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Laval Soopramanien: «Nou pa pe rod kass dan poss leta me liberte pou aret sa assistana-la»

13 septembre 2024, 21:00

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Laval Soopramanien: «Nou pa pe rod kass dan poss leta me liberte pou aret sa assistana-la»

Laval Soopramanien, président de l’association Les Amis d’Agaléga.

Les trois candidats agaléens aux examens du School Certificate, qui étaient restés à quai, ont pris place à bord du Dornier, hier matin. Dans cet entretien, le président de l’association Les Amis d’Agaléga, qui a enfin été invité aux consultations pour le Master Plan d’Agaléga, met sur la table les recommandations, dont celles du secteur éducatif, pour le développement humain dans l’archipel.

20 ans depuis que l’association Les Amis d’Agaléga crie dans le désert pour la communauté agaléenne et vous avez finalement été convié aux consultations pour le plan directeur pour le développement de l’archipel. Qu’attendez vous de ces pourparlers ?

Durant ces 20 ans que nous avons crié dans le désert, il faut aussi souligner que nous avons réussi à contribuer à l’autonomisation de la communauté, dont des jeunes, sans ressource et soutien des autorités. Malgré qu’Agaléga soit doté de nouvelles piste d’atterrissage et jetée, rien n’a changé dans la vie des Agaléens. Au contraire, les inconvénients restent entiers. Il y a énormément de choses à faire en matière de développement humain et d’infrastructures. Le Master Plan dont il est question est très important, et il faut prendre en compte ce qu’il y a à réaliser à court, moyen et long termes. Les Amis d’Agaléga a déjà envoyé ses recommandations.

En parlant d’inconvénients, vous faites référence aux élèves qui doivent participer aux examens du School Certificat (SC) mais restés à quai ?

Se enn krim kont sa bann zanfan-la. C’est impardon nable ! Des cinq candidats du SC cette année, trois se trouvaient toujours à Agaléga à hier matin. Un premier est venu à Maurice fin août à bord du Mauritius Trochetia, les autres n’ont pas embarqué, soutenant que le syllabus n’était pas complété. Puis, quelques jours après, un deuxième a eu une place avec sa mère à bord du Dornier, qui devait évacuer deux Indiens pour des soins. Je suis en contact permanent avec les parents, et c’est finalement hier matin que les trois autres enfants et deux parents ont eu une place à bord Dornier qui était à Agaléga pour une nouvelle évacuation sanitaire d’Indiens. Pourquoi fallait-il attendre la dernière minute pour décider du sort de ces enfants ? Depuis l’année dernière, Cambridge a fait savoir que ce n’est pas sûr de tenir des examens à Agaléga. Le Resident Manager et Medco ont eu tout ce temps pour s’organiser. Le grand perdant c’est l’enfant agaléen qui doit traverser par tout ce stress avant de venir participer à ces examens cruciaux. L’enfant aurait dû venir deux, trois mois avant les épreuves sans stress additionnel sur ses épaules et être accueilli ici avec tous les honneurs, c’est-à–dire, se retrouver encadré dans un environnement adéquat car il ne faut pas oublier qu’il quitte son île pour une autre où il n’a pas vécu.

Selon votre association, une solution face à l’éducation en souffrance serait de s’associer à un partenaire comme l’Eglise catholique. Quelles sont justement les retombées de votre rencontre avec l’évêque de Port Louis Mgr Jean Michaël Durhône à cet effet ?

Au sein de notre association, nous ne faisons pas que critiquer mais avons aussi des propositions. Mais, c’est triste de dire que rien de positif n’est ressorti de notre rencontre avec l’évêque. Déjà, on lui a demandé une personne compétente pouvant apporter sa pierre à l’édifice pour accompagner la communauté. Une personne comme Jean Maurice Labour avec qui nous avons travaillé dans le passé et que nous saluons encore aujourd’hui. Parmi ses initiatives, il a contribué à mettre fin au contrat archaïque des employés de l’Outer Islands Development Corporation pour qu’ils passent enfin sous le Pay Research Bureau, ou encore au combat pour le droit à la terre, qui se poursuit toujours. Zordi li tris ena dimounn konn zis manze bwar ek pa pe pran so responsabilite.

