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Cyclone Belal
Le ministre du Changement climatique disparaît des radars…
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Cyclone Belal
Le ministre du Changement climatique disparaît des radars…
Les images du Caudan, sur lequel s’est abattu un tsunami d’ordures, en disent long sur l’incivisme et la gestion des déchets
Il aime prononcer des discours sur l’environnement en arrondissant la bouche, ironisent ses détracteurs. Mais quand il s’agit de passer à l’acte, c’est une tout autre histoire, déplorent-ils encore. Récemment, on a découvert qu’il passe beaucoup de son temps à boycotter sa colistière Tania Diolle… Mais entre tout ça, que fait-il ? Pourquoi le voit-on aussi peu, surtout quand «karay so», comme la planète qui est en surchauffe ?
Si le ministre Anwar Husnoo est descendu sur le terrain, qu’il a parlé à certains médias et qu’il a même, à sa décharge, accepté sa part de responsabilité – mais sans démissionner – dans la catastrophe causée par le cyclone Belal, le ministre de l’Environnement Kavydass Ramano, lui, a disparu des radars. Cela, alors qu’il est aussi le ministre du Changement climatique sur le dos duquel le gouvernement a mis le cataclysme.
On n’a qu’à voir l’état du cimetière de St.- Jean qui se trouve d’ailleurs dans la circonscription du ministre de l’Environnement pour se faire une idée de sa lenteur ou carrément de son inaction. Le mur du cimetière, emporté le 8 novembre, n’a pas encore été reconstruit. Pourtant, selon nos informations, Tania Diolle avait, dès le lendemain de l’effondrement du mur, pu obtenir les services gratuits d’un constructeur pour en ériger un nouveau. Or, le lundi 13 novembre, Kavy Ramano s’est rendu au diocèse de Port-Louis en compagnie du maire de QuatreBornes, Dooshiant Ramluckhun, pour participer à une réunion à ce propos. Tania Diolle n’était pas invitée... À l’issue de la rencontre, il a été décidé de construire non seulement un mur en béton armé mais aussi un ‘floodgate’, une sorte de barrage qui peut être ouvert et fermé probablement électriquement. Ça, c’était à l’officiel. Mais dans arrièrescène, c’est différent. La construction du mur (et du ‘floodgate’) sera allouée par la municipalité de Quatre-Bornes (MQB) et non par la National Development Unit. Et donc pas à travers Tania Diolle. Qui plus est, le constructeur qui sera choisi sera rémunéré !
Pas de services gratuits
Et c’est ainsi que la MQB lancera un appel d’offres restreint vers cinq entreprises le 17 novembre. Mais aucune d’entre elles ne s’est montrée intéressée. Nouvel appel d’offres le 24 novembre et toujours rien au 4 décembre.
Le 18 décembre, nouvelle rencontre de Ramano, accompagné de Ramluckhun, avec le diocèse. Tania Diolle est encore une fois exclue. On apprendra à l’issue de la réunion que le contrat a enfin été alloué par le ministère des Infrastructures publiques, sans que l’on sache à qui. La MQB a donc été mise à l’écart car elle ne pouvait manifestement pas se charger de l’allocation d’un contrat pour la construction d’un mur de 81 mètres. Cependant, le projet du coûteux ‘floodgate’ a disparu du programme.
En attendant, la MQB a fait du colmatage grâce à «l’extraordinaire générosité» de Gamma-Civic qui a en fait jeté quelques tonnes de macadam et des prélarts pour agir comme barrage ou batardeau. Ce ‘batardeau’ sera enlevé le 15 janvier lors d’une descente de Ramano sur les lieux. Ce qui causera de nouveaux dégâts dans le cimetière et démolira le mur se trouvant de l’autre côté du cimetière. Pour rappel, Tania Diolle avait prévenu de ce risque dès novembre.
