Publicité
Naufrage du «Wakashio»
La transcription des échanges dévoile les zones d’ombre
Par
Partager cet article
Naufrage du «Wakashio»
La transcription des échanges dévoile les zones d’ombre
L’immersion précipitée de la partie avant du «Wakashio» demeure mystérieuse pour Bruneau Laurette. (Ci-contre) Extrait de la transcription des échanges entre la NCG et le «Wakashio», le 25 juillet 2020, avant l’échouement.
Bruneau Laurette se pose des questions en ce qui concerne les réelles motivations derrière le «cover-up» sur la catastrophe du «Wakashio». Mis à part les responsabilités sur la pollution par 1 000 tonnes de fioul, nous cache-t-on un trafic de drogue, se demande-t-il toujours.
Le refus du gouvernement de rendre public le rapport de la cour d’investigation sur le naufrage du MV Wakashio s’est encore ajouté aux soupçons. Il y avait la visite d’un proche du pouvoir sur le navire échoué et bien d’autres faits troublants entourant ce naufrage. Cependant, la pollution causée par le vraquier et, surtout, la négligence démontrée par les autorités pour éviter que le navire répande son carburant dans le lagon et sur terre avaient vite fait de faire passer au deuxième plan la raison de l’accostage du Wakashio à Pointe-d’Esny, en juillet 2020.
Mais pourquoi ce navire s’est-il aventuré si près de nos côtes ? Selon le rapport des enquêtes au Japon et au Panama, le capitaine voulait permettre aux marins de capter le réseau mobile mauricien pour qu’ils puissent communiquer avec leur famille. «Faux !», martèle Bruneau Laurette dans une vidéo diffusée dimanche sur le Net, dans laquelle il revient sur le naufrage du 25 juillet 2020, à 19 h 25, du vraquier battant pavillon panaméen et appartenant à la compagnie japonaise Mitsui OSK Lines. «Ils auraient pu utiliser la communication par satellite.» Aussi, dit-il citant le Japan Transport Safety Board, le réseau mobile peut être capté à dix kilomètres des côtes. «Pourquoi le Wakashio s’est-il approché à 1,7 km de nos côtes ?» En fait, selon lui, il est possible que si le Wakashio re-cherchait le réseau local, c’était pour pouvoir communiquer avec des contacts sans être détecté. «L’usage de la communication satellitaire aurait alerté la compagnie affréteuse qui avait mis la communication satellitaire au service des marins du navire, gratuitement.»
Trop de coïncidences en si peu de temps
Selon ces deux rapports d’enquêtes, le capitaine indien, Sunil Kumar Nandeshwar, avait ordonné à son second de s’approcher de notre île pour capter notre réseau, juste avant la célébration de l’anniversaire d’un des membres d’équipage. Cependant, sa gentillesse et les verres de whisky qu’il avait pris n’étaient pas les seules causes de l’accident, qui a aussi été provoqué par l’étourderie du second quand celui-ci a mal jugé la direction prise par le navire. Ce n’est pas tout. Le second ne s’est pas non plus rendu compte que le navire se dirigeait directement vers un banc de sable parce qu’il était occupé avec son portable. Et le capitaine ? Même s’il est retourné sur le pont, il n’a pas vu le danger venir. Il y a plus.
L’Electronic Chart Display and Information System ne fut d’aucune aide au capitaine et à son second car, ont-ils avancé, la carte ne montrait pas les détails de l’endroit. Bruneau Laurette rappelle que, selon les lois et pratiques maritimes, on n’organise des fêtes à bord qu’en haute mer et jamais si près des côtes pour des raisons évidentes de sécurité. Pour lui, il y a eu trop de coïncidences
Autre fait relevé par l’activiste : alors que Pravind Jugnauth avait affirmé, le 28 août 2020, au Parlement, que «the National Coast Guard contacted MV Wakashio from 18.15 hours on five occasions before it went aground at 19.25 hours, on 25 July 2020», selon la page 2 de la transcription des échanges sur laquelle il a pu mettre la main, il n’y a en fait aucune communication entre la National Coast Guard (NCG) et le Wakashio avant l’échouement (voir document). Cette absence de communication, ajoute-t-il, vient contredire également l’ex-assistant surintendant de police Roshan Kokil qui a affirmé que si le Voyage Data Recorder (VDR) du Wakashio était vide, ce n’était pas parce que la NCG n’avait pas essayé d’entrer en communication avec le vraquier, mais parce que le VDR était éteint, branché sur une autre fréquence, que son antenne était déconnectée ou alors que le volume du VDR était baissé.
Transferts en masse
Selon Bruneau Laurette, s’il y avait eu une tentative de communication de la part de la NCG et qui avait échoué, la transcription aurait dû l’indiquer. Pour lui, l’absence de tentatives de la part de la NCG d’entrer en contact avec le Wakashio prouve que le Premier ministre a induit le Parlement en erreur le 28 août 2020, mais, plus important, que l’on a donné libre accès au Wakashio «pou li fer saki li bizin fer». Il nous invite à revoir la chronologie des événements. Le 21 juillet 2020, le Wakashio change de trajectoire pour prendre la direction de Maurice. Le 22 juillet, les Intelligent Officers d’une unité de la police sont alertés de l’arrivée d’une grosse cargaison de drogue. Le 23, le Wakashio pénètre dans nos eaux territoriales. Le 24, ces officiers sont mutés vers une autre unité. Le 24, le Wakashio s’échoue à Pointe-d’Esny.
L’activiste indique que le Wakashio avait opéré pendant un an entre l’Asie du Sud-Est et l’Australie et que, en 2020, il allait vers le Brésil, en particulier au port de Tubarao dans l’État d’Espirito Santo, réputé pour être un port de drogue. Dans ces zones, dit-il, des saisies de stupéfiants ont été effectuées sur des navires, la drogue étant cachée sous la coque «surtout à l’avant. Et par coïncidence, c’est cette partie du Wakashio qui a été coulée en haute mer». Bruneau Laurette rappelle que l’immersion de la proue du Wakashio a été faite contre les recommandations du ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui avait demandé d’attendre l’arrivée d’experts français avant de saborder la proue du Wakashio. «On n’a pas attendu leur arrivée», dit-il, tout en rappelant que, selon le rapport du Japan Transport Safety Board, c’est bien l’État mauricien qui a ordonné le sabordage de la proue du Wakashio en haute mer. Bruneau Laurette se demande si le gouvernement avait peur que l’on retrouve de la drogue dans la proue du Wakashio. Il parle aussi de la mort mystérieuse de plusieurs dauphins. Morts d’overdose, avons-nous demandé hier à Laurette. «Au peuple de juger.» Pour rappel, les résultats des nécropsies de ces dauphins n’ont jamais été communiqués.
«What will I do when I get the money?»
Une conversation du capitaine, enregistrée par le VDR du navire juste avant le naufrage à 19 h 18, est rapportée : «If we cannot get it now, then we will not get it.» Ce qui fait dire à Laurette que le capitaine était en attente d’un deal. À 19 h 21, le capitaine s’est demandé : «Now, what will I do when I get the money?» À 19 h 36, juste après l’échouement, on l’entend dire : «Call everybody; remove all these…» Bruneau Laurette se demande si le capitaine parlait de la drogue qui n’avait pu être livrée aux trois embarcations qui étaient à proximité du Wakashio. C’est pourquoi l’activiste pense que si le gouvernement a décidé de couler l’avant du Wakashio, ce serait pour que les plongeurs de Smit Salvage Ltd ne découvrent pas de drogue dans la partie avant du navire.
Bruneau Laurette rejette l’information selon laquelle le Wakashio s’est brisé en deux le 16 août 2020. Pour lui, si la structure du vraquier a bien été endommagée, elle ne s’est pas brisée. En fait, dit-il, on avait entendu la veille, soit le 15 août, des détonations venant de l’épave. «On aura séparé les deux parties dans le but d’exécuter l’ordre du gouvernement de se débarrasser de la partie avant du navire.» Et de montrer des vidéos où l’on peut voir des lueurs d’explosions sur le navire. «La personne qui m’a remis cette vidéo avait reçu des menaces des autorités.» Il est d’avis que le gouvernement a agi avec la complicité de l’affréteur et du propriétaire du Wakashio. Il trouve étrange que le gouvernement mauricien ait choisi de nommer Junichiro Ikeda, le président de Mitsui OSK Lines, comme consul honoraire de Maurice au Japon. Cela, 14 jours avant la publication du rapport du Japan Transport Safety Board sur ce naufrage.
Publicité
Les plus récents