Même si les candidats du SC sont parvenus à faire le voyage à bord du Dornier, cela reste une solution à court terme à ce genre de doléances devenues récurrentes. Que propose votre association ?

J’ai appris il y a peu, que les parents ont envoyé une correspondance officielle au bureau du Premier ministre et à l’Eglise catholique depuis juin mais qu’il n’y a eu aucune suite. Agaléens pa kapav res dan nwar. Des décisions prises dans la précipitation sont loin d’être des solutions. Pourquoi infliger ce genre de traumatisme à ces enfants ? Ils auraient dû pouvoir participer aux examens dans les mêmes conditions que les autres candidats à Maurice comme à Rodrigues. C’est pour cela que nous proposons une réforme de l’éducation primaire et secondaire dans l’ensemble à Agaléga.

Tout comme l’éducation, vous mettez souvent en avant d’autres réalités urgentes de la communauté comme le chômage criant et le logement. Que proposez-vous concrètement ?

Quand nous touchons à l’éducation, nous touchons aussi au développement humain. Les enfants agaléens qui viennent prendre part aux examens à Maurice, doivent pouvoir servir leur île, après leurs études. Pourtant, actuellement, à Agaléga, il y a une quinzaine de jeunes sans aucune perspective de carrière. L’Agalega Council ne fait rien alors qu’il y aurait dû avoir un Agalega Welfare Fund Board comme c’est le cas pour les Chagos, pour des projets en faveur de la communauté. Agaléga est riche en ressources. On aurait pu développer l’élevage, l’industrie du coco, relancer la pêche. Le Premier ministre a inauguré une Fish Landing Station pour stocker du poisson. Mais, personne n’a de permis de pêche. C’est inadmissible ! La moindre des choses aurait été que le ministère de la Pêche forme des gens et leur remette une carte-pêcheur. Il aurait pu aussi former les jeunes plongeurs pour qu’ils puissent continuer leur activité de manière plus structurée. Pareil pour le coco, pourquoi ne pas réformer cette industrie. Tout est utilisé dans le cocotier et cela aurait pu générer des emplois et rendre les Agaléens autonomes. Nou pa pe rod kass dans pos letat, nou pe rode la liberte doeuvrer. Donn nou sa liberte pour aret sa assistana-la kot bizin fie OIDC pour gagnn travay.

Concernant le logement, on l’a dit à plusieurs reprises. Avec trois ménages et enfants dans une seule maison…Agaléga est au bord d’un crime, d’une bombe sociale. Pourquoi faut-il attendre la NSLD ou autre pour construire des maisons là-bas ? Donnez aux Agaléens leur terrain et titre de propriété pour qu’ils construisent eux-mêmes leur maison et puisse faire l’élevage. Autant de suggestions que nous avons mises sur la table pour le Master Plan et qu’on demande à être prises en considération.

Quid de la santé ? Le nouvel hôpital construit par les Indiens répond-il aux besoins de la communauté ?

Il ne faut induire la population population en erreur. Le nouvel hôpital hi-tech dont nous avons pris connaissance durant l’inauguration, n’est pas destiné aux Agaléens. Li pa pou nou sa. C’est pour les étrangers. Il n’y a qu’à voir les statistiques. Les Agaléens continuent de venir à Maurice pour des soins médicaux. Il y en a deux que Les Amis d’Agaléga héberge dans son centre en ce moment, dont une dame en fin de grossesse. Parfois, la question qui trotte dans la tête, c’est : est-ce qu’on doit adresser nos demandes directement à l’Inde ? Soyons franc, si c’est dans l’intérêt de la communauté, je suis personnellement très ouvert à ça. Nous connaissons le potentiel de l’Inde. Si notre gouvernement, nos députés continuent de faire la sourde oreille, s’il faut se tourner vers l’Inde, pour l’avenir des enfants d’Agaléga, on n’hésitera pas.