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Jean Claude de l’Estrac, observateur politique I Le conflit israélo-palestinien
Il ne reste que la sagesse
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Jean Claude de l’Estrac, observateur politique I Le conflit israélo-palestinien
Il ne reste que la sagesse
Nous comptons bientôt deux mois depuis l’invasion des troupes israéliennes à Gaza, voyez-vous une issue prochaine à ce conflit ?
Hélas non ! Ce conflit ne date pas du 7 octobre. Il tient sa source en novembre 1947 quand la Palestine, peuplée d’Arabes musulmans, sous occupation britannique, est démembrée suite à une résolution des Nations unies, prônant l’existence de deux peuples, Israéliens et Palestiniens, devant vivre côte à côte sur les mêmes terres. Il s’est exacerbé depuis l’installation de l’État juif en Palestine en 1948, installation colorée de thèse mythique et religieuse autour de l’idée d’une Terre Promise.
La proposition de deux États n’est-elle pas raisonnable ?
Dans le principe certainement, et aujourd’hui encore. Mais, dans les faits, les extrémistes dans les deux camps ont tout fait pour saboter cette solution pacifique. Les ultra-nationalistes juifs et les fanatiques palestiniens partagent au fait le même objectif. Chacun vise l’élimination pure et simple de l’autre. Les pays arabes ont toujours contesté ce partage onusien arguant que la population locale arabe n’a jamais été consultée sur l’établissement d’un foyer juif en Palestine.
L’élimination de l’un ou l’autre peuple est-elle envisageable ?
Bien sûr que non. Mais ces objectifs nationalistes alimentent depuis les guerres, les occupations territoriales, les oppressions, les soulèvements, les attentats, les assassinats politiques, les attaques et les représailles qui font tant souffrir les habitants des deux camps. C’est une guerre de 100 ans.
Mais pourquoi le monde est-il impuissant à régler ce conflit ?
Parce qu’il y a une sorte de d’alliance maléfique entre les belligérants pour entretenir le conflit. Chacun sait qu’Israël porte une lourde responsabilité dans la montée du Hamas. La droite israélienne à sciemment facilité la montée du Hamas dans la bande de Gaza dans le but de marginaliser l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abass, favorable au principe de deux États. Politiquement, Israël s’est accommodé fort bien de ce Hamas qui affirme vouloir la destruction de l’État juif. Il donne à Netanyahu et à ses alliés la justification de leur politique de répression et d’occupation des territoires voisins palestiniens, pour assurer, disent-ils, leur sécurité. En contrepartie, la violence et l’inhumanité de l’occupation israélienne sont le terreau de l’influence résistante du Hamas chez les Palestiniens.
Qu’est-ce qui explique cette soudaine attaque du Hamas en territoire israélien ?
Je ne saurais le dire. Mais de toutes les analyses des géostratèges de la région que j’ai pu lire, il y en a une qui me paraît très plausible. C’est celle qui postule que le Hamas s’est sans doute inquiété du réchauffement des relations d’Israël avec des pays arabes qui soutiennent traditionnellement la cause palestinienne. En massacrant des Israéliens, Hamas pousse Netanyahu à contre-attaquer en massacrant à son tour des Palestiniens. Ce qui a poussé des dirigeants arabes à mettre fin au dialogue avec Tel Aviv, du moins pour le moment.
Est-ce que c’en est fini du projet de deux États voisins ?
Non, à la longue, cette solution de bon sens finira bien par s’imposer, les faucons d’Israël ne pourront pas anéantir tous les Palestiniens, le Hamas ne pourra pas détruire l’État d’Israël. C’est le diplomate et écrivain Abba Eban qui disait : «L’histoire nous enseigne que les hommes et les États ne se comportent avec sagesse que lorsqu’ils ont épuisé toute autre alternative.» Peut-être que nous en sommes là.
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