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Lawlessness reversed in 2024 or a new Jamaica in the offing?

30 décembre 2023, 09:25

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La grande différence entre Sir Anerood Jugnauth (SAJ) et son fils, c’est la perception construite par l’un et l’autre dans l’opinion publique sur la question de law and order. SAJ était incontestable sur sa détermination de faire respecter l’ordre et la loi alors que sous Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) on assiste à l’installation de l’anarchie à plusieurs niveaux.

Contrairement à son père, PKJ a été appelé à présider aux destinées du pays à un moment où l’on assiste à une dislocation des valeurs et des structures traditionnelles sous l’effet du rôle prépondérant des médias sociaux dans la vie des Mauriciens, des technologies de l’information en général et de la prolifération de drogue. Voyez le comportement actuel des Mauriciens devant s’asseoir ou se tenir debout en attendant d’avoir accès à un service quelconque. Dans le passé, des hommes se comportaient en «galants-colonne» pour complimenter ou importuner les femmes qui passaient devant eux. Aujourd’hui, on ne regarde pas les passants. Les yeux sont intensément rivés sur le téléphone portable.

La drogue a été encore plus dévastatrice que les médias sociaux dans le comportement des Mauriciens. Les moments de tendresse entre grands-parents et petits-enfants se font rares. Des jeunes narguent leurs grands-parents sinon les attaquent physiquement pour se procurer de l’argent destiné à l’achat de la drogue. Les parents, surtout les mères, vivent des moments extrêmement traumatisants avec des enfants happés par des trafiquants de drogue.

La drogue a commencé à détruire non seulement les structures familiales mais elle contribue énormément à aggraver la sécurité publique avec les nombreux cas d’agression par des personnes cherchant de l’argent pour s’acheter de la drogue. Le comportement sur la voie publique des personnes sous l’effet de la drogue pose de sérieux problèmes à la cohésion sociale et à l’ordre public. On a récemment répertorié pas moins de 33 cas de chauffeurs d’autobus conduisant sous l’effet de la drogue. A-t-on pensé à la catastrophe qui pourrait être occasionnée par la maladresse d’un chauffeur intoxiqué avec des dizaines de passagers dans son véhicule ? Et l’impact sur les autres véhicules empruntant la même route que l’autobus ?

On assiste aussi à l’avènement d’une nouvelle culture d’anarchie sur les routes. On respecte de moins en moins le Code de la route. On aime «dompter» les véhicules – motos, autos, camions, bus. Prenons le cas de ce camion devenu fou le mardi 26 décembre à Pailles. Pour commencer, le véhicule ne disposait pas d’un certificat de fitness. Donc, nous avons un propriétaire de camion et un conducteur qui lancent sur l’autoroute un tel engin. Suivant le démembrement de ce camion, on verra qu’une partie du conteneur que transportait le véhicule avait été endommagée. Si cet accident s’était produit dans la matinée quand des milliers de véhicules quittent les Plaines Willems, le Sud et aussi l’Est pour se rendre à Port-Louis, combien de morts aurait-on «ramassés» ? Et si on tuait des touristes fraîchement débarqués se rendant dans des hôtels du Nord ? Suivant tout accident, on vient avec la sempiternelle chanson de «frin ti perse misye». Mais on roule sur la voie rapide quand même ?

Avec plus de 10 000 policiers en service, comment se peut-il qu’un camion sans fitness arrive à rouler sur les routes ? N’y a-t-il pas d’interopérabilité entre les caméras de Safe City ayant coûté Rs 19 milliards, une unité de la police concernée par la gestion des véhicules et une base de données de la National Land Transport Authority (NTLA) qui est dirigée par l’excellent Kaushik Reesaul ? Dans un pays civilisé, en scannant les plaques d’immatriculation et en les croisant avec la base de données, on aurait vite découvert que ce camion n’avait pas de certificat de fitness.

On réalise que tout le climat d’anarchie qui règne est aussi aggravé par l’inefficacité sinon la faillite des institutions publiques. Pas surprenant du tout quand on réalise qu’un tanker est venu s’incruster dans les récifs mauriciens sans que la moindre institution officielle ne réagisse.

Pravind Kumar Jugnauth pourrait toujours prendre les allures de SAJ en adoptant le style avek mwa pena kata kata et en faisant travailler les institutions d’après les normes prévalant dans les pays civilisés. Sur le plan de la drogue, les arrestations et les saisies ne suffisent pas. Inutile de faire parader des policiers en situation de kas-pake. Des mesures draconiennes sont indispensables. Pourquoi ne pas s’inspirer de Singapour qui a été notre modèle pendant des décennies ?

PKJ a de la chance d’avoir une opposition molo-molo contre lui. Sinon, il aurait été rudement malmené tant au chapitre de la drogue que celui du law and order. Les prochaines élections devant se tenir au plus tard mai 2025 pourraient bien offrir à certains leaders politiques l’opportunité de freiner puis stopper la chute certaine et inéluctable de Maurice dans le lawlessness. Sinon l’océan Indien accueillerait une nation hybride combinant les traits du Zimbabwe et de la Jamaïque.