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Le maître et le serviteur

16 septembre 2024, 09:15

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Ceci est un rappel utile.

Il est temps que nous, électeurs, comprenions pleinement le poids de notre voix et la responsabilité qui incombe à ceux qui se targuent d’en être les dépositaires. À Maurice, un Premier ministre peut révoquer un ministre, mais qu’en est-il de cet élu qui, ayant perdu l’estime de ses mandants, ou qui est invisible sur le terrain, continue à siéger dans l’indifférence des besoins et des attentes de ses électeurs ? Sommes-nous destinés à subir cette injustice silencieuse ? Ne pouvons-nous pas, nous aussi, exiger que ceux qui nous représentent soient redevables, non pas seulement à leur parti, mais surtout à nous, le peuple ?

Dans d’autres contrées, plus éclairées en matière de démocratie participative, comme dans pas moins de 19 États aux States, le citoyen est armé de son droit de destituer tout élu qui trahit ce contrat moral, ce lien sacré entre l’électeur et l’élu. Si ce modèle de démocratie directe fait écho au principe fondamental que le pouvoir appartient au peuple, pourquoi ne serait-il pas adapté à notre île ? Pourquoi, nous, Mauriciens, ne pourrions-nous pas aussi demander des comptes, sur une base régulière, à nos élus?

Le rappel – ou la destitution populaire – n’est pas un acte de rébellion contre le système, mais une manifestation de la démocratie dans sa forme la plus pure. Il permet au citoyen de reprendre le contrôle quand la confiance est rompue, quand les promesses électorales s’évanouissent dans le vent et que l’élu tourne le dos à ses engagements. Le rappel n’est pas une arme de destruction politique, mais une balise, une protection contre l’abus de pouvoir, contre la complaisance et l’arrogance.

Si la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, alors il est impératif de donner à ce peuple les moyens d’exercer pleinement ce pouvoir, y compris celui de corriger ses erreurs. Un élu n’est pas le maître de ceux qui l’ont élu, il en est le serviteur. Et quand ce serviteur s’éloigne de sa mission, il est du devoir des citoyens de le rappeler à l’ordre ou, si besoin est, de le démettre.

Les législatures à travers le monde réforment continuellement leurs lois pour permettre aux citoyens de mieux contrôler le destin de leur nation. Pourquoi devrions nous rester en marge de ce progrès ? À l’ère où la transparence et la responsabilité sont sur toutes les lèvres, il est plus que temps que notre démocratie mauricienne se dote d’un tel mécanisme de rappel. Pour que ceux qui nous gouvernent n’oublient jamais que leur mandat leur vient de nous, et que nous avons le droit, et le pouvoir, de le ou la ou les retirer lorsque la confiance est brisée...