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Critères pour l’enregistrement des médecins

Le ministère de la Santé veut baisser le nombre de points requis

23 mai 2024, 17:15

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Le ministère de la Santé veut baisser le nombre de points requis

Cette démarche suscite des réactions mitigées au sein de la communauté médicale, certains craignant que des critères moins stricts ne compromettent la qualité de soins et la compétence des praticiens. Selon nos informations, cette initiative ne serait pas une démarche innocente mais aurait été intentionnellement conçue pour favoriser l’enregistrement d’un candidat spécifique. Il s’agirait du fils d’un haut cadre du secteur de la santé, un proche de Lakwizinn.

Chaque année, le Medical Council revoit ses règlements pour répondre aux besoins du système de santé dans l’intérêt des médecins mais aussi des patients. Le ministère de la Santé est celui qui propose les amendements aux lois alors que le Medical Council est simplement le régulateur et n’est pas celui qui décide de ces changements. Selon la section 22 de la Medical Council Act, pour être enregistré en tant que médecin généraliste, un candidat doit avoir obtenu un minimum de 21 points en réussissant dans trois matières au niveau Advanced (‘A’) ou l’équivalent lors des examens du Higher School Certificate (HSC).

Alors que certains pays comme la France, l’Australie et le Canada imposent des conditions plus strictes pour l’enregistrement des médecins, la proposition du ministère de la Santé d’abaisser le seuil des 21 points fait craindre que des candidats moins qualifiés puissent être recrutés, compromettant la qualité des soins médicaux. En modifiant les critères d’enregistrement, le ministère de la Santé pourrait ainsi offrir une opportunité à ce candidat de devenir médecin malgré des résultats insuffisants au HSC. Si cette modification est approuvée et appliquée, indique-t-on, cela pourrait être perçu comme une injustice envers les candidats qui ont travaillé dur pour obtenir les qualifications nécessaires à leur enregistrement.

Cette proposition doit encore être examinée et votée par le Medical Board. À noter que les 21 points ne sont pas les seuls critères pour l’enregistrement des médecins car ils doivent, entre autres, avoir également réussi le Medical Registration Examination, un examen rigoureux. L’année dernière, seuls 21 % des candidats avaient réussi à ces examens. Cependant, la réduction du seuil des 21 points pourrait compromettre la base même des qualifications médicales, ce qui suscite des préoccupations quant à l’impact sur la profession médicale dans son ensemble.

«Late achievers»

Au niveau du ministère de la Santé, on tente de défendre cette proposition visant à modifier les critères d’enregistrement des médecins en mettant en avant l’argument selon lequel cela offrirait une opportunité aux personnes qui développent leurs compétences tardivement. «Il est important de ne pas juger ces individus sur un critère strict de points car tout le monde ne progresse pas au même rythme dans son parcours professionnel et académique. Cette approche vise à permettre à ceux qui évoluent dans leur carrière médicale plus tardivement de réaliser leur aspiration à devenir médecin, en prenant en compte leur expérience et leurs compétences acquises au fil du temps. Rien n’est encore finalisé et une proposition pour revoir la loi est faite dans l’intérêt tant des médecins que des patients dans leur ensemble», indique-t-on.

Santé privée

Par ailleurs, la situation actuelle, avec le nombre de cliniques privées qui ont vu le jour en moins de deux ans, soulève de nombreuses questions quant à l’impact sur les compétences médicales locales et la viabilité du système de santé publique. Au cours des deux dernières années, le pays a vu une expansion rapide du nombre de cliniques et d’hôpitaux privés, avec au moins 11 projets concrétisés ou en cours de réalisation depuis le début de 2023. Ces établissements privés ont tendance à recruter de plus en plus de médecins étrangers alors que de nombreux médecins mauriciens choisissent de quitter le pays pour exercer à l’étranger.

Cette tendance soulève des interrogations sur l’équilibre entre les professionnels de santé nationaux et internationaux, ainsi que sur la compétitivité des médecins locaux dans leur propre pays. Le recrutement accru de médecins étrangers par les cliniques privées pourrait compromettre l’avenir des hôpitaux publics et du système de santé publique. Si cette tendance se poursuit, avec un nombre croissant de cliniques privées, nombreux entre les mains de proches du gouvernement, attirant les meilleurs talents étrangers au détriment des hôpitaux publics, cela pourrait avoir des répercussions sur l’accessibilité et la qualité des soins pour la population.