On avait entendu parler de l’hostilité de Ramano envers sa colistière Tania Diolle mais on ne savait pas que c’était à ce point. Qu’est-ce qui a poussé le ministre de l’Environnement à exclure cette dernière dans l’affaire du cimetière avec pour résultat que la situation a empiré ? Était-il inquiet que Diolle ne récolte trop de remerciements des Quatrebornais ? Possible. Mais il semble bien qu’une motivation supplémentaire soit entrée en jeu. Pourquoi avoir exclu un constructeur gratuit ? Selon un conseiller municipal «c’est pour permettre aux copains de faire du business et recueillir éventuellement des ‘cadeaux’».
Le dimanche 14 janvier, soit en pleine alerte I, on pouvait voir Kavy Ramano devant le cimetière sans mur mais la caméra ne montre pas le lieu dévasté. À un certain moment, malgré la grosse pluie, on verra Ramano ôter son capuchon pour bien se faire voir avant de faire un discours difficile à entendre vu le bruit du clapotis de la pluie. Lors de cette mise en scène, Ramano ne savait pas que le lendemain, la situation allait s’aggraver; les morts du cimetière ne dormiraient une fois de plus pas en paix – tout comme les vivants qui habitent à côté – lorsque le mur de l’autre côté du cimetière cédera et que les torrents d’eau envahiront les maisons. Une ‘démarche’ de la part du ministre qui se voulait rassurant et positif pour lui politiquement s’est, en l’espace de moins de 24 heures, terminé en eau de boudin. À part cela, on ne l’aura pas vu ou entendu depuis le lundi 15 janvier et très peu avant, mis à part quelques vagues apparitions lors de nettoyages de plages ou pour des «causeries».
Des saletés à gogo Dame Nature aime semble-t-il de temps en temps ‘faire le ménage’. Les torrents d’eau charrient avec eux des ordures et débris en tous genres y compris les matières en plastique et les entassent parfois dans des lieux où ils rencontrent un obstacle. Ce sont ces obstacles qui provoquent quelquefois des inondations et des accumulations d’eau. C’est d’ailleurs pour cela et on ne vous apprend rien, que la population est constamment priée de ne pas se débarrasser de leurs détritus dans les caniveaux et même ailleurs car avec les grosses pluies, ces déchets sont emportés vers les canaux et autres drains. Et de là, ils dévalent vers les rivières qui les transportent vers nos lagons. Durant ce parcours, les déchets solides sont donc quelquefois bloqués sur terre et l’on peut les voir accumulés ici et là. Ce serait l’occasion alors pour toute autorité qui se respecte de les ramasser soit manuellement soit mécaniquement car plus facile à faire, alors que les collecter quand ils sont éparpillés est plus ardu.
Et pour les déchets qui finissent leur course dans nos lagons, ils flottent en s’éparpillant et se désagrégeant avec le temps, les poissons absorbant les nanoparticules qui finissent dans l’estomac de l’homme qui les consomme. Même les sacs en plastique sont parfois avalés par des poissons, ces derniers les méprenant pour des méduses. Mais la plupart de ces objets flottants ou immergés sont retournés sur nos plages et autres fronts de mers lors d’un cyclone quand la mer est démontée. On n’a qu’à voir les photos du port et du Caudan pour avoir une idée de la quantité de ces déchets que nous rejetons et que nous renvoie l’océan de temps en temps.
Qu’attend donc le ministre de l’Environnement pour les faire ramasser avant qu’ils ne repartent vers le large ? Xavier-Luc Duval a fait référence jeudi aux possibilités d’utiliser des bateaux spéciaux pour nettoyer le port. Et pour les déchets amassés sur terre, pourquoi le ministre de l’Environnement n’organise-t-il pas des ramassages en masse ? Pourquoi attendre que ces ordures surtout plastiques et métalliques soient à nouveau dispersées et polluent notre environnement ? Et si nos services de voierie ne suffisent pas, pourquoi ne pas accorder des contrats au privé pour ce faire ? *«On alloue bien parfois des contrats par millions sans passer par des appels d’offres, non ?» fait remarquer une écologiste. Et pourquoi Kavy Ramano ne lance-t-il pas un appel à la population pour aider au nettoyage car les services publics et privés ne suffiront pas ? Cela diminuera-t-il le travail à donner aux ‘contracteurs’ ? Encore faudrait-il qu’il se fasse moins ‘rare’…
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