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Questions à Soodesh Callichurn, ministre du Travail

«La relativité salariale : Un impératif de justice sociale»

28 septembre 2024, 11:00

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«La relativité salariale : Un impératif de justice sociale»

Monsieur le ministre, pourquoi le réajustement de la relativité salariale était-il nécessaire en cette fin d’année 2024 ?

Le réajustement était indispensable suite à l’augmentation significative du salaire minimum en décembre 2023, qui est passé de Rs 11 575 à Rs 16 500, soit une hausse de Rs 4 925. Cette augmentation a créé des distorsions majeures dans l’échelle salariale, entraînant des situations où des travailleurs avec des années de service différentes, voire des catégories professionnelles distinctes, touchaient presque les mêmes salaires. Cette compression des écarts salariaux devait être corrigée pour maintenir un équilibre juste entre les travailleurs.

Comment expliquez-vous la résistance de Business Mauritius à cette réforme ?

Il est vrai que Business Mauritius a rejeté le rapport Grading and Pay Structure en mars 2024, qui incluait ces ajustements. Pourtant, au départ, ils avaient accepté l’idée d’une application sectorielle de la relativité, même si cela impliquait des coûts supplémentaires. Mais au fil du temps, ils ont commencé à contester la méthodologie et le fait que ce soit le ministère du Travail qui amende les 32 Regulations existantes. Ils affirment aujourd’hui que nous aurions dû passer par le National Remuneration Board (NRB), malgré le fait que la loi accorde au ministère les pouvoirs nécessaires pour faire ces ajustements.

Vous parlez d’un désaccord juridique. Business Mauritius, sur conseil de ses conseillers juridiques, a même conseillé à ses membres de ne pas appliquer la relativité salariale...

Je tiens à souligner que toutes les dispositions légales ont été suivies, et ce, avec l’approbation du State Law Office (SLO). Il n’existe aucun ordre de la cour qui soutienne leur position. En refusant d’appliquer ces ajustements, Business Mauritius met en péril le tissu social et risque de provoquer des crises industrielles, avec des travailleurs poussés sous le seuil de pauvreté dans un contexte déjà marqué par la cherté de la vie. Leur attitude est irresponsable, car elle fragilise le pacte social qui a toujours maintenu une paix relative dans nos relations industrielles.

Dans un tel contexte, quelle est la réaction de la plupart des entreprises du secteur privé ?

D’après nos informations, une majorité de compagnies, notamment dans les secteurs portuaire, manufacturier et hôtelier, sont prêtes à appliquer la relativité salariale. Dès début octobre, nous lancerons une inspection générale pour nous assurer que l’ajustement a bien été effectué sur les salaires de septembre 2024.

Le patronat semble faire valoir que certains employés ne sont pas couverts par les «Remuneration Regulations». Qu’en est-il ?

C’est contradictoire. Récemment, ils insistaient pour que nous passions par le NRB pour les ajustements, et maintenant, ils disent que le NRB n’a pas de légitimité pour certains employés. Notre position est claire : tous les travailleurs, qu’ils soient couverts ou non par un Remuneration Regulation, doivent bénéficier de ces ajustements.

Vous mentionnez la volonté de poursuivre le dialogue social. Est-ce toujours possible face à une telle opposition du privé ?

Nous avons toujours privilégié le dialogue social. Ce différend ne changera pas nos principes. Nous resterons à l’écoute de tous les partenaires sociaux, mais notre priorité demeure le bien-être des travailleurs. Une société juste et équitable doit savoir partager ses richesses, surtout dans une période de reprise économique où beaucoup d’entreprises affichent des profits colossaux. Il est normal que les travailleurs, véritables artisans de ces succès, en bénéficient également.

(L’entretien a été réalisé jeudi.)


Mars 2024 : Le rapport Grading and Pay Structure, incluant l’ajustement de la relativité salariale, est soumis.

  • Le rapport est rejeté «in toto» par Business Mauritius.

  • Business Mauritius accepte initialement que la relativité soit appliquée sur une base sectorielle, malgré un coût d’implémentation plus élevé.

Août 2024 : Dans un comité technique dirigé par le Premier ministre, Business Mauritius est d’accord avec la méthodologie et l’application via des Regulations faites par le ministère du Travail.

  • Par la suite, Business Mauritius conteste la méthodologie et le fait que le ministère du Travail amende les 32 Regulations existantes.

  • Business Mauritius affirme que le processus aurait dû passer par le NRB, bien que l’Employment Relations Act (sections 94 & 106) donne au ministre le pouvoir de faire ces Regulations.

Septembre 2024 : Business Mauritius déclare que le processus de création des Regulations ne respecterait pas les normes légales.

23 septembre 2024 : Business Mauritius envoie une lettre demandant à ses membres de ne pas payer les ajustements de la relativité salariale.

Aides de l’État au secteur privé :

  • Pendant la période Covid, via le Govt Wage Assistance Scheme (GWAS), pour aider les entreprises à payer les salaires et préserver l’emploi.

  • Aide pour payer la compensation salariale (toujours en vigueur).

  • Aide pour payer l’augmentation significative du salaire minimum.

Début octobre 2024 : Le ministère du Travail effectuera une inspection générale pour vérifier que l’ajustement de relativité salariale a été appliqué sur les salaires de septembre 2024.