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L’alliance PTr-MMM : quelle dynamique en 2024 ?
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L’alliance PTr-MMM : quelle dynamique en 2024 ?
En attendant la dissolution du Parlement en novembre 2024 ou des élections générales anticipées, tout indique que le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM) sont engagés dans une alliance prête pour affronter le MSM. Il n’existe qu’une infime possibilité que cette alliance se désintègre avant les élections mais on ne sait jamais, des koustik s’étant toujours produits sur la scène politique locale, le dernier en date étant le départ du PMSD d’un arrangement avec les Rouges et les Mauves.
Dans le contexte de 2024, ce sera la troisième alliance entre le Labour et le MMM dans l’histoire du pays. La première alliance conclue en 1995 avait vu le deuxième 60-0 des annales électorales après celui de 1982. L’alliance de 1995 généra une dynamique de mobilisation et d’adhésion dévastatrice pour la cause du phénomène Anerood Jugnauth propulsé à la tête du pays en 1982, 1983, 1987 et 1991. Jugnauth était devenu une légende de son vivant.
Mais il fut terrassé par le tandem Navin Ramgoolam-Paul Bérenger, ne recueillant que 19,8 % des votes et n’enlevant aucun siège. Le PTr et le MMM furent plébiscités par 65,2 % des électeurs. En 1995, le MMM était solidement soutenu par son électorat estimé alors à au moins 45 % de la population. Navin Ramgoolam qui avait insufflé une dynamique nouvelle dans la famille travailliste assura l’apport numérique nécessaire pour construire une solide majorité de 65 %.
En 1995, les statistiques étaient favorables aux meneurs du Labour et du MMM mais quand la seconde alliance fut conclue entre les deux partis en 2014, de grands théoriciens et ‘observateurs’ politiques devaient apprendre que l’addition de 40 % à 40 % ne donnait pas 80 % mais 38 %. On avait en effet estimé le soutien populaire au PTr à 40 % et le même pourcentage en faveur du MMM. La dynamique de cette alliance fut loin d’être unitaire et mobilisatrice. Au contraire, les Travaillistes comme les militants devaient constater que le MSM crédité de 2 % de soutien populaire avait grignoté dans la base de leurs partis pour recueillir 49,83 % des votes. Ce qui permit à un Anerood Jugnauth requinqué d’enlever 47 sièges contre 13 à l’alliance PTr-MMM.
Le désastre de 2014 dans les rangs rouges et mauves fut causé par la désaffection de partisans des deux côtés. Dans l’électorat travailliste, la proposition d’ériger Paul Bérenger en Premier ministre pour un mandat de cinq ans fut très mal accueillie. En effet, pour la grande majorité des électeurs, surtout ruraux, le Premier ministre reste le symbole dominant et incontournable de la nation. Les notions de Présidence et de valeurs républicaines leur sont totalement étrangères.
Donc, la majorité ne fut nullement impressionnée par l’idée d’un Navin Ramgoolam chasseur-de-requin accédant au trône comme un Président fort. Le leader travailliste fut lui-même battu par plus de 3000 votes par le dernier élu du MSM dans le n° 5. Chez les partisans du MMM, les réactions de division et de dissidence furent alimentées par une insidieuse opposition aux Travaillistes nourrie pendant des décennies. Le leadership de Paul Bérenger fut aussi remis en cause. Voilà comment Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan furent les seuls élus du MMM dans ce qui était décrit comme le bastion mauve des deux circonscriptions de Rose-Hill/Stanley et Beau-Bassin/Petite-Rivière.
Dans le contexte de 2024, les récriminations personnelles contre les futurs positionnements des deux leaders semblent être absentes à la base des deux partis. Chez les partisans rouges, Paul Bérenger serait vu comme un allié indispensable pour construire une majorité électorale. En effet, en 2019, des candidats travaillistes ne furent battus que par quelques centaines de votes dans plusieurs circonscriptions. Pour les partisans mauves, un accord avec Navin Ramgoolam rendrait possible un accès au pouvoir après avoir passé des décennies dans l’opposition. Navin Ramgoolam serait vu comme le seul challenger possible pour Pravind Kumar Jugnauth (PKJ).
Dans quelques jours encore, les Mauriciens auront une meilleure idée sur la capacité mobilisatrice de cette troisième alliance des Rouges et des Mauves face à l’agressivité implacable et débordante du MSM. Certainement, les données ont bien changé depuis 2014 et 2019. Le MSM a réussi l’exploit en 2019 d’enlever 42 sièges avec un soutien de 37 %. Avec 32 % des votes toujours en 2019, les Travaillistes n’obtinrent que 17 sièges contre neuf au MMM avec ses 20 % des votes. Donc, les Rouges et les Mauves ont, statistiquement parlant, obtenu une majorité des votes en 2019 pour perdre quand même les élections.
En 2024, sans pouvoir dynamiser l’adhésion unitaire de leur électorat respectif, l’alliance PTr- MMM part avec un sérieux handicap. D’autre part, face à l’agressivité et l’efficacité du MSM dans plusieurs domaines, notamment au niveau des promesses et de la fragmentation de l’électorat, les dirigeants du PTr et du MMM sont condamnés à présenter un programme étoffé annonçant de grandes initiatives pour pouvoir dominer le débat politique et électoral. Forcément, ces dirigeants devraient faire meilleure impression au niveau des candidats.
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