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Le pouvoir du vote

7 octobre 2024, 10:00

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Les élections sont vraiment derrière la porte ; et le pays retient son souffle, comme à l’aube d’un moment décisif. Le droit de vote, cet acte en apparence simple, est en réalité la clef de voûte de toute démocratie. Il symbolise non seulement l’égalité entre les citoyens, mais aussi la responsabilité de chaque individu dans la construction de l’avenir collectif.

Le vote est un moment de choix, un moment où chaque citoyen doit peser, au-delà des discours et des promesses, l’avenir qu’il souhaite pour lui-même, sa famille, et la nation toute entière. Car le vote, dans son essence, est un acte d’espoir : celui de croire que son geste, parmi des milliers d’autres, peut influer sur la destinée d’un peuple. Mais encore faut-il que cette foi dans l’acte électoral ne soit pas entamée.

Les élections à Maurice sont, depuis toujours, un spectacle en soi. D’où l’importance de la participation citoyenne malgré le théâtre politique qui s’installe souvent en amont des scrutins et des alliances électorales incontournables. Le droit de vote reste fondamental, mais il est tout aussi essentiel de ne pas être dupe des jeux de coulisses qui se déroulent pendant cette période.

La course est lancée. Nous sommes désormais tous au même point de départ. Les dates du dépôt des candidatures, du vote et du dépouillement sont connues. Seul inconnu : le bloc qui remportera les prochaines législatives. Les deux camps rivalisent d’optimisme. Chacun, à grand renfort de sourires forcés et de poignées de main, affiche une unité qui, en coulisses, ne tient parfois qu’à un fil.

Alliances de circonstance ? Pactes temporaires entre acteurs politiques qui, à défaut de sincérité, maîtrisent l’art de la mise en scène ? Les leaders politiques jouent leur rôle avec brio. Ils connaissent leur texte par coeur, et même leurs collaborateurs les plus proches peinent à discerner les véritables intentions derrière les sourires de façade. Dans les coulisses, c’est une autre histoire. Les marchandages vont bon train, et les transferts d’allégeance se font à coups d’intermédiaires bien rodés, dans une danse que seul le temps électoral peut dicter.

Il est un paradoxe frappant dans cette frénésie électorale : alors que tout semble si bien orchestré, la liste des candidats est finalisée à la dernière minute, souvent pour éviter les frustrations et désordres internes. Pendant ce temps, dans la rue, les Mauriciens s’interrogent. Comment l’électorat réagira-t-il face aux promesses et aux alliances sans cesse mouvantes ? Qui, parmi ces acteurs, émergera comme le «kingmaker» ? Mais, surtout, qui finira relégué aux oubliettes de l’histoire, après avoir tant promis, mais si peu tenu ? À qui profitera l’accord politique entre Port-Louis et Londres par rapport aux Chagos ?

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Le mot «acteur» a un poids particulier dans la littérature politique. L’acteur politique est un personnage soumis à des contraintes, mais qui, malgré tout, dispose d’une marge d’improvisation, de jeu. À l’instar des acteurs de théâtre ou de cinéma, les politiciens doivent suivre un script, respecter une situation. Mais ils savent aussi, selon les circonstances, ajuster leur discours, improviser pour séduire l’électorat, quitte à en faire trop.

Le parallèle entre l’acteur politique et le comédien est troublant. Sur scène, comme à l’écran, il y a un texte à suivre, mais également une capacité d’invention. Et, comme Alain Delon le dit si bien : «Pour les acteurs et les chefs d’État, il n’y a pas d’âge pour la retraite.» Beaucoup refusent de quitter les feux de la rampe, trop attachés à ce pouvoir qui leur glisse pourtant entre les doigts.

Dans cet exercice électoral qui s’annonce, chaque Mauricien doit prendre la mesure de son pouvoir individuel, bien au-delà des apparences. Si les alliances se font et se défont, si les promesses électorales se multiplient, c’est dans l’urne que le véritable jugement se fait. Le droit de vote est l’outil qui permet de dépasser ce théâtre politique pour affirmer, au nom de tous, une volonté collective de changement ou de continuité. C’est là que réside la force véritable de la démocratie : permettre à chacun de choisir l’acteur qu’il souhaite voir sur la grande scène nationale.

Le vote, malgré toutes les imperfections du système, reste l’arme la plus puissante du citoyen. À condition de l’utiliser avec discernement.