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Mare-Chicose saturé

Lancement d’une expansion verticale : Un mal nécessaire

22 juillet 2024, 21:00

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Lancement d’une expansion verticale : Un mal nécessaire

L’expansion verticale augmentera la durée de vie de Mare-Chicose et évitera la création d’une autre décharge.

Le centre d’enfouissement de déchets de Mare-Chicose est saturé. Le ministère de l’Environnement va de l’avant avec le projet d’expansion verticale pour augmenter la capacité de la décharge. C’est avec du retard, soit en juin, que le ministère de l’Environnement a annoncé l’attribution du contrat pour les travaux et les opérations d’expansion verticale car il a pu avoir le terrain nécessaire à cet effet.

«Les travaux de mise en décharge constituent un domaine spécialisé du génie civil et environnemental qui nécessite la mobilisation d’installations et d’équipements spécialisés pour créer un espace vide, ainsi que les aménagements nécessaires pour permettre les opérations de mise en décharge. Ces équipements comprennent un compacteur de décharge, des bulldozers de grande capacité et des équipements de forage adaptés aux travaux de gaz de décharge, qui ne sont pas facilement disponibles localement. La mobilisation de ces équipements à partir de l’étranger prendrait facilement deux à trois mois», a indiqué Kavy Ramano, ministre de l’Environnement, au Parlement le 25 juin.

En effet, l’expansion verticale a été mise en pratique dans plusieurs pays. À Maurice, «c’est un mal nécessaire. Sinon, que fera-t-on de nos déchets ? Bien que l’expansion verticale soit une solution alternative, cela reste un drame pour la gestion des déchets», avance Sunil Dowarkasing, consultant en environnement. L’expansion verticale est une solution alternative pour éviter la création d’une autre décharge. Quand une décharge a atteint sa capacité maximale comme c’est le cas à Mare-Chicose, l’option de l’extension verticale peut être envisagée. «Une expansion verticale augmentera la durée de vie de Mare-Chicose. Au lieu de créer une nouvelle décharge, ce qui coûterait beaucoup d’argent, nous optons pour une expansion verticale, un système à faible coût.» Un contrat de plus de Rs 3 milliards a été octroyé pour ce projet. «Cela dit, le coût reste énorme.»

Toutefois, cela contribuera à une hausse de la pollution, soutient Sunil Dowarkasing. «L’émission de carbone augmentera. Cela aura un impact sur le réchauffement planétaire. Ensuite, il y a le méthane. Actuellement, il est contenu et converti en énergie renouvelable. Il faudra augmenter la capacité de captage de gaz. De plus, dans la décharge actuelle, il y a des dispositifs pour capter le lixiviat, hautement toxique. Il faut une capacité additionnelle pour le lixiviat supplémentaire. Sinon, nous allons vers une contamination du sol et des eaux souterraines. Ce seront les risques encourus si des mesures ne sont pas prises correctement. Mais il y aura certainement plus de pollution et un risque accru d’incendie.»

Par ailleurs, pour le consultant en environnement Sunil Dowarkasing, la situation à Mare-Chicose démontre «l’échec de la gestion des déchets dans le pays». «Nous étions conscients que la quantité de déchets que nous générons augmente de façon exponentielle. Nous n’avons pas eu la clairvoyance de planifier cette gestion sur le long terme. Maurice étant une petite île insulaire, nous ne pouvons pas nous permettre un deuxième site d’enfouissement. S’il devait y en avoir un deuxième, avec les problèmes rencontrés à Mare-Chicose, aucun habitant n’accepterait une nouvelle décharge. Il ne faut pas oublier les drames autour de Mare-Chicose: la délocalisation des habitants et la pollution dans la région.»

Réduction des déchets à la source

Quid du tri à la source pour réduire la quantité de déchets à travers le recyclage et le compostage ? Selon le ministère de l’Environnement, environ 60 % des déchets produits au niveau des ménages sont de nature organique et sont appropriés pour le compostage. Dans ce contexte, le compostage domestique est actuellement encouragé par le biais d’un projet dont l’objectif principal est la production d’engrais pour les jardins et les ménages, la réduction du nombre de poubelles collectées et la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des véhicules de collecte des déchets.

Mis en place en 2015-2016, les bacs à compost étaient mis en vente, entraînant une faible demande publique, comme l’indiquent les rapports d’audit national de 2017-2018 et de 2018-2019. Le ministère de l’Environnement est donc passé à la distribution gratuite de ces bacs. Depuis, une augmentation considérable de demandes de bacs à compost émanant de différents milieux est notable. Le ministère indique qu’il fait de son mieux pour répondre à ces demandes. De septembre 2019 à juin 2024, 14 252 bacs à compost ont été distribués.

De plus, avec l’aide de l’Agence française de développement, une stratégie et un plan d’action pour les déchets solides, qui se concentrent sur le recyclage et la récupération des ressources à court et à moyen termes, ont été élaborés, tout en exploitant le potentiel énergétique des déchets à long terme. Conformément à cette stratégie, des centres d’équipements civiques, également connus sous le nom de déchèteries, ont été construits dans 65 des trois stations de transfert afin d’encourager le tri des déchets et le recyclage de certains composants secs des déchets tels que le papier, le métal et le plastique, entre autres.

Pour le consultant en environnement Sunil Dowarkasing, plusieurs rapports ont été réalisés, mais quid des actions, se demande-t-il. L’économie circulaire est certes vitale, mais il aurait fallu agir concrètement, et cela, dès le début. L’expertise ne manque pas à Maurice dans ce domaine.


Déchets solides mis en décharge par tête d’habitant en hausse

Selon les dernières données de Statistics Mauritius, la quantité totale de déchets solides mis en décharge à Mare-Chicose était à 494 073 tonnes en 2022. La quantité totale de déchets solides mis en décharge par tête d’habitant a augmenté de 14,4 %, passant de 0,97 kg/jour en 2013 à 1,11 kg/ jour en 2021.