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Interview de... Tania Diolle
«L’alliance avec le PMSD a été contre-productive»
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Interview de... Tania Diolle
«L’alliance avec le PMSD a été contre-productive»
«L’ultime coup a été le blocage mal avisé des réseaux sociaux»
Après la lourde défaite de l’Alliance Lepep, les candidats battus se sont murés dans le silence. Certains ont fait de timides sorties sur les réseaux sociaux, d’autres ont laissé des messages laconiques sur leur avenir politique. Mais Tania Diolle, elle, a choisi de répondre aux questions hier, même si elle se préparait à célébrer son anniversaire ce jourlà. L’ancienne députée de la circonscription no 18 (Belle-Rose – Quatre-Bornes) parle sans détour du 60-0, le terrain qui glisse ou encore, sa mutation dans la circonscription no 14 (Savanne - Rivière-Noire).
Cela fait maintenant 11 jours que les résultats ont été proclamés. Vous avez eu le temps de trouver une explication à ce 60-0 ?
J’y ai réfléchi et j’en ai discuté longuement avec des amis. J’en ai tiré plusieurs conclusions et explications. Tout d’abord, il y a l’usure du pouvoir. Puis, il y a eu les éléments accélérateurs, notamment l’alliance avec le PMSD suivie de la nomination d’Adrien Duval comme speaker. De l’autre côté, le fait que le MMM et le PTr se soient alliés à Rezistans ek Alternativ a apporté beaucoup de crédibilité à leur proposition de changement. Il y a aussi eu ce qui ressemble à des ‘révélations’ de Missie Moustass. Cela a eu un énorme impact sur les Mauriciens de toutes les communautés, castes et classes sociales. L’ultime coup d’arrêt a été le blocage mal avisé des réseaux sociaux.
Avec le recul, que retenez-vous de la défaite de votre alliance ?
Je retiens une leçon. J’espère que mes anciens collègues du gouvernement l’ont aussi retenue et que le nouveau gouvernement la retiendra. Le peuple est souverain et il ne faut jamais sous-estimer son silence. Son silence en dit toujours long !
Avez-vous senti le terrain glisser pour l’Alliance Lepep pendant la campagne ?
Oui, je l’ai senti avant la dissolution du Parlement et encore plus après, avec le blocage des réseaux sociaux. Mais je ne devais rien montrer, pour ne pas démotiver nos partisans. Je gardais un tout petit espoir d’être élue. Je n’imaginais cependant pas un 60-0.
En toute franchise, avez-vous cru jusqu’au bout que vous serez élue au no 14 après moins de cinq semaines de campagne ?
J’y ai cru puisqu’on me le répétait tous les jours et d’autre part je ne connaissais pas suffisamment le no. 14 pour pouvoir avoir une idée claire de la situation. Je dois avouer que ce n’était pas la même organisation ou ambiance qu’au no.18 où j’avais toute une organisation déjà en place autour de moi. Cela m’avait pris cinq années à mettre sur pied.
Si la direction de l’Alliance Lepep vous avait maintenue au no 18, croyez-vous que vous auriez pu faire la différence ?
Sincèrement, je pense que j’aurais pu recueillir beaucoup de votes de sympathie. De plus, la capacité d’organisation du MPM au no 18 m’aurait rapporté un meilleur pourcentage. Des habitants que je continue à rencontrer me le disent encore. J’ai aussi une influence qui dépasse le no 18. Malheureusement on m’a envoyé en terre inconnue. Au no 18, aucune porte ne m’était fermée. Qui sait, à défaut d’y être élue, même à la 3e place, j’aurais pu y être repêchée comme Best Loser. Or, celui ou celle qui ne jurait que par l’apport du PMSD et de Xavier-Luc Duval ne voulait pas entendre mes protestations que j’ai dû d’ailleurs mettre en sourdine. Même les colistiers prenaient à tort Xavier-Luc Duval pour le messie. A la fin, l’alliance avec le PMSD a été contre-productive…
Votre mentor a fini quatrième après avoir été député au no 14 pendant 42 ans. Vous avez été sur le terrain avec lui. Comment expliquez-vous ce rejet ?
Il y a eu une vague qui ne l’a pas épargné. Il a beaucoup fait pendant sa longue carrière et il mérite nos meilleurs vœux et notre respect. Il conserve toujours beaucoup de soutien des habitants du no.14. J’ai vu sa connexion avec ses mandants. Il a beaucoup donné à cette circonscription.
Pravind Jugnauth a mis l’accent sur son bilan et les promesses électorales. Vous avez eu des échos des raisons pour lesquelles cela n’a pas accroché ?
Avant la dissolution du Parlement, beaucoup de mes mandants me disaient qu’ils ne pensaient pas qu’un Premier ministre doit faire trois mandats consécutifs. J’ai toujours eu la chance d’avoir une relation très franche avec mes mandants. Aussi, la réaction des membres de l’Alliance Lepep et celle de son équipe de communication n’ont pas été à la hauteur face à ce qui semblait être des révélations des Moustass Leaks et de l’émotion et l’incompréhension qu’elles ont suscitées parmi les Mauriciens.
Le PMSD a quitté l’alliance. Que fera le MP ?
Le MP ne concerne pas que moi et je n’en suis pas le leader. Nous devons nous rencontrer bientôt pour en discuter à tête reposée.
Votre leader a dit qu’il réfléchit à son avenir politique. Avez-vous réfléchi au vôtre ?
Je suis en pleine réflexion. Pour le moment, je prends un repos bien mérité après ces cinq années de travail comme PPS et surtout après la dernière campagne électorale qui fut courte, intense et pleine de rebondissements.
Si vous restez en politique, vous retournerez au no. 18 ?
Si je reste en politique, oui, j’aimerais bien retourner au numéro 18. J’y ai côtoyé les habitants sur une base presque quotidienne. Je suis très attachée aux habitants de la circonscription. Ce n’était pas du travail pour moi mais un plaisir d’être à leurs côtés. z En cas d’élections municipales, serez-vous candidate ? Je suis en réflexion en ce moment sur mon avenir politique. Je vous répondrai quand je terminerai cette phase.
Le Conseil des ministres a été constitué, vendredi. Vous en pensez quoi ?
Je pense qu’il est plus difficile pour une majorité avec 60 élus de choisir les ministres qu’avec une petite majorité. La population a donné un 60-0 au leadership de cette alliance et avec un écart considérable. Je pense qu’ils savent ce qu’ils font. Ils ne doivent pas oublier la confiance que la population a placée en eux.
Les PPS ont été remplacés par des Junior Ministers. Vous avez été PPS. Votre point de vue sur ce changement ?
Une PPS est attachée à la NDU alors qu’une Junior Minister est liée à un ministère en particulier. Je pense que c’est un style de gouvernance différent. Des priorités différentes. Une direction différente.
En tant que PPS, quelle a été la plus grande contrainte à laquelle vous avez dû faire face ?
C’était vers la fin du mandat, c’est-à-dire lors de la dernière année, quand le ministre a décidé qu’il pouvait se permettre d’interférer dans mes priorités à la NDU. Je devais me battre pour répondre aux attentes des habitants. Cela a été très difficile. Je n’oublierai jamais ce qui a été fait pendant la dernière année pour me pousser vers le no 14 et faire place à Xavier Duval et au PMSD.
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