les idées novatrices et en questionnant les politiques actuelles qui freinent cette transition économique.
Démocratie participative
La refonte de la Constitution ne doit pas se limiter aux élites politiques ou aux experts juridiques. Il est essentiel que ce processus soit véritablement participatif, impliquant l’ensemble de la population mauricienne. La presse peut s’assurer que les voix de tous et toutes, y compris celles des plus vulnérables, soient entendues. À travers des reportages, des tribunes, et des plateformes de discussion publiques, les journalistes peuvent encourager un dialogue inclusif sur la direction que doit prendre le pays.
En ce sens, la presse a un rôle éducatif à jouer. Trop souvent, la complexité des débats constitutionnels laisse le citoyen lambda à l’écart. En simplifiant et en vulgarisant ces sujets, tout en conservant la rigueur nécessaire, le journalisme peut rendre ces discussions accessibles à tous et permettre à chaque citoyen de participer pleinement à la refonte de notre avenir commun, au-delà des élections qui ne scrutent pas plus loin que les cinq ans d’un mandat...
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