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Environnement │Décès d’une tortue marine
Laissez ces animaux en paix
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Environnement │Décès d’une tortue marine
Laissez ces animaux en paix
[Photo: AFP]
Le terrible sort de cette tortue marine a suscité de vives émotions sur les réseaux sociaux et dans la presse. Malgré les efforts des autorités pour la sauver, ses blessures, causées par les hélices d’un bateau, étaient trop graves. Cependant, Hugues Vitry, président de l’Organisation de conservation de la mégafaune marine (MMCO), souligne que cette tortue n’est malheureusement pas la première victime de ces actes malveillants en mer. Quant à Adi Teelock, militante de l’environnement, elle demande instamment aux autorités de réagir face à ce problème croissant.
Dans les régions côtières de l’île, les excursions visant à rencontrer les animaux marins se vendent comme de petits pains. Dans l’Ouest, les dauphins sont souvent proposés comme attractions, tandis que dans le Nord, ce sont les tortues marines. «J’ai déjà vu quelques skippers prendre des morceaux de pain et les jeter à un endroit spécifique pour attirer les tortues marines. Ils ne se rendent pas compte qu’ils perturbent l’écosystème en leur donnant du pain. Cette pratique est illégale, mais tout est possible pour satisfaire les touristes et même les locaux moyennant une somme d’argent. Que font les autorités ?», s’insurge un responsable d’une association pour la protection de la faune et la flore. En réponse à ce problème, le 25 janvier 2022, le ministère de l’Économie bleue, des ressources marines, de la pêche et de la navigation a émis une interdiction formelle : il est désormais défendu de nager, de nourrir ou de perturber les tortues marines dans les eaux mauriciennes.
Dans la réalité, la situation n’est pas aussi simple. Hugues Vitry explique : «Les autorités ont émis des consignes, mais personne ne les respecte.» Il révèle que la MMCO avait l’intention de placer des panneaux sur les plages pour sensibiliser au respect des tortues marines qui vivent dans ces eaux spécifiques. «Nous demandions aux plaisanciers de ralentir leurs bateaux et aux visiteurs de respecter ces espaces, mais notre demande a été rejetée par Beach Authority. Pourtant, il s’agissait simplement de panneaux informatifs, comme on en trouve en Afrique du Sud ou en Australie, expliquant aux gens comment observer les tortues ou les dauphins sans les perturber. C’est crucial car les tortues, étant amphibies, doivent remonter à la surface pour respirer. Mais l’autorité a estimé que cela prendrait trop de place sur la plage. On nous refuse le droit d’agir alors que nous voulons contribuer à la préservation de notre plage et de notre lagon.»
Revenant sur l’événement tragique, Hugues Vitry souligne qu’il y a plusieurs collisions entre les bateaux et les tortues marines, mais que cela ne représente que la partie visible de l’iceberg. «Nous rencontrons régulièrement des tortues blessées sous l’eau et certaines finissent même par mourir, devenant la proie des requins hors du lagon.» Cependant, il insiste sur le fait qu’il y a des personnes bien intentionnées dans ce genre de situations. «Je connais quelqu’un à Trou-aux-Biches qui intervient souvent contre les braconniers et récupère les tortues qu’ils ont capturées.» Il exprime sa crainte que de telles situations ne conduisent à une diminution des espèces de la faune mauricienne, faisant référence notamment aux cateaux verts. «Heureusement, des amoureux de la nature les ont sauvés. Dans la forêt de Macchabée, il n’en restait que neuf. Aujourd’hui, après plus de 30 ans, on en retrouve un peu partout. Malheureusement, les captures reprennent et il ne faut pas oublier la menace des corbeaux qui mangent leurs œufs.» Pour ce qui est des tortues marines, il demande davantage de vigilance en mer, notamment concernant les hélices qui les blessent. «Surtout, il est essentiel que les plaisanciers et les skippers respectent les limitations dans les lagons.»
De son côté, Adi Teelock soulève des questions sur les lois entourant la protection de ces animaux marins. «Il existe des règlements qui mettent en garde ceux qui s’approchent de trop près des dauphins, des baleines ou des cachalots. Cependant, leur application pose problème. Chacun se renvoie la responsabilité. Lorsqu’on demande quelle autorité doit surveiller les bateaux qui s’approchent de trop près ou laquelle observe ceux qui nourrissent les tortues, c’est le flou total.» Elle ajoute que les particuliers ont également un rôle à jouer dans cette affaire. «Il est nécessaire de veiller à ce que les prestataires de services respectent les règlements. Si, sur la terre ferme, les autorités sévissent en donnant des contraventions pour des voitures mal garées, pourquoi en mer les mesures sont-elles différentes ?», s’interroge-t-elle.
Elle souligne également la présence fréquente de dauphins et de cachalots dans les eaux mauriciennes. «Certes, ils évoluent en profondeur, mais ils ressentent tout de même du stress lorsque les personnes s’approchent trop près d’eux. On les harcèle alors qu’ils viennent de mettre bas et qu’ils protègent leurs petits.» Les compagnies, les plaisanciers et les skippers doivent assumer leurs responsabilités, maintient Adi Teelock. «Il est nécessaire d’avoir des règlements plus stricts et d’imposer des amendes élevées en cas d’infraction et de récidive.» En espérant que les autorités accordent davantage d’importance à ce problème à l’avenir…